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Par demhaitam le 15 Novembre 2006 à 16:53
Les Talibans partent en guerre en Hindu Kuch
avec la bénédiction des Américains
Le ramadan est un mois particulièrement paisible: jeûne pendant la journée, nuits blanches festives, solennelles et pieuses lactivité de certains en est paralysée.
Dautres pourtant se sentent vraiment encouragés à interpréter à leur manière le djihad, cest-à-dire le «combat sur le chemin de Dieu». Les Talibans, le mouvement islamiste Hezb-e Islami et dautres résistants sont très actifs et de bonne humeur: le ravitaillement en armes et en autres matériels se passe bien. Il y a de largent frais. Et devant le bureau denregistrement, dans la métropole maritime pakistanaise de Karachi, 700 jeunes gens, dont la moitié sont des femmes, font la queue pour aller sacrifier leur vie en tant que kamikazes en Afghanistan.
Ils téléphonent sans cesse, ce qui fait partie du travail préparatoire de létape pakistanaise. Ils font usage du fax et de lInternet et circulent armés, en Jeep, dans la ville et à travers le pays. Les responsables se mettent daccord avec leurs officiers de liaison pakistanais, nhésitant pas à se rendre parfois à Islamabad.
Double jeu pakistanais? Sûrement pas. Vu la manière dont on opère, il ne fait aucun doute que cette agitation est non seulement tolérée mais voulue par les Etats-Unis.
Ces opérations se font au grand jour. Aucun acteur nessaie le moins du monde de les tenir secrètes. Le malléable président pakistanais Moucharraf, qui assume également quelle chance! la fonction de général, a dit clairement dans ses mémoires «In The Line of Fire» que sil ne se soumettait pas à la volonté des Etats-Unis, ceux-ci bombarderaient son pays sans hésiter.
Lauteur de ces lignes a déjà écrit ceci il y a quatre ans. Moucharraf se garde poliment de dire que les préparatifs américains dattaque de lAfghanistan, à partir du 7 octobre 2001, avaient commencé au Pakistan au début davril 2001. Cela veut dire quils étaient pratiquement terminés aux USA au début de 2001.
Actuellement, on connaît de mieux en mieux les circonstances qui ont entouré un accord, à lorigine secret, conclu par les autorités pakistanaises avec lautorisation explicite des commandants de lOTAN. Cest le président Moucharraf lui-même qui sest exprimé sur cette autorisation inattendue. Comme lont laissé entendre les presses pakistanaise et afghane, cet accord a été conclu avec les Talibans, probablement au plus haut niveau, avec le Mollah Omar notamment. Voici les éléments les plus importants de cet accord:
La province pakistanaise du Nord-Waziristan, dont la capitale est Miramshah, a une frontière ouverte avec lAfghanistan depuis le 5 septembre. Les Talibans ont toute liberté de mouvement. Ils ont dû cependant accepter en contrepartie de cesser leurs violences en Afghanistan. Conséquence directe de cet accord: une augmentation de 300% du petit transfert frontalier des Talibans et dautres résistants. Cest ce quont écrit différents journaux qui se fondaient sur des sources de lOTAN. Parmi ces organes de presse figurent le journal pakistanais Post et le journal afghan Daily Outlook Afghanistan. Ce qui est intéressant, cest quils écrivent pratiquement la même chose. Plusieurs vedettes de la résistance qui figurent sur la liste des personnes les plus recherchées se sont installées ouvertement au Waziristan. LOTAN fait état dune intensification considérable des activités militaires de la résistance, ce qui veut dire quapparemment personne, au sein de la résistance afghane, ne respecte le cessez-le-feu. On a limpression que cela nétait pas prévu. A Miramshah, deux bureaux des Talibans travaillent tout à fait au grand jour mais personne na le droit dy entrer, même pas les Services de renseignements allemands. Officiellement, même les agents américains ny ont pas accès, mais personne ny croit car des témoins les y ont vus.
Fait remarquable: apparemment, le gouvernement pakistanais selon ses déclarations officielles considère laccord entre le Waziristan et les Talibans comme un modèle pour toute la frontière avec le voisin du Nord. Cela pourrait conduire notamment à un renversement du gouvernement Karzai, à une division de lAfghanistan, comme cela est prévu pour lIrak.
Un jeune banquier, descendant dun chef de gouvernement régional afghan, dit que ses relations daffaires et lui-même retirent peu à peu leurs familles et leurs valeurs dAfghanistan. La confiance se perd rapidement et linsécurité sinstalle.
Lors du débat du parlement allemand sur la prolongation du mandat de la Force internationale dassistance à la sécurité (ISAF), ces questions nont pas été abordées. Le ministre de la Défense Jung a demandé une nouvelle stratégie pour lAfghanistan, mais il a manifestement oublié de mentionner que ses généraux y travaillent depuis longtemps avec lOTAN et quelle est apparemment en place depuis plus de deux mois. Son collègue Steinmeier, qui devrait lui aussi en être informé, a également oublié de le dire.
Lambassade dAllemagne à Kaboul, auparavant accueillante, se montre maintenant très réservée: elle refuse les entretiens. Même le groupe spécial Afghanistan du ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin ne veut pas prendre position.
Les parlementaires allemands vont-ils avoir limpression dêtre trompés par le gouvernement fédéral? Ces prochains jours le montreront. Hier on entendait dire à Paris que la France allait retirer ses troupes de la ISAF. Mais officiellement, la France a simplement confirmé quelle examinait toutes ses activités militaires.
A Kaboul, le soleil se couche, le muezzin appelle à la prière. La fin du jeûne quotidien approche. Le ramadan va sachever dans une semaine à peine.
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