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Par demhaitam le 9 Janvier 2007 à 19:04
Lexécution de Saddam Hussein
Lexécution de lancien président irakien Saddam Hussein ne servait pas la justice, mais les objectifs politiques de ladministration Bush et de ses marionnettes irakiennes. La façon dont lexécution a été réalisée rapidement, secrètement, au milieu de la nuit, est un simulacre de processus légal ne fait que souligner le caractère hors-la-loi et réactionnaire de toute laventure américaine en Irak. Il y a eu des déclarations contradictoires toute la journée de vendredi sur la façon et sous quelles circonstances la condamnation à mort dHussein, confirmée par un tribunal du gouvernement irakien le 26 décembre, pourrait être réalisée. Il y a un va-et-vient de messages entre le gouvernement du premier ministre Nouri al-Maliki, qui officiellement contrôle les procédures judiciaires, et les autorités militaires américaines qui ont le prisonnier sous leur contrôle et lont amené au lieu de lexécution dans la zone verte sous contrôle américain. La décision denvoyer Hussein à la potence nétait pas une décision juridique, mais politique. Cest ce qua signalé al-Maliki lui-même après que la condamnation à mort eut été prononcée le 5 novembre par un tribunal spécial, lorsque le premier ministre irakien a déclaré quHussein serait exécuté avant le Nouvel An. Dans leur empressement à respecter cette échéance, les hauts responsables irakiens ont ignoré les principes élémentaires de léquité judiciaire ainsi que leur propre constitution qui exige que la condamnation à mort soit confirmée par lactuel président irakien, Jalal Talabani. Comme Richard Dicker, le directeur international des questions judiciaires chez Human Rights Watch, a expliqué dans un billet publié vendredi dernier dans le Guardian, la procédure légale na été quune mascarade. « Le jugement rendu par la cour, a-t-il écrit, nétait pas complété lorsque le verdict et la sentence ont été annoncés le 5 novembre. Le dossier expliquant la décision a été remis aux avocats de la défense le 22 novembre. Selon le statut du tribunal, les avocats de la défense devaient soumettre leurs appels avant le 5 décembre, ce qui leur laissait moins de deux semaines pour répondre à la décision de la cour justifiée dans un document de trois cents pages. La cour dappel na tenu aucune audience pour considérer les arguments légaux présentés comme lautorise la loi irakienne. Que la cour dappel puisse, en moins de trois semaines, réviser en toute justice une décision de 300 pages ainsi que les soumissions écrites de la défense et quelle puisse se pencher sur toutes les questions soulevées défie tout simplement lentendement. » Plutôt quun tribunal prenant pour modèle Nuremberg, où les dirigeants nazis survivants ont reçu des droits à un procès équitable beaucoup plus larges que ceux accordés par Hussein, les procédures à Bagdad ressemblaient à un procès arrangé des staliniens et des nazis, avec son juge marionnette, le verdict déterminé à lavance et une sentence réalisée au milieu de la nuit. Les raisons politiques La motivation politique la plus essentielle de ladministration Bush était son désir de tuer un adversaire important, ouvertement, devant les yeux du monde, simplement pour démontrer sa capacité et sa volonté à le faire. Selon la Maison-Blanche, Saddam offre une leçon à tout opposant futur de limpérialisme américain : défiez la volonté de Washington et son destin sanglant sera le vôtre. Lexécution fournit aussi à ladministration Bush un événement quelle peut prétendre être la preuve dune « victoire » américaine en Irak, détournant lattention du sinistre bilan quotidien des morts irakiennes et américaines. La couverture médiatique de lexécution a en grande partie éclipsé les reportages sur le bilan des décès des soldats américains, qui sont au moins au nombre de 100 en décembre et qui auront probablement atteint la marque de 3000 pour la guerre au complet avant la fin du mois de décembre.
Lexécution dEtat sert aussi à donner un appui politique à court terme au régime dal-Maliki qui est aux abois, de plus en plus impopulaire et instable. Ladministration Bush fait pression sur al-Maliki pour quil rompe avec limam radical chiite Moqtada al-Sadr, lun de ses principaux alliés politiques, et quil approuve une répression militaire par les Etats-Unis sur lArmée du Mahdi, la milice chiite loyale à al-Sadr.
Lexécution de Hussein permet à Maliki de regagner des gallons auprès de la majorité chiite, qui a souffert le plus sous le règne de Hussein, tout en allant de lavant avec les plans de répression violente contre les banlieues à majorité chiite à lest de Bagdad (Sadr City), un centre de lopposition chiite à loccupation américaine.
Un autre important élément politique à considérer est que lexécution de Hussein met un terme aux procédures légales contre lancien chef irakien avant que ne soit effectué un examen détaillé des crimes dans lesquels des gouvernements américains auraient joué un rôle important. Laffaire concernant lexécution de 148 hommes chiites à Dujail en 1982 a été choisie en premier, car les victimes étaient reliées au parti Dawa, le parti de Maliki et du précédent premier ministre appuyé par les Etats-Unis, Ibrahim Jafari, et parce que les Etats-Unis nétaient pas directement impliqués.
