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Par demhaitam le 8 Février 2007 à 15:05« Saddam Hussein est mort, son message demeure »Interview de Gilles Munierpar Denis Gorteau
QUE FAIRE : Saddam Hussein était avant tout un militant puis un dirigeant du parti Baas, selon vous quelle trace laissera-t-il dans lhistoire tourmentée du nationalisme arabe ?
Gilles Munier : Saddam Hussein a été, avec Gamal Abdel Nasser, un des personnages clé dun cycle historique commencé avec la nationalisation du Canal de Suez le 26 juillet 1956. Cest le père de lIrak moderne, un révolutionnaire qui avait les moyens de ses ambitions et qui les réalisait. Avec lui, lIrak sest développé au point de devenir un exemple dangereux pour les Etats-Unis et Israël. Cest son principal crime, la cause du renversement du régime baasiste.
Saddam Hussein laissera la trace dun Président qui a cherché à redonner à la Mésopotamie sa splendeur dantan, à faire de Bagdad le phare du monde arabe. Il est mort au combat, mais quon ne sy trompe pas : sa disparition ne fait pas disparaître son message.
QUE FAIRE : Comment expliquez-vous que lidée même de limiter léclatement étatique des Arabes a échoué au Moyen-Orient ?
G.M : Les accords secrets Sykes-Picot, signés en 1916, navaient pas simplement pour but de partager le Proche-Orient entre la France et la Grande-Bretagne. Un de ses objectifs était dempêcher les Arabes de sunir en un seul royaume voir, plus tard, en une fédération ou en un seul Etat.
En créant des Etats ou des Emirats avec des frontières dessinées pour être la source de conflits à répétition, en manipulant des minorités ethniques ou religieuses, en organisant des coups dEtat, les grandes puissances ont neutralisé dans loeuf la plupart des tentatives dunion. Les désaccords idéologiques entre régimes et les problèmes de personnes ont fait le reste.
Finalement, la République Arabe Unie (RAU) fondée en 1958 par le Président Nasser et Michel Aflak, qui se voulait lamorce de la grande fédération dont rêvent les Arabes depuis la fin du Califat, demeure un modèle pour les générations futures, malgré son échec.
QUE FAIRE : Beaucoup de militants de gauche très hostiles aux guerres américaines contre lIrak ont souvent rappelé que Saddam Hussein était aussi un « tueur de communistes », quen est-il au juste ?
G.M : On pourrait aussi dire que les chefs communistes irakiens étaient des « tueurs de baasistes » et ils le sont encore, du moins ceux du PCI qui participent à la chasse aux résistants et aux tueries actuelles !
En Irak, entre 1958 et 1963, le parti communiste était le grand concurrent du parti Baas. Cétait à qui semparerait du pouvoir le premier, et cela passait généralement par lélimination physique de ladversaire
Le nombre des morts dans les rangs du PCI na pas empêché ce parti de sallier au Baas après le Révolution de juillet 1968. Il serait resté au gouvernement sil navait pas fomenté ensuite un coup dEtat militaire. La répression qui a suivi a fait de nombreuses victimes, mais de là à présenter Saddam Hussein comme « tueur de communistes », cest réducteur et exagéré.
Saddam Hussein et ses compagnons nacceptaient pas la remise en cause des acquis de la révolution et de lunité du pays. En salliant à des pays qui voulaient déstabiliser lIrak les Etats-Unis, Israël, lIran - les chefs communistes, les féodaux kurdes, ou les obscurantistes religieux, menaçaient les deux. Ils savaient ce quils risquaient. Sils lavaient emporté, ils auraient massacré leurs adversaires, comme le font aujourdhui les escadrons de la mort.
QUE FAIRE : Avant linvasion du Koweït Saddam Hussein était le meilleur ami de lOccident, eut-il le sentiment dêtre manipulé ? Regretta-t-il a posteriori lattaque de lIran ?
G.M : Saddam Hussein était surtout « lami » de la France et de lUnion soviétique, pas des Etats-Unis qui lui reprochaient son soutien à la cause palestinienne. Les relations américano-irakiennes ne se sont améliorées quaprès larrivée au pouvoir de layatollah Khomeiny et la prise dotage de lambassade US à Téhéran. Cela sest traduit au plan militaire, semble-t-il, par laccès à certains gaz de combat et à des armes chimiques. Des hélicoptères nécessaires à leur utilisation auraient été livrés.
