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Par demhaitam le 1 Novembre 2006 à 17:45
Gaza, « le monde se ferme sur nous »
Par Laila Al-Haddad
Journaliste à GazaA la suite du désengagement de Gaza, au mois daoût 2005, les forces israéliennes ont employé des moyens nouveaux, largement disproportionnés, contre la population civile, officiellement dans le but de détruire la force de frappe des roquettes palestiniennes. Les déflagrations ont provoqué des scènes dhystérie collective et terrorisé toute la population... Selon lOrganisation des Nations unies (ONU), huit mille obus seraient tombés entre mai et juin.
Nous dormions dans le vacarme du pilonnage, des échos des obus explosant à quelques kilomètres de nos maisons. Ils tombaient pendant notre sommeil. Ils tombaient encore pendant la prière du matin.
Israël a fermé systématiquement le point de passage Al-Mintar, par lequel transitaient les marchandises, affichant des pancartes « Mesure de sécurité ». Cela a représenté la perte de millions de dollars pour les agriculteurs, et pour léconomie en général (sans compter lépuisement des stocks de vivres et de médicaments).
Jai été envahie par ce sentiment que traduit la formule du poète Mahmoud Darwich, « le monde se ferme sur nous ». On se sentait impuissant, écrasé, face à une puissance effroyable, plus grande que la vie, semblant croître et muter tous les jours. Aucun endroit ne permettait dêtre à labri de ses coups.
Cela vous écrase, instillant en vous le sentiment que vous êtes abandonné et rejeté, jusquà ce que vous vous sentiez tout à fait seul, même au milieu dun million cinq cent mille autres êtres humains. Si je regardais le ciel, en entendant les obus tomber, ou en voyant au clair de lune les hélicoptères de combat traverser le ciel vers leurs cibles, je me demandais : « Est-ce quils me voient ? » Et quand les bombardements recommençaient, je ne pouvais mempêcher dimaginer le bonhomme de 18 ans qui, sennuyant sur la frontière, largue sa cargaison dobus, toutes les deux minutes. Parfois, je mabandonnais et je levais les bras au ciel, dans leur direction. Est-ce quils mentendaient ?
Gaza était devenu un enfer sur la terre, ses habitants encerclés de toutes parts, privés de leurs libertés fondamentales, dépossédés de leurs droits et de leur souveraineté, et dont on attendait pourtant quils se soumettent et quils acceptent leur destin. Est-il surprenant dans ces conditions que, selon un récent sondage, une majorité écrasante de Palestiniens souhaitent que la libération des otages israéliens se fasse avec une contrepartie ?
Ce que certains trouveraient peut-être plus surprenant, cest que, en juillet 2006, 65 % des Palestiniens se déclarent favorables, à différents degrés, à la reprise des négociations avec Israël. Au lieu de répondre aux mains tendues, Israël a bombardé nos villes, confisqué nos aides, fermé nos frontières, prétextant le manque dinterlocuteur crédible, quel que soit la personne ou le parti au pouvoir.
Alors que je couvrais leffondrement du mur de Rafah, en septembre 2005, celui qui nous isole de lEgypte, jai remarqué deux jeunes garçons palestiniens ils navaient pas plus de 9 ans qui scrutaient par-dessus un pan de la barrière les séparant depuis si longtemps de la ville jumelle, côté égyptien. Je leur ai demandé ce quils faisaient. Ils mont dit quils navaient jamais mis les pieds hors de leur camp de réfugiés, au sud de Gaza. Ils voulaient voir de quoi avaient lair cet autre monde et ces autres gens. Quel meilleur exemple de lisolement de la ville ?
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