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Par demhaitam le 30 Janvier 2007 à 19:55
Etats-Unis, Israël, Iran : vous avez dit
« prolifération » ?
« Y a-t-il plus grand danger pour notre planète que la prolifération nucléaire ? » Celui qui vient de poser cette question fondamentale, et fondamentalement juste, la posée à un moment juste. Cest-à-dire au moment où Israël, 40 ans après lavoir construite, fait savoir quil dispose de larme nucléaire
Centrale nucléaire de Dimona en Israël
et, quexpert en guerre préventive, il fait en même temps savoir quil dispose de suffisamment duranium enrichi pour attaquer lIran avec des armes nucléaires (tactiques bien entendu), lIran qui, à la différence dIsraël, a signé le traité de non prolifération (TNP).Et tout le monde sait que, si lIran envisage de réaliser des armes nucléaires, il est encore loin de pouvoir en disposer. Mais surtout, tout le monde sait que plus on le menace et a fortiori plus on lattaque, plus lIran sera encouragé à quitter le traité de non prolifération et à produire larme nucléaire au plus vite. Ce traité ayant perdu ses capacités de freinage, la prolifération connaîtrait alors un nouvel et irrésistible élan.
Déjà les Etats-Unis, les vrais pères de la prolifération dont Israël et la France ont été les premiers bénéficiaires stratégiquement choisis - comme dailleurs lIran du Shah un peu plus tard - viennent de décider dencourager les pays arabes à se doter à leur tour de la technologie nucléaire avec laccord tacite dIsraël.
De quoi sagit-il avec cette nouvelle décision qui déclenche délibérément une prolifération nucléaire généralisée au Moyen-Orient bientôt transformé en poudrière nucléaire ?
Tout le monde le sait : le régime égyptien a été autorisé par Washington à relancer son programme nucléaire dans le but de « contenir » la popularité du président Ahmadinejad en se situant sur son propre terrain, la possession de la technologie nucléaire. En octobre 2006, le sommet du Caire, qui a réuni avec lEgypte et la Jordanie les six pays du Golfe avec la participation de Condoleezza Rice, a en quelque sorte officialisé le lancement de cette nouvelle étape de la nucléarisation du Moyen-Orient.
Lobjectif est triple :
1. démontrer que cest le programme iranien qui provoque la course au nucléaire dans le Moyen-Orient,
2. montrer que même les Etats-Unis ne sont pas opposés à la production dénergie nucléaire par un pays arabo-musulman,
3. dédouaner le nucléaire israélien, le banaliser et surtout en parler le moins possible.Certains opposants en Egypte sont même persuadés quil y a eu des discussions avancées entre Etats-Unis et Egypte pour faire accepter par lEgypte une attaque militaire américano-israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. Certes, cette nouvelle étape de la prolifération nécessitera encore des délais avant de devenir opérationnelle. Mais la prolifération est en marche - elle est aussi un marché - et rapproche toujours plus le moment dune guerre nucléaire qui mènera le Moyen-Orient vers labîme.
Pendant ce temps aujourdhui, les Etats-Unis et Israël se préparent déjà à pratiquer ce quils appellent une attaque préventive dans le cadre dune stratégie dite de « contre-prolifération ». Officiellement il sagit de prévenir toute attaque, ou de dissuader tout pays de vouloir développer une capacité nucléaire. En même temps, les Etats-Unis sarrogent unilatéralement le droit détablir quels sont les pays que lon doit empêcher de se doter de cette capacité nucléaire (à partir du moment où Israël est exclu de cette liste).
Tel est le cadre stratégique qui préside aux préparatifs de la guerre israélo-américaine contre lIran : le XXIe siècle sera celui de lemploi des armes de destruction massive, en particulier nucléaires. Et vouloir mener une attaque nucléaire pour prévenir léventualité souvent improbable que dautres pourraient utiliser ces armes ne fait que renforcer la probabilité que les pays menacés ou attaqués accélèrent leur projet de sen doter dans lespoir de mieux se défendre, et même de ne pas être attaqués. A ce rythme, la prolifération a de beaux jours devant elle. Mais nest-ce pas le but recherché ?
Aujourdhui, après le rapport Baker-Hamilton qui propose une nouvelle approche américaine au Moyen-Orient, Bush ne veut rien entendre. Lapproche néo-cons. reste dominante dans son entourage. Face aux échecs afghan et irakien, face à la défaite aux élections, face aux critiques de son propre parti, du big business et de ses propres généraux, Bush lui-même, inspiré par un fondamentalisme religieux qui allie vendetta biblique et mission évangélique, choisit encore lescalade militaire.
Le dernier voyage de Condoleezza Rice au Moyen-Orient, destiné officiellement à faire redémarrer la négociation israélo-palestinienne à partir de la Feuille de route, avait un tout autre objectif, celui de construire la coalition anti-iranienne avec certains gouvernements arabes, une revue des troupes plutôt quune mission de bons offices comme le dit Philippe Gélie dans Le Figaro du 14 janvier dernier. En Israël, les préparatifs vont bon train, que ce soit avec les exercices de la petite flotte de sous-marins Dolphin équipés de missiles de croisière à tête nucléaire, et déjà déployés dans locéan Indien, accompagnés de chasseurs bombardiers F16 armés de bombes (conventionnelles et nucléaires) à haute pénétration... Pendant ce temps se mène une campagne diplomatique pour isoler au maximum lIran qui va jusquen Chine et qui passe par Damas. Enfin, une machine de propagande a été lancée pour préparer lopinion internationale à accepter lintervention militaire. En France, cela passe par un paquet darticles ou tribunes de toutes sortes et par une succession dencadrés publicitaires qui demandent aux États européens de « refuser les violations du droit international et du traité de non prolifération des armes nucléaires signé par l Iran ». Tout le monde politique ou presque tombe dans le panneau. Il ny a plus que Jacques Chirac qui résiste.
Plus que jamais il apparaît indispensable, pour renforcer le système de non-prolifération, de créer de nouveaux organes de contrôle simposant à tous en sachant que, pour éviter toute prolifération, la meilleure garantie serait le mise en oeuvre immédiate dun processus de dénucléarisation de toute la région comme lont demandé à plusieurs reprises les conférences de révision du TNP. Sinon cest la prolifération assurée, et la catastrophe assurée pour tous les pays du Moyen-Orient, et probablement au-delà.
Au fait, devinez qui vient de nous rappeler cette vérité tragique que le plus grand danger pour notre planète est la prolifération nucléaire - vérité qui ne peut, comme le fait le TNP, que sadresser aux pays disposant déjà de larme nucléaire (dont les Etats-Unis et Israël) comme à ceux souhaitant éventuellement en disposer (dont lIran). Eh bien, cest Roger Cukierman, au dernier repas du CRIF.
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