Ce qui nétait pas le cas des autres épisodes, beaucoup plus sanglants, de la carrière de Saddam Hussein. La deuxième affaire, sur la soi-disant opération Anfal qui a massacré des Kurdes en 1987-88, vers la fin de la guerre Iran-Irak, devait se poursuivre à partir du 8 janvier. Toute enquête sérieuse de ces atrocités, qui ont culminé avec le gazage de Kurdes à Halabja, dévoilerait le rôle joué par diverses administrations américaines.
Hussein a déclenché la guerre contre lIran en 1980 avec lappui tacite de ladministration Carter, qui était alors en confrontation avec lIran au sujet de loccupation de lambassade américaine à Téhéran et de la prise de représentants américains en otages par des étudiants. Ladministration Reagan avait par la suite fourni une aide importante à Hussein durant les huit années de la guerre, fournissant des renseignements militaires tactiques utilisés pour attaquer les forces iraniennes à laide darmes chimiques, et appuyant des ventes darmes à lIrak par les alliés européens des Etats-Unis comme la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne. A deux reprises, en 1983 et 1984, Donald Rumsfeld a été envoyé en Irak en tant quenvoyé spécial des Etats-Unis pour rassurer Hussein, que malgré les rumeurs occasionnelles de violations des droits de lhomme, les Etats-Unis maintiendraient leur allégeance à Bagdad durant la guerre.
Les autres causes importantes contre Hussein, sur la répression des révoltes menées contre les Kurdes et les chiites en 1991, menaçaient dêtre encore plus problématiques pour ladministration Bush, puisquau début, le premier président Bush, le père de lactuel président Bush, avait encouragé les soulèvements à la fin de la première guerre du Golfe, pour ensuite, de sang froid, décider que le maintien de la dictature de Hussein était préférable à leffondrement de lEtat irakien, ce qui aurait bénéficié à lIran, sinquiétaient les principaux planificateurs de guerre américains.
Une opposition aux procès bidon de Saddam Hussein et une condamnation de son exécution nimpliquent pas un appui politique à lancien dirigeant ou à ses politiques. Hussein était un représentant typique de la bourgeoisie nationale dans les pays opprimés et arriérés occasionnellement en conflit avec limpérialisme, mais implacablement voué à la défense des privilèges et des propriétés de la bourgeoisie en Irak contre la classe ouvrière irakienne.
Le premier acte de répression de masse de Hussein est survenu au zénith de sa montée vers le pouvoir à la fin des années 1970, lorsque le parti Baas a massacré la direction du Parti communiste irakien et supprimé le large mouvement militant de la classe ouvrière localisé à Bagdad et dans les champs pétrolifères. La présente désintégration de lIrak selon une division religieuse et sectaire est lune des conséquences à long terme de cette sauvage répression de la classe ouvrière, applaudie à lépoque par les Etats-unis.
Le dirigeant irakien nétait pas, cependant, jugé et puni sous les auspices dun tribunal de la classe ouvrière. Il a été jugé devant un tribunal irrégulier établi par un régime doccupation après linvasion et la conquête de lIrak par les Etats-unis. En dautres termes, ses crimes ont été jugés et la sentence imposée par des gens coupables de crimes bien plus grands que les siens.
Un éditorial publié dans le Washington Post de vendredi a parfaitement saisi lhypocrisie avec laquelle ladministration Bush, le Congrès démocrate et les républicains ainsi que les médias américains, ont approché le cas de Saddam Hussein. Le Post a sentencieusement déclaré son opposition général à la condamnation à mort, avant de déclarer que si elle était appropriée pour nimporte qui, elle devrait être appliqué à « Saddam Hussein lhomme, avec lexception possible de Kim Jong Il, qui a plus de sang sur les mains que nimporte quel autre vivant ».
Permettez-nous dêtre dun autre avis. George W. Bush a jusquà maintenant causé la mort de plus dIrakiens que Saddam Hussein quelques 655 000 depuis linvasion en mars 2003, selon une étude publiée par lécole de santé publique Johns Hopkins et son mandat ne se termine que dans deux ans. Sans compter les complices toujours vivants de Hussein dans la guerre Iran-Irak, et les présidents américains successifs le père de Bush, Clinton et Bush lui-même qui ont appuyé lembargo mené par les Etats-unis contre lIrak et qui a causé la mort dun nombre estimé de 1,5 million dIrakiens de 1991 à 2003.
La véritable justice pour le peuple torturé et opprimé de lIrak, aussi bien que pour les victimes américaines, britanniques et toutes les autres victimes de la guerre dirigée par les Etats-unis, narrivera que lorsque les responsables de linvasion et de loccupation Bush, Cheney et leurs acolytes , feront face à leur propre procès pour avoir lancée et menée une guerre dagression illégale.
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