Les Etats-Unis nont jamais été vraiment en odeur de sainteté à Bagdad. A ma connaissance, les Irakiens ne leur ont pas acheté de chars, de canons, de fusils dassaut, ni des missiles ou des avions de chasse. En Irak, la grande majorité des armes était russes ou françaises. En Iran, elles étaient américaines. Laprès-vente était assuré par des voies détournées.
En revanche, les services de renseignements US communiquaient des photos satellite des positions iraniennes à lEtat major irakien. On disait à lépoque à Bagdad quil fallait les prendre avec des pincettes car elles étaient parfois trafiquées pour attirer larmée irakienne dans des pièges. Cela explique, paraît-il, loccupation de la presquîle de Fao par les Pasdarans.
La guerre Iran-Irak était inéluctable. Les régimes au pouvoir dans les deux pays étaient inconciliables. Layatollah Khomeini voulait « libérer » Nadjaf et Kerballa. Saddam ne voulait pas dun régime islamique de type safavide à Téhéran, c'est-à-dire se réclamant dun courant sectaire persan qui a détourné le chiisme originel.
Les occidentaux ont soutenu lIrak tant que cétait leur politique. François Mitterrand, par exemple, craignait que linfluence iranienne sétende jusquau Maghreb et dans les banlieues françaises ! Les armes livrées et les crédits ouverts nétaient pas gratuits, mais remboursables avec intérêts. Puis, lorsquil est apparu que lIrak gagnait la guerre, il a eu lIrangate et laffaire Luchère, c'est-à-dire des livraisons secrètes darmes américaines et françaises à lIran. Cétait lamorce du retournement dalliance de 1990
Je ne crois pas que Saddam Hussein ait été manipulé, ni regretté davoir mis fin à la menace iranienne. Il navait pas dautre choix. Cela na dailleurs pas suffit : depuis avril 2003, lIran est de retour en Irak avec Al-Dawa et les Brigades Badr. Il ne faut pas sétonner si le Président irakien a appelé à la résistance contre linvasion iranienne juste avant sa pendaison.
Le raïs
QUE FAIRE : Après 1991, Saddam Hussein apparaît en Occident comme un tyran démoniaque et sanguinaire. Selon vous son régime tout oriental fut-il plus ou moins brutal que les pays voisins ?
GM : Tout est relatif. En Jordanie, il y a eu le massacre dit de Septembre noir en 1970. Les commandos bédouins fidèles au roi Hussein ont « nettoyé » les camps palestiniens et certains quartiers dAmman à larme blanche. En Syrie, en 1982, il y a eu le massacre de Hama. Au Liban, la même année, celui du camp de Sabra et Chatila. En Iran, la révolution islamique a fait des milliers de victimes . etc etc
Le régime baasiste nétait pas plus violent que ses voisins. Il létait moins que ne le sont les Etats-Unis en Irak. Certes, les régimes révolutionnaires ny vont jamais de main morte, mais ce nest pas une raison pour prendre les féodaux kurdes irakiens et les militants dAl-Dawa pour des démocrates. Au pouvoir, ils font ce quils reprochent à leurs ennemis.
Pourquoi se focalise-t-on sur les brutalités exercées dans des pays étrangers, de préférence par des Arabes, des Asiatiques ou des Africains ? Les Anglais ont utilisé des gaz de combat contre les Kurdes ; les Américains des armes interdites au Vietnam et en Irak ; les Israéliens massacrent les Palestiniens depuis 1948 et ont bombardé le Liban avec des bombes à fragmentation. En France, nous navons pas non plus de leçon à donner. Il suffit de se souvenir de ce qui sest passé à Madagascar et en Algérie.
QUE FAIRE : Pour être clair que peut-on dire de sérieux des accusations qui reviennent le plus souvent (utilisation de gaz contre larmée iranienne et les civils kurdes) ?
