-
Par demhaitam le 20 Novembre 2006 à 20:54
Massacre dans la région forestière de
Montes Azules au Chiapas
par Al GiordanoLes Communautés indigènes et les organisations des droits de l'Homm avaient informé le gouvernement de l'État et fédéral des menaces, mais les autorités n'ont pas agi
Aujourdhui, lundi 13 novembre, des paramilitaires présumés ont commis un massacre dans la région forestière de Montes Azules au Chiapas, en tuant neuf femmes et hommes, ainsi que deux enfants, tous indigènes.
Ceux qui ont été assassinés, selon un document manuscrit reçu par Narco News des communautés civiles zapatistes de la région sont :
-
Marta Pérez Pérez
-
María Pérez Hernández
-
María Nuñez González
-
Petrona Nuñez González
-
Pedro Nuñez Pérez
-
Eliver Benítez Pérez
-
Antonio Pérez López
-
Dominga Pérez López
-
Felicitas Pérez Parcero
-
Noilé Benítez (8 ans)
-
Un nouveau-né pas encore baptisé
Les détails du massacre, dans un secteur très isolé, loin des centres urbains et médiatiques, sont encore incomplets, mais les signes dalarmes quune violence de cette ampleur couvait dans la région avaient tout du long été portés à la connaissance des fonctionnaires de lÉtat du Chiapas et fédéraux . Ils avaient été particulièrement alertés par des organisations des droits de lHomme depuis juillet et août, mais au lieu de prendre des mesures positives , la police et les autres groupes nont fait quaggraver les problèmes depuis lors.
Les personnes qui sont mortes vivaient et travaillaient dans lejido Dr. Manuel Velasco Suárez II, connu comme Viejo Velasco Suárez, une communauté paysanne établie en 1984 par le biais dun accord avec le gouvernement mexicain. Eux et leurs générations passées, avaient vécu dans dautres parties de la Forêt Lacandone, qui avait été déclarée réserve naturelle en 1972. Hier comme aujourdhui, la caution écologique est apparue comme ayant plus à voir avec le pillage de la mère nature quavec sa protection: la création de la biosphère de Montes Azules a servi à donner au gouvernement mexicain le monopole sur lexploitation du bois et dautres ressources naturelles. Comme partie du spectacle et du simulacre environnementale, 66 familles du groupe indigène Lacandón une population qui se nombre aujourdhui à une centaine, descendant des peuples mayas de la péninsule de Yucatan qui ont émigré au Chiapas il y a des siècles ont été déclarées comme les seules administratrices de plus de 600.000 hectares de forêt tropicale, mais à la condition quils cèdent les droits économiques de la terre au gouvernement.
Depuis lors, des membres dautres peuples indigènes mayas particulièrement Tzetzal et Chol ont vécu assiégés par le gouvernement, par ses groupes policiers, par ses forces armées, par les Lacandons, et les autres communautés de Tzetzales (du village de Nueva Palestina) et Choles (du village de Frontera Corrozal) qui se sont alliés et ont tiré profit de la situation. Les communautés indigènes restantes de la région ont été attaquées en permanence depuis lors. Les conflits dans la zone ont conduit à laccord de 1984, qui a créé Viejo Velasco Suárez et dautres communautés cultivées/ /de manière communautaire, protégées, hypothétiquement, par la loi : Flor de Cacao, Nuevo Tila, Ojo de Agua et San Jacinto Lacanjá, toutes situées dans la même région des anciens temples et ruines mayas de Yaxchilán, près du gigantesque fleuve Usumacinta, qui constitue la frontière du Mexique avec une grande partie du Guatemala.
Les onze décès du massacre daujourdhui se produisent comme souvent pour les massacres à un moment où le gouvernement fédéral mexicain est retourné aux mauvais vieux jours de la répression à grande échelle (à Atenco en mai passé et actuellement à Oaxaca). Dans des moments comme ceux-là, les paramilitaires et les groupes policiers sont encouragés par les signaux envoyés den haut, et ils augmentent leurs agressions historiques contre ces communautés spécialement indigènes perçues comme des obstacles aux intérêts économiques.
