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Par demhaitam le 28 Octobre 2006 à 01:02
La guerre expliquée aux enfants
Eric SouléPublié le dimanche 6 avril 2003" A lécole, à la maison : comment expliquer la guerre aux enfants ". Le 2 avril, La Dépêche du Midi se pique de pédagogie (guerrière) : Hervé Monzat, lauteur de cet article, avec laide dEdwige Antier, pédopsychiatre, nous aide à répondre à " la question des bons et des méchants ".
E. Antier confirme :
" Dans les cours de récréation, les enfants jouent à Saddam, à Ben Laden et à Bush pendant la récré sans vraiment savoir où est le mal, où est le bien. En fait, tout dépend de lopinion des parents. Un enfant qui a entendu ses parents dire beaucoup de mal de Bush lidentifiera comme le méchant. "Voyez comme cest habile. Dire qu " un enfant qui a entendu ses parents dire beaucoup de bien de Saddam Hussein lidentifiera comme le bon ", eut été un procédé trop grossier. On préfère prêcher linverse pour le sous-entendre. Mais on fait reposer la responsabilité de lamalgame sur le dos des parents alors même que cest La Dépêche du Midi qui crée cet amalgame [1] en réduisant le problème aux " bons " et aux " méchants ".
" Confusion sur les personnages principaux de cette guerre, mais aussi sur sa proximité ",
Hervé Monzat reconnaît ici son partis-pris. Si considérer que Bush est " méchant " est une confusion, cest que La Dépêche du Midi juge quil est " bon " (selon le procédé simplificateur quelle emploie elle-même).Un second article, signé mystérieusement P.J., nous explique quun directeur décole élémentaire et ses enseignants furent " surpris " par
" des réflexions du type "quelle connerie la guerre" ou encore "Bush est un salaud qui va bombarder des enfants" ".
Il est vrai que la guerre est une chose formidable et que le bombardement, hors de toute légalité de la population civile irakienne - provoquant la mort de femmes et denfants comme on le déplore ces derniers jours - devraient provoquer chez nous une immense gratitude.Puis La Dépêche du Midi de surenchérir :
" Julien a déjà une opinion : "Saddam Hussein menace les gens de les tuer sils ne votent pas pour lui et Bush veut augmenter la richesse et la puissance de son pays". Une guerre entre méchants ? "
Cette question et le doute quelle suscite confirment, après avoir lu larticle dHervé Monzat, la prise de position pour Bush, même si La Dépêche du Midi se cache derrière son " objectivité ".Et mieux que de la prôner elle-même, elle le fait dire au directeur de lécole :
" Dans les classes de cours moyens, on a discuté des notions de respect et de droit à la différence, évoqué la dictature et la démocratie qui figurent au cours dinstruction civique. En revanche, les questions sur les détails morbides de la guerre, les avions et les chars dassaut ont été évacués. "Le plus difficile, cest de rester neutre tout en évitant de banaliser la guerre" estime Christian Pech. "Cela me rappelle la commémoration du 11 novembre dans ma commune, où la mairie a imposé à la bibliothèque -municipale- une exposition de photographies de la première guerre mondiale. Des images de cadavres, asphyxiés par lhypérite, des gueules cassées, défigurés par les éclats dobus ? Pas du tout, on nous montre des soldats souriants, des officiers à cheval sur des canons, des soldats se photographiant entre eux, des tranchées bien propres, des costumes impeccables, la fierté de notre nation. Plusieurs fois par semaine, la majorité des enfants de lécole municipale sont passés devant cette exposition.
La propagande nest pas réservée au temps de guerre, elle continue longtemps après pour légitimer le sacrifice de civils et de militaires. La question que lon devrait se poser, ce nest pas comment expliquer la guerre aux enfants mais quelle image de la guerre veut-on donner à nos enfants ?
Il est certain que le bourrage de crane dépend de sa couleur. Selon le directeur,
" il nexiste pas de méthode plaquée. Tout dépend de lage des élèves, des caractéristiques de la classe. Jai exercé dans des quartiers à forte population maghrébine. Je naurais sans doute pas abordé le sujet de la même façon quici. "
Effectivement, sur la photographie qui illustre larticle, le directeur est entouré de quatre élèves blancs. On remarquera la finesse dans le choix du mot " caractéristiques " pour distinguer socialement et selon leur origine les élèves. Et que la solution proposée en pareil cas est lauto-censure.Lors de la guerre du Kosovo, les médias nous ont désinformés (exagération du nombres de mort, par exemple) en inventant ce quils nous montraient ; pendant la guerre du Golfe, ils ont servi la propagande nous montrant ce que leur donnait le commandement américain ; maintenant que beaucoup ont pris position contre la guerre, ils ne peuvent plus employer des méthodes aussi grossières : dorénavant leur meilleur atout est lamalgame. Il leur permet de se cacher derrière lobjectivité en discréditant les personnes et arguments contre la guerre.
_________________________________________________[1] On peut trouver de nombreux amalgames dans tous les médias, par exemple : " 16 heures 20. La tête du cortège atteint la Place de la Bastille. A la même heure, des soldats américains tombent dans une embuscade et sont tués dans le désert irakien ". Voir Fragments de propagande télévisée.
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