G.M : La guerre Iran-Irak a été, notamment, une guerre des gaz. LIran en a utilisé en Arabistan à Mouhammara (baptisé Khoramshar par les Perses) et à Halabja. LIrak en a utilisé chaque fois que des offensives massives perçaient ses lignes. Des civils en ont fait les frais, malheureusement. Pour être crédible, approcher la vérité, porter un jugement définitif, il faut tout mettre sur la table.
On attend toujours que les services secrets occidentaux disent qui gazait qui, quand et avec quoi. Il faut quils désignent les hommes politiques qui ont autorisé des entreprises à vendre les produits chimiques nécessaires à leur fabrication, dire où ont été formés les militaires qui les utilisaient.
Ceux qui accusent encore le Président irakien de tous les maux devraient changer de disque. Pourquoi nenquêtent-ils pas sur le rôle joué par lIran, George Bush père, Donald Rumsfeld ou Jalal Talabani dans laffaire de Halabja. Ils sont mouillés jusquau cou.
QUE FAIRE : Que répondez-vous à ceux qui pensent que son régime est devenu, au fil du temps, de plus en plus personnel et clanique et de moins en moins baasiste ?
G.M : Là encore, il faut faire la part de lintox et des nécessités. Lexercice du pouvoir nest pas le même partout. Il dépend de lhistoire dun pays, de sa société, de sa culture. LIrak a été en guerre depuis le début des années 80. Il est normal que le pouvoir y ait été concentré autour du chef de lEtat. Cela a ses avantages sur le plan sécuritaire, mais aussi ses inconvénients. Je ne citerai que le poids croissant des courtisans, des opportunistes qui faisaient barrage dès quune information adressée au Président ne leur convenait pas.
Le régime nétait pas moins baasiste. Si le parti avait disparu, Saddam naurait pas pu résister pendant les 13 ans dembargo, ni préparer le pays à résister. Personne ne dit que la majorité des dirigeants représentés sur le jeu de cartes de Rumsfeld était chiites, pas tikritis. Aujourdhui, si la résistance est encadrée par des baasistes, cest bien parce que le parti existait en 2003 et quil était représenté dans toutes les couches de la société.
QUE FAIRE : On fait souvent crédit à Saddam Hussein davoir garanti des droits réels aux Chrétiens et aux Irakiennes. Quen était-il après 1991 quand son discours sest « islamisé » (construction de mosquées, islamisation du Baas, polygamie davantage tolérée, etc.) ?
G.M : Des droits normaux nétaient pas seulement garantis aux Chrétiens, mais à toutes les communautés religieuses et elles sont nombreuses. Avec la guerre Iran-Irak, et surtout durant la tragédie de lembargo, le poids de la religion sest accru dans la société, chez les musulmans, les chrétiens des églises orientales ou non, chez les Yézidis, les Shabaks etc . Les confréries soufis se sont développées. De petits groupes wahabites se sont constitués. Les Frères musulmans ont repris leurs activités, discrètement.
Les femmes ont surtout pâti de lembargo qui a fait régresser la société. Il ne faut pas mettre en cause lislam mais le blocus. Leur situation était néanmoins meilleure que dans certains pays voisins et un rêve comparé à leur sort quotidien depuis avril 2003.
Le parti Baas nest pas un parti laïc au sens où on comprend ce mot en Occident. Son fondateur Michel Aflak disait que lislam était la meilleure expression du désir d'éternité et d'universalité de la nation arabe et quarabisme et lislam ne pouvaient être antagonistes. Après 1991, on na pas seulement construit des mosquées, mais aussi des églises. Des aides substantielles ont été accordées à toutes les communautés religieuses, y compris bien sûr aux juifs irakiens.
Lhomme
QUE FAIRE : Très jeune Saddam Hussein fit preuve de courage et de dévouement à la cause baasiste, daprès vous le courage était-il sa seule qualité ?
G.M : Il était courageux, sa fin la encore démontré. Il était intelligent, pragmatique, déterminé, juste, à lécoute de son peuple. Il préférait régler les crises par la négociation, sans que personne ne perde la face. Sinon, comment aurait-il pu tenir si longtemps au pouvoir ? Les Irakiens ont toujours détenu des armes chez eux, sils avaient été mécontents, ils sen seraient servi contre lui, comme ils le font pour se débarrasser des dirigeants actuels.