Le gouvernement fédéral de Vicente Fox et son ministre de lInterieur Carlos Abascal (le boucher dOaxaca) a été averti cette année de la bombe à retardement de violence qui menaçait Viejo Velasco Suárez et dautres communautés dans la région des Montes Azules.
Des Alertes Précoces
Le 19 juillet de cette année, le Centre de Droits Humains Fray Bartolomé de Las Casas, a publié une alerte intitulée Menaces dexpulsion et harcèlement des Peuples Indigènes dans la Forêt Lacandone. Connue comme le Centre Frayba, cette organisation a été fondée par lancien évêque catholique Samuel Ruiz et est respectée partout dans le monde grâce à son travail honnête et minutieux.
Lorganisation des droits humains a prévenu quelle avait reçu des rapports que :
...le samedi 14 juillet un détachement de la Sécurité Publique sest installé près de la communauté de Ojo de Agua el Progreso, en menaçant dexpulser violemment les familles de cette communauté, des familles qui défendent leur droit à la terre comme peuples indigènes Nous qui vivons à San Jacinto Lacanja, Flor de Cacao et Viejo Velasco sommes aussi menacés dexpulsion.
Le centre Frayba a indiqué dans son alerte du 19 juillet :
De lavis de Frayba ceci est un problème historique avec une série dirrégularités et de maladresses de la part des institutions et des fonctionnaires qui méprisent les accords antérieurs, manipulent les parties en conflit en créant plus de problèmes, menacent dexpulsion violente pour obliger que les communautés et les organisations sasseyent pour négocier ou ne comprennent pas les engagements assumés durant les négociations avec les communautés en conflit.
Le centre Frayba a demandé à ce que les autorités du gouvernement prennent des mesures pour garantir la sécurité et lintégrité personnelle des familles des quatre communautés indigènes menacées, quils respectent les accords de 1984 et les autres qui leur ont accordés leurs terres, et que soient respectés les traités internationaux qui garantissent ces dites protections pour les peuples indigènes.
Quelques semaines après, les représentants de cette organisation, avec une délégation de nord américains de Global Exchange, ainsi que lONG Maderas del Pueblo et XiNich, sont partis en mission dans les communautés touchées pour aller voir les faits. Global Exchange a publié un rapport détaillé de sept pages, qui explique beaucoup le contexte historique du conflit et, aussi, de manière intéressante, les difficultés et des obstacles quon leur a présenté durant leurs tentatives pour visiter les communautés.
Le rapport a conclu :
Bien que les raisons précises de lexclusion de ces quatre communautés du processus de légalisation des terres ne soient pas claires, les facteurs géographiques et politiques nous donnent un indice important. Trois des Communautés Flor de Cacao, San Jacinto Lacanja, Ojo de Agua el Progresso sont situées dans un terrain où il y a encore des bois précieux que la communauté Lacandone veut exploiter, selon Miguel Angel García, de Maderas del Pueblo. Elles se trouvent aussi sur les rives du fleuve Usumacinta, une des sources les plus importantes deau potable dans la région. Le Plan Puebla-Panama, la proposition du gouvernement pour la modernisation économique du pays, prévoit aussi la construction de barrages hydro-électriques sur lUsumacinta. En outre, beaucoup des individus qui ont témoigné croient que la raison pour laquelle la communauté Lacandone et les comuneros veulent la terre pour eux-mêmes, est pour quils puissent lexploiter à des fins touristiques, puisque lemplacement archéologique de Yaxchilan est proche, et la communauté Lacandone investit fortement dans lactivité touristique. La quatrième Communauté, Viejo Velasco, étant donné son affiliation avec lEZLN, peut aussi être perçue par le gouvernement mexicain comme un obstacle à la maximisation des profits. En effet, peu après notre visite à El Desempeño, des fonctionnaires du gouvernement ont délogé violemment la communauté de base dappui civil à lEZLN Chol de Tumbala, qui était aussi en train dassurer ses droits sur la terre. Les fonctionnaires du gouvernement fédéral, de lÉtat du Chiapas et local devraient prendre des mesures immédiates pour garantir lintégrité et la sécurité de Ojo de Agua el Progreso , Flor de Cacao, San Jacinto Lacanja et Viejo Velasco. Ces Communautés ont droit tant sous la convention de 1984 que les accords conclus lors de la table ronde de Limonar à la sécurité des terres. Le gouvernement local, de lÉtat et fédéral devrait agir immédiatement pour arrêter les menaces dexpulsion illégale et faire revenir les familles qui se sont enfuies de leurs terres, si elles le souhaitent. Légalité et la justice ne nécessitent rien de moins.
