•                          La Gestapo à Ramallah

    par Khalid Amayreh
     

    Le jeudi 4 janvier, l'armée d'occupation israélienne a effectué une autre incursion provocatrice dans Ramallah, tuant au moins quatre civils palestiniens, blessant et mutilant plus de 20 autres.

    Durant une incursion digne de la Gestapo, des soldats israéliens à la gâchette facile ont ouvert le feu passablement sans motif sur les civils palestiniens et les jeunes lanceurs de cailloux. De plus, les bulldozers de l'armée israélienne ont écrasé des voitures palestiniennes, des devanture de magasin et des stands de légumes et de fruits dans le centre de Ramallah [d'une manière] convenant en quelque sorte à la Wehrmacht allemande.

    Indubitablement, l'incursion criminelle, qui a eu lieu pendant que le Premier ministre israélien Ehud Olmert lui-même rencontrait le Président égyptien Husni Mubarak à Sharm al Sheikh, pour prétendument favoriser la paix, représentait une provocation éhontée non seulement pour les dirigeants palestiniens et égyptiens, mais aussi pour tous les efforts internationaux visant à ranimer les dialogues de paix dans la région.

    En effet, il y a seulement quelques semaines, Olmert a dit lors de son très célébré discours dans le sud d'Israël qu'il tendait une main pacifique aux palestiniens.

    Et maintenant, il envoie encore son armée meurtrière dans un autre déchaînement de meurtre et de terreur au cœur de Ramallah, pas loin du quartier général du Président Abbas avec qui il a eu une réunion en apparence cordiale il y a moins de deux semaines.

    Olmert pense-t-il vraiment qu'envoyer sa soldatesque gestapiste, pour propager la mort et la terreur dans les rues bondées de Ramallah, de Naplouse et à d'autres centres de population palestinienne, est une manière de démontrer son désir et celui de son peuple pour la paix ?

    La direction palestinienne a cherché, surtout récemment, à donner à Olmert et à son gouvernement le bénéfice du doute, en dépit de tous les appels au doute à propos du premier ministre israélien et de son attitude criminelle.

    Le président Abbas a porté au pinacle la parole d'Olmert le mois dernier et il a été d'accord, sans doute sous la pression britannique et étatsunienne, pour la réunion avec le premier ministre sioniste dans sa propre maison, où il s'est engagé à offrir des gestes de " bonne volonté " aux Palestiniens, dont la promesse de supprimer des barrages routiers et des points de contrôle, de relâcher quelques prisonniers et de libérer les 100 millions de dollars de notre argent mis sous séquestre, qu'Israël retient pour punir les palestiniens d'avoir élu le Hamas.

    Cependant, depuis ce fiasco du 27 décembre, le gouvernement israélien n'a ni enlevés les barrages routiers, ni relâché les prisonniers et il a refusé de libérer notre argent.

    Et maintenant nous sommes à nouveau insultés par ce viol obscène du centre de la ville de Ramallah devant tout le monde, qui nous rappelle ce qui s'est passé l'année dernière à Jéricho, quand les troupes d'occupation israéliennes ont attaqué la prison centrale de la ville pour enlever plusieurs détenus palestiniens, dont Ahmed Sa'adat le dirigeant du FPLP.

    Il est sûr que ces provocations criminelles d'Israël portent certains messages pour le peuple palestinien et à ses dirigeants.

    Le premier message est qu'Israël demeure inchangés, que ses chefs mentent comme ils respirent, que leurs paroles, engagements et promesses n'ont aucun poids, étant dénués de toute véracité ou crédibilité, ce qui met vraiment en évidence la futilité de croire et encore moins de compter sur les promesses et les engagements des dirigeants israéliens.

    Le deuxième message est qu'Israël reste un état belliqueux et meurtrier avec lequel la paix véritable est impossible.

    En effet, comment ces actes récurrents de brigandage et de criminalité peuvent-ils être réconciliés avec le prétendu désir d'Israël pour la paix et le principe d'acceptation d'un état palestinien viable ? C'est une question qui a été demandée des milliers de fois et qui se pose toujours à la lumière de la criminalité persistante et acharnée d'Israël.

    La sinistre incursion israélienne à Ramallah jeudi devrait vraiment inciter la direction palestinienne, le comité de direction de l'OLP et surtout le président Abbas, à repenser le discours actuel vis-à-vis du processus de paix moribond qu'Israël utilise comme un prétexte pour assassiner nos jeunes et pour détruire nos villes.

    En effet, avec Israël voulant apparemment à tout prix émasculer la PA (Autorité Palestinienne) de tout ce qui a un fond de semblant d'autorité, et il n'y en a pas beaucoup de toute façon, la direction palestinienne doit cesser d'agir comme s'il y avait un état alors qu'il n'y a pas d'état.

    Notre direction doit réévaluer méticuleusement la prolongation de l'existence de la structure de la PA, surtout s'il devient assez évident que son existence délabrée et fragile ne sert pas vraiment nos intérêts nationaux primordiaux.

    Nous devons cesser de tromper notre peuple en nous accrochant et en nous agrippant à une autorité qui manque de toute apparence d'autorité.

    Oui, Israël veut tuer chaque Palestinien digne qui osent se soulever face à l'occupation israélienne. Et il ne fait aucune différence, que le " Palestinien visé " qui exécute " l'acte terroriste " ait cinq, dix, ou même vingt ans.

    Une autre remarque que j'aimerais faire est que l'attaque israélienne à Ramallah est survenue pendant que nos propres miliciens s'entretuaient de sang froid dans les rues de Gaza ?

    La disgrâce de ce qui se passe à Gaza dépasse vraiment la réalité. En effet, si nous sommes ainsi disposés à verser notre propre sang avec nos propres mains, pourquoi nos ennemis devraient-ils être plus cléments envers nous. ?

    Honte à nous.


    Khalid Amayreh est journaliste à Jérusalem.


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