QUE FAIRE : Vous avez rencontré cinq fois lex président irakien, que pouvez-vous nous dire de sa personnalité ?
G.M : Cest un honneur pour moi de lavoir rencontrer. Quand on se retrouve devant un homme adulé par les uns, décrié par dautres, diabolisé à lexcès, on est troublé. Lors de ma première audience, je mattendais à découvrir une sorte de roi mésopotamien, un calife. Il était debout au milieu de la pièce, souriant, une lueur de malice dans les yeux. Ce qui ma le plus impressionné, cest sa simplicité. Je lai revu lannée suivante en compagnie dune vingtaine de villageois kurdes. Il consacrait un temps infini à écouter leurs doléances et y répondait franchement, sans fioriture.
QUE FAIRE : Quelles relations avait-il avec ses fils ? Voulait-il en faire les futurs maîtres de lIrak (comme Hafez al-Assad avec Bachar) ?
G.M : Les relations entre le Président et son fils aîné Oudaï, ont été parfois houleuses. Il la fait arrêter et la exilé chez son oncle Barzan, alors ambassadeur auprès de Nations unies à Genève. Qussaï, son second fils, était secret. On dit que son père lappréciait. Il lui avait confié des responsabilités importantes. Et puis, il y a aussi Ali, un troisième fils toujours vivant, dont on na jamais beaucoup parlé.
Oudaï et Qussaï - et le fils de ce dernier Mustapha, âgé de 14 ans - sont morts courageusement à Mossoul dans le siège de la maison par les forces spéciales américaines. Tout ce que certains Irakiens pouvait leur reprocher a été effacé par le courage quils ont manifesté ce jour-là.
En 2003, lheure de la retraite navait pas sonnée pour Saddam et il ny avait pas de n°2 officiel. Ce nest pas parce que Hafez al-Assad a choisi son fils pour lui succéder quil en aurait été de même en Irak. Pour quOudaï ou que Qussaï lui succède, il aurait fallu que la Direction régionale du parti leur fasse allégeance. Ce nétait pas gagné davance.
QUE FAIRE : Aujourdhui la fille de Saddam Hussein poursuit-elle une carrière politique ?
G.M : Raghad a du charisme et de linfluence. Pour linstant, elle ne sest occupée que de la défense de son père. Le bruit court quelle veut unifier la résistance autour de son nom, mais en Jordanie, où elle réside, sa marge de liberté est étroite.
Lécrivain
QUE FAIRE : Avant linvasion de 2003 certains affirment que Saddam Hussein écrivait. Que savez-vous à ce sujet ?
G.M : Oui, il écrivait. Il a continué à écrire dans ses diverses planques après la chute de Bagdad, puis en prison. Il a écrit au moins quatre romans et de très nombreux poèmes qui, jespère, seront publiés un jour. Sa famille réclame ses mémoires, confisqués par le soi-disant gouvernement irakien.
QUE FAIRE : Vous avez préfacé un de ses romans « Zabiba et le roi », pourquoi a-t-il écrit ce livre ?
G.M : La traduction en langue française de cet ouvrage, à laquelle jai également participé, a permis sa publication au Portugal et au Brésil, en Russie et au Japon. Des contacts étaient pris pour réaliser un film
Pour moi, « Zabiba et le roi », publié sous le pseudonyme « Par son auteur », est un conte philosophique. Il est vraiment prémonitoire, vu ce qui se passe en Irak depuis 2003. Je crois que Saddam Hussein voulait montrer à ses contemporains la façon dont il vivait, ce qui se passait derrière les murs du palais présidentiel : les luttes dinfluence, les complots, les traîtrises etc Il voulait que ses lecteurs partagent son amour pour un Irak uni et souverain.
QUE FAIRE : Vous qui connaissez très bien la culture et la littérature arabe, que pensez-vous des écrits de Saddam Hussein ?
G.M : Ses romans ne sont pas des chefs duvre littéraires, mais ils sont pour ceux qui sintéressent au Proche-Orient et plus tard pour les historiens des témoignages qui permettent de décrypter sa pensée, de mieux connaître sa jeunesse et son moi profond.