Lorganisation internationale de droits humains a envoyé ses résultats au président mexicain Vicente Fox, à son ministre de lInterieur Carlos Abascal, au gouverneur du Chiapas Pablo Salazar Mendiguchía et à plusieurs bureaucrates subordonnés à chacun deux..
Au lieu deffectuer des actions pour corriger les maux, les gouvernements de lÉtat et fédéral ont poussé la marche des événements et ils ont donné des signes dimpunité aux opposants à ces communautés qui les ont violemment menacés qui ont provoqué, aujourdhui, le massacre de onze indigènes civils.
Agressions en augmentation
Selon une chronologie manuscrite des événements produits depuis, reçue aujourdhui par Narco News, dont les communautés affectées sont auteurs, les agressions contre elles ont augmentée après quaient été informés les gouvernements de Fox et de Salazar :
-
19 septembre : à 4:30 p.m. des comuneros de Nueva Palestina sont venus armés avec des machettes, des fusils, des pelles, haches et pierres. Ils ont détruit la maison dune famille. À 8 p.m. ils ont tirés des balles dans un bâtiment où dormaient des femmes et des enfants.
-
4 octobre : Des comuneros de Nueva Palestina ont attaqué avec des pistolets deux paysans dans leur champs de haricots, en détruisant les cultures.
-
octobre 8 : Des membres de la communauté Nueva Palestina alliée avec le gouvernement se sont réunis et ont décidé dattaquer les habitants de Viejo Velasco Suárez.
-
octobre 9 : Lattaque a été menée à terme et la maison dune famille a été détruite; cet après-midi ils ont séquestré un membre de la communauté qui a été gravement blessé dans laltercation.
Et dans un autre document manuscrit envoyé à Narco News, daté du samedi 11 novembre, des membres de la communauté expliquent que les comuneros de Nueva Palestina ont coupé leur approvisionnement en eau, obligeant la communauté de Viejo Velasco Suárez à venir recupérer leau et chasser onze des comuneros envahisseurs de leur communauté. Le document contient les noms et les signatures des hommes expulsés.
Il dit :
Nous demandons aux Palestinas, aux gouvernements de lÉtat et fédéral de respecter cet accord pour en finir avec la violence dans les deux parties de notre communauté. Nous rendons responsable le gouvernement de tout ce qui arrive
Le Mercredi 1 novembre 2006, les Palestinas ont commencé à fermer le robinet de la conduite deau jusquà aujourdhui, samedi 11 novembre de lannée en cours. Cest pour cela que les groupes originaires de cette communauté réalisent laction suivante nous nous dissocions totalement des groupes de Palestina et ne voulons pas quils continuent à nous harceler dans la communauté de Viejo Velasco, où chacun deux signe son engagement à partir et ne jamais revenir pour ne pas causer davantage de problèmes avec les résidents dorigine .
Selon un e-mail que nous venons de recevoir des familles des morts :
Les agresseurs ont été des habitants de la communauté Nueva Palestina, et de même que pour les tristes événements du massacre dActeal (du 22 décembre 1997 aussi au Chiapas), les parents des victimes confirment quil y a maintenant plusieurs barrages de police aux alentours.
Selon un communiqué daujourdhui au soir de Maderas del Pueblo, les attaquants étaient de Nueva Palestina et sont arrivés à laube : 4 subcomuneros du groupe assaillant, qui sont arrivés à la communauté fortement armés et avec des intentions de déloger violemment les familles installées là.
Deux jours après, aujourdhui, six femmes, trois hommes et deux enfants de cette communauté affligée sont morts. A lheure de limpression, plusieurs organisations des droits de lHomme et le Conseil de Bon Gouvernement de Roberto Barrios des bases civiles de lEZLN, ainsi que lAutre Journalisme avec lAutre Campagne, enquêtent sur les détails dun autre massacre annoncé.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique
-