•  La Palestine, emblématique d’un Moyen-Orient divisé

    Les événement aux Moyen-Orient ont rarement été aussi interdépendants et entremêlés pendant notre courte histoire politique.

    La guerre civile qui fait rage en Irak, les combats internes qui s’intensifient dans les Territoires palestiniens occupés et le paysage politique qui connaît une polarisation accrue au Liban relèvent d’un dénominateur commun évident : la dichotomie entre la modernité et le conservatisme.

    En même temps, la réapparition d’alliances entre d’un côté l’Iran, la Syrie et les forces politiques dures dans différents Etats- nations du monde arabe et de l’autre côté une coalition stratégique de régimes arabes « modérés » alliés à l’Occident, met en évidence l’ordre qui régit actuellement la société internationale au début du 21ème siècle, à savoir respectivement le nationalisme religieux et le réalisme politique.

    Cette analogie rigide est bien sûr inacceptable, à des degrés divers, pour les forces politiques des deux côtés de l’équation.

    Pour les conservateurs il s’agit essentiellement d’un combat nationaliste contre la domination occidentale qui a simplement pris la forme de loyautés religieuses (islamiques), particulièrement en conséquence du vide politique induit par la chute de l’Union soviétique et de la désintégration qui s’en est suivie des mouvements socialistes sur les terrains de bataille de la guerre froide, y compris le Moyen-Orient.

    En d’autres termes, les forces politiques islamiques au Moyen-Orient actuel sont l’alternative naturelle aux mouvements de gauche très affaiblis qui avaient constitué le gros de l’opposition dans les années 60, 70, et la plus grande partie des années 80.

    Quant aux modérés, les régimes classiques au Moyen- Orient, leur quête est basée sur une interprétation pragmatique des relations internationales, et un effort conscient pour intégrer leurs sociétés ( les structures économiques et politiques) dans un ordre global compatible avec les intérêts stratégiques occidentaux dans la région. Ce camp a défini sa logique et sa vision sur la base de l’équilibre de pouvoir inévitable, surtout dans le cadre de la doctrine de la « guerre contre le terrorisme » dictée par les Etats- unis après les attaques du 11 septembre 2001.

    Cependant, même si l’on peut avoir des réserves sur l’établissement en catégories de ces deux camps, il est indéniable qu’il existe deux sagesses concurrentes dans les forces sociales et politiques au Moyen-Orient, qui déterminent l’avenir de la région de façon inattendue et parfois turbulente.

    L’opinion publique au Moyen-Orient témoigne de l’étendue de la polarisation qui s’est installée graduellement au cours des dernières années.

    Ainsi les sondages d’opinion dans les Territoires palestiniens indiquent que, si des élections législatives étaient organisées comme l’a annoncé le président Abbas le mois dernier, environ 35 % des votes iraient au Hamas malgré l’effet néfaste qu’a eu sa victoire de janvier 2006 sur la structure socio-économique de la société palestinienne. On estime que 35% iraient également au Fatah, le principal mouvement national souvent associé au processus de paix d’Oslo et finalement à des compromis mutuels avec Israël sur la question de la Palestine sur la base de la solution de deux Etats.

    La polarisation de la politique palestinienne, surtout pendant l’année 2006, a largement dépassé les rivalités politiques et instauré une tendance alarmante à des collisions frontales. Le schéma devenu familier des heurts armés entre les partisans du Fatah et ceux du Hamas menace de déchirer le tissu de la société palestinienne. La guerre civile palestinienne n’est plus un cauchemar lointain mais un danger évident et actuel dont l’irruption est actuellement contenue par la constante colonisation israélienne en Cisjordanie, par l’emprisonnement de la Bande de Gaza et par les assauts perpétrés par les militaires contre la population palestinienne ordinaire. Il est horrible de penser qu’une nation sous occupation militaire peut se déchirer, pourtant c’est clairement ce qui se produit.

    Nous avons donc bien des raisons de croire, ou au moins d’envisager l’idée, que les combats politiques internes au Moyen-Orient ne sont pas seulement basés sur des considérations exclusivement nationales, mais plutôt sur une combinaison d’aspirations idéologiques et religieuses qui ont leur source dans des siècles de guerres, d’invasions, de troubles, et sur une évolution historique qui a abouti à une région profondément divisée.

    Après tout, c’est peut-être en interne qu’il faudra trouver les réponses aux difficultés du Moyen-Orient.


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