Jai lu quelques uns de ses poèmes. Ceux écrits en prison sont poignants. Jespère quils seront traduits un jour.
La fin
QUE FAIRE : Alors que lIrak est au bord du gouffre comment expliquez-vous lécart de perception de Saddam Hussein dans les diverses communautés ?
G.M : Dans les régions kurdes et chiites, il y a eu des combats et de la répression, mais il ne faut pas oublier que ces foyers de révolte alimentés voir suscités - par des pays étrangers qui craignaient le développement de lIrak : lIran du Chah et de Khomeiny, les Etats-Unis, Israël. Aucun chef de gouvernement au monde naurait toléré de tels agissements.
Il ne faut pas réduire lIrak à une addition de communautés ethniques ou religieuses, ni croire ce que disent les chefs de milices ou la propagande US. Cest lopinion de lIrakien moyen qui compte. Après plus de 20 ans de guerres et dembargo, il était normal quun certain nombre de gens soit persuadé que le renversement du régime débouche sur un règne de paix et dabondance.
Aujourdhui, les sondages montrent que la majorité des Irakiens regrette lépoque Saddam, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité.
QUE FAIRE : Selon vous quest-ce qui a poussé les Américains à faire exécuter Saddam Hussein si vite ?
G.M : Pour plusieurs raisons. Le procès dit dAl-Anfal, au sujet de la guerre au Kurdistan, risquait de déraper. Comme la dit dernièrement lancien Premier ministre russe Evgueni Primakov, ils lont tué pour lempêcher de parler des relations Irak/Etats-Unis dans les années 80 et de leur rôle dans cette guerre.
Les Américains espèrent que la disparition de Saddam Hussein va déclencher une lutte pour le pouvoir au sein du parti Baas et provoquer des scissions. Ils voulaient renforcer Nouri Al-Maliki face à la montée en puissance de Moqtada Al-Sadr, prendre ce dernier de vitesse au moment où il négociait avec des partis sunnites la création dun bloc parlementaire capable de renverser le « gouvernement ».
La décision de pendre Saddam a été prise lors de la visite dAl-Maliki à Washington, et confirmée lors de celle dAbdul-Aziz Al-Hakim, chef du Conseil Suprême pour une Révolution Islamique en Irak. George Bush aurait insisté pour que lexécution ait lieu avant son discours à lEtat de lUnion. Il avait déjà réclamé que la condamnation à mort du Président irakien soit prononcée avant les élections de mi-mandat en novembre dernier.
Les chefs chiites pro-iraniens craignaient aussi que Saddam Hussein sévade et revienne au pouvoir ! Ils ont programmé la pendaison le jour sacré de lAïd sunnite pour élargir un peu plus le fossé creusé avec les chiites.
QUE FAIRE : En tenant compte des mentalités orientales et du passé de laccusé que pensez-vous des cris de vengeance proférés avant lexécution ?
G.M : Ce lynchage nest pas seulement lacte de vengeance dun groupe terroriste. Cest aussi une opération de basse politique intérieure chiite. Les cris « Moqtaqa Moqtada » ont été poussés, semble-t-il, par des membres des Brigades Badr ou dAl-Dawa. Lorganisateur en chef de lexécution y compris de la vidéo pirate - est Mouafak Al-Roubaï, dirigeant dAl-Dawa et inamovible directeur du Conseil de sécurité irakien. Cest lhomme des Américains par excellence. Cest serait lui qui a fait courir le bruit que Moqtada Sadr était le bourreau qui passait la corde autour du cou de Saddam Hussein.
Moqtada a démenti linformation dans une interview accordée au quotidien italien La Republica. Il nétait pas là. Il affirme quon laurait assassiné sil y avait été présent. Il accuse ceux qui ont crié son nom davoir été payés pour le faire, pour le brouiller avec les sunnites. Il ajoute que sil avait été chargé de lexécution de Saddam Hussein il laurait pendu en public. Saura-t-on un jour ce qui sest réellement passé le 30 décembre ?
En tout cas, la vengeance appelant la vengeance, je ne donne pas chère de la peau de ceux qui ont commis ce crime.
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