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Par demhaitam le 18 Octobre 2006 à 18:59
Condoleezza Rice échappe à des
accusations sur le 11-Septembre
La fixation du Washington officiel et des grands médias sur les courriels du congressiste Mark Foley, un républicain de Floride, et sur la tentative des dirigeants républicains de la Chambre des représentants détouffer le fait quil harcelait de jeunes pages masculins a été utilisée pour détourner lattention du public sur des tentatives détouffer dautres crimes beaucoup plus sérieux.
Laffaire Foley a jeté la lumière sur la corruption et lhypocrisie officielle qui caractérise lestablishment politique dans son ensemble aux Etats-Unis. Le spectacle dun parti qui a fait des « valeurs familiales » son cri de bataille et qui cherche à utiliser lhomophobie et larriération religieuse à des fins politiques et qui se fait prendre dans un tel scandale a sans lombre dun doute un attrait populaire.
Pour les démocrates, cette affaire offre un bâton politique bien pratique et qui ne force pas le deuxième parti du monde des affaires américain à avancer une seule politique qui diffère en substance de celles mises de lavant par les républicains sur les questions de politique étrangère ou intérieure.
Mais le temps et les ressources sans même mentionner lintérêt lubrique que les médias ont consacré à exposer les courriels et les messages ne se comparent pas au quasi-silence sur les révélations rapportées pour la première fois le 28 septembre, le jour même où les courriels de Foley ont été rendu publics sur ABC News dans le dernier livre de Bob Woodward, State of Denial [Etat de déni].
La révélation la plus accablante est celle que lancien directeur de la CIA George Tenet et que lancien responsable du contre-terrorisme de la CIA J. Cofer Black ont cherché à obtenir et ont obtenu une rencontre durgence avec Condoleezza Rice le 10 juillet 2001 pour discuter de la menace imminente dun attentat terroriste majeur par al-Qaïda sur des cibles américaines. Ils ont été « écartés » par celle qui était alors la conseillère à la sécurité nationale.
Dans le passage qui nous intéresse, Woodward a écrit :
« Le 10 juillet 2001, deux mois avant les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, celui qui était alors directeur de la CIA, George J. Tenet, a rencontré son chef du contre-terrorisme, J. Cofer Black, au quartier général de la CIA pour passer en revue les dernières informations sur Oussama ben Laden et al-Qaïda, son organisation terroriste. Black a exposé le cas, en se basant sur des communications interceptées et dautres renseignements ultra-secrets, qual-Qaïda attaquerait bientôt les Etats-Unis. Une masse de fragments et de points létablissait si solidement que Tenet a décidé que Black et lui devaient se rendre immédiatement à la Maison-Blanche.
« Tenet a appelé Condoleezza Rice, qui était alors conseillère en sécurité nationale, de sa voiture et a dit quil devait la voir immédiatement Black et lui espéraient pouvoir lui communiquer la profondeur de leur crainte et que Rice mettrait immédiatement le gouvernement en action sur cette affaire »
Woodward a écrit que Tenet espérait « secouer Rice » et que Black « insistait que cela consistait en un avertissement stratégique, ce qui signifie que le problème était si grave quil exigeait un plan et une stratégie densemble Ils devaient agir dès cet instant de façon secrète, militaire, ou peu importe pour stopper ben Laden... »
Woodward continue : « Tenet et Black ont senti quils navaient pas réussi à convaincre Rice. Elle est demeurée polie, mais ils nont pas senti quelle avait réagi. Le président Bush avait dit quil ne voulait pas soccuper des mouches »
Les implications accablantes de la conversation rapportée sont évidentes en soi. La principale conseillère du président Bush sur les questions de sécurité nationale a eu un avertissement explicite deux mois seulement avant que des avions de ligne détournés soient lancés sur le World Trade Center et le Pentagone, tuant près de 3000 personnes, et rien ne fut fait.
Black est cité dans le livre pour avoir dit « La seule chose que nous navons pas faite fut dappuyer sur la gâchette du revolver que nous venions de lui mettre sur la tête. »
Dans un reportage subséquent, le McClatchy Newspaper a cité un responsable qui a aidé à la préparation du briefing comme un « 10 sur une échelle de 1 à 10 » quant au sérieux de son avertissement sur limminence dune attaque.
La révélation de cette rencontre suit une exposition similaire qui a eu lieu lors des audiences de la Commission sur le 11-Septembre tenues il y a deux ans. Le 6 août 2001, Bush a reçu une note présidentielle quotidienne de la CIA titrée « Ben Laden est déterminé à attaquer les Etats-Unis ». Comme pour la réunion du 10 juillet, la note na suscité aucune action de ladministration et Bush est resté en vacances pour les trois semaines suivantes sur son ranch au Texas.
Ladministration Bush a sans cesse invoqué les événements du 11-Septembre pour justifier toutes ses politiques des guerres dagression à létranger jusquà la destruction des droits constitutionnels et démocratiques fondamentaux à lintérieur. Les révélations portant sur la rencontre du 10 juillet ajoutent un autre élément à la preuve grandissante démontrant que ladministration a été, au mieux, criminellement négligente en ne prenant daction pour prévenir les attentats qui avaient été largement prédits, au pire, directement complices pour les laisser se produire.
Plus de cinq ans après les attentats, une chose est certaine : personne dans le gouvernement américain na été reconnu coupable de la moindre faute. Même si lon devait considérer la version officielle des événements du 11-Septembre comme exacte, la conclusion inévitable est que cela a représenté le plus grand échec des services américains du renseignement et de la sécurité nationale de lhistoire du pays. Malgré cela, pas un seul responsable de la Maison-Blanche, de la CIA, du Pentagone ou de toute autre agence na même subi de rétrogradation.
Le livre de Woodward suggère que les tensions sur la responsabilité du 11-Septembre continuent à générer dimmenses tensions intestines au sein du Washington officiel et que Tenet est déterminé à ne pas être le bouc émissaire des politiques de ladministration Bush. Dans son récent livre, intitulé The One Percent Doctrine [La doctrine du un pour cent], Ron Suskind cite Tenet disant quil souhaiterait « pouvoir rendre cette satanée médaille », faisant référence à la médaille de la Liberté que Bush lui a octroyée lorsquil a démissionné de ses fonctions à la CIA en 2004.
La réaction de ladministration au livre de Woodward est tout aussi accablante que le livre lui-même. La Maison-Blanche a cherché à discréditer lauteur, une tâche difficile étant donné que ladministration Bush avait auparavant fait du journaliste vétéran du Washington Post un quasi-courtisan, lui donnant un accès sans précédent pour lécriture de ses précédents et volumineux livres très louangeurs sur Bush : Plan of Attack et Bush at War [Le plan dattaque et Bush en guerre].
Dans un geste qui exprimait son inquiétude, ladministration a émis une réponse détaillée à lendroit du rapport de Woodward, mise en ligne bien en évidence sur le site Internet de la Maison-Blanche. Lidée centrale de cette tentative de réfutation était daffirmer que lon navait pas camouflé lexistence de la réunion du 10 juillet, et que Rice avait réagi sérieusement aux assertions de Woodward.
Toutefois, après la publication dextraits du livre de Woodward, Rice a dabord feint tout ignorer de la conversation avec Tenet et Cofer, parlant dune « supposée réunion » et ajoutant quil était « incompréhensible » quelle ait ignoré de tels avertissements. Peu de temps après, le département dEtat a été forcé dadmettre quune étude des enregistrements officiels avait révélé que la rencontre avait bel et bien eu lieu.
Comme solution de réserve, le porte-parole de Rice au département dEtat, Sean McCormack, a déclaré : « Linformation présentée lors de cette réunion nétait pas nouvelle. Cétait plutôt un bon résumé des rapports de sécurité des précédentes semaines. »
Cette excuse est presque précisément la même que celle qui avait été donnée en réaction aux révélations concernant le briefing présidentiel du 6 août, sur lequel Rice avait insisté quil ne contenait rien de nouveau et qui était de nature « historique. » Ce nest quaprès que ladministration eut été obligée de rendre le document public quil devint clair que celui-ci contenait un avertissement clair et sévère qual-Qaïda préparait activement une attaque aux Etats-Unis, précisant que New York et Washington DC constituaient des cibles potentielles.
Avant que le titre de ce document ne soit rendu public, Rice avait insisté comme elle le prétend maintenant à propos de la réunion du 10 juillet que le briefing présidentiel ne contenait aucun avertissement dattaques sur le territoire des Etats-Unis. Elle mentait à ce moment et il est clair quelle ment encore aujourdhui.
McCormack a continué de maintenir que son chef ne pouvait spécifiquement se rappeler de la réunion du 10 juillet au cours de laquelle on lui dit quune attaque terroriste massive sur les Etats-Unis était imminente.
Rice na pas été la seule à souffrir damnésie sélective. Venant à laide dune administration assiégée, lancien ministre de la Justice, John Ashcroft, a émis une déclaration qui visait clairement à discréditer Tenet. « Je me rends compte à quel point il est décevant quils ne maient pas fait part de ce genre dinformations », a-t-il déclaré le 2 octobre à Associated Press. « Le FBI est responsable du terrorisme intérieur. »
Mais aussitôt que Ashcroft a fait cette déclaration, le département dEtat a révélé que lex-ministre de la Justice avait en effet reçu le même compte-rendu de la CIA, moins dune semaine après la réunion avec Rice. Une fois de plus, rien ne fut fait. En fait, une chose fut faite : Ashcroft cessa de voyager sur des vols commerciaux.
Les révélations de Woodward ont provoqué des protestations et des remarques de divers membres de la Commission sur le 11-Septembre. Philip Zelikow, directeur exécutif de la commission, a déclaré à la presse quaucun témoin ayant comparu devant la commission navait fait mention dune telle réunion, incluant Tenet et Black, qui tous deux avaient fait des déclarations privées et publiques.
« Si nous avions entendu quelque chose qui aurait attiré notre attention sur cette réunion, cela aurait eu dénormes répercussions », a-t-il déclaré au New York Times. « A plusieurs reprises, Tenet et Black ont affirmé ne pas pouvoir se rappeler ce qui sétait dit durant certaines de ces réunions. »
Le commissaire démocrate Richard Ben-Veniste, un ancien procureur de laffaire du Watergate, a déclaré de la même façon au Times que « nous navons jamais été informés » de la réunion. » Il a ajouté : « Voilà certainement quelque chose que nous aurions aimé savoir. »
Subséquemment par contre, le Washington Post et dautres sources ont révélé que Zelikow et Ben-Venist ont été informé de la rencontre durant un témoignage secret donné au quartier général de la CIA par Tenet, qui leur a donné un compte rendu détaillé des informations quil avait transmises à Rice. Clairement, Tenet voulait que ses avertissements fassent partie du dossier.
Zelikow, un loyaliste de ladministration et un collègue universitaire de Rice, a, depuis, été nommé à un poste de haut niveau au département dEtat. Le rapport de la commission sur le 11-Septembre ne fait aucune référence à la rencontre du 10 juillet.
Le McClatchy Newspapers a cité Ben-Veniste à leffet quil reconnaissait que Tenet lui avait donné ainsi quà Zelikow, linformation sur le briefing avec Rice lors dun témoignage secret, mais que Zelikow allait devoir répondre à savoir pourquoi cela navait pas été mentionné dans le rapport de la commission. Zelikow na pas répondu aux questions sur ce sujet.
Plusieurs des commissaires semblaient sincèrement surpris et en colère que cette rencontre avait été cachée, indiquant quils navaient pas été informés du témoignage secret de Tenet.
« Rien de tout ça na été partagé avec nous durant les heures dentrevue privées, incluant des entrevues sous serment, nous navons pas de documents non plus là-dessus, » a dit Timothy J. Roemer, un membre démocrate de la commission et ancien membre de la chambre des représentants de lIndiana. « Je suis profondément perturbé par tout ceci. Je suis furieux. »
Ces dernières révélations ne laissent pas un iota de crédibilité à laffirmation répétée de ladministration Bush que les attentats du 11 septembre ne pouvaient pas avoir été anticipées. Ce qui émerge, cest que non seulement étaient-elles prévisibles, mais des avertissements spécifiques ont été délibérément rejetés par la Maison-Blanche. De plus, lexistence très précisément de ces avertissements a été cachée par une opération de camouflage élaborée qui atteint son point culminant par la commission sur le 11-Septembre.
Lobsession de la Maison Blanche sur laffaire Foley dans le contexte de ces révélations constitue une poursuite de cette opération de camouflage. Lanalyse syntaxique détaillée des déclarations de dirigeants républicains sur ce quils savaient à propos du comportement sexuel de Foley est complètement à lopposé de lindifférence des médias et des politiciens des deux partis face aux déclarations contradictoires, évasives et carrément mensongères relativement à un crime qui a causé la plus grande perte en vie humaine sur le sol américain depuis la Guerre civile.
Un crime, au surplus, qui a servi de prétexte pour une éruption globale du militarisme américain qui a tué et estropié des centaines de milliers dIrakiens et dAfghans.
La preuve pointe inexorablement vers une conclusion : les attentats du 11 septembre ont été facilités par de puissants éléments au sein du gouvernement lui-même, qui ont organisé un « désengagement » de lappareil des services américains du renseignement et de sécurité. Quune attaque terroriste était sur le point dêtre perpétrée était connu et accueilli par ceux qui cherchaient un casus belli pour la mise en uvre dun plan de guerre depuis longtemps préparé afin dassurer lhégémonie américaine sur les réserves stratégiques de pétrole du Moyen-Orient et de lAsie centrale.
Si la motivation denquêter sur ces questions nest pas grande, cest parce que toutes les sections de lestablishment politique, incluant les médias et le Parti démocrate, sont si complètement impliquées.
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