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Par demhaitam le 9 Janvier 2007 à 18:54
Les Etats-Unis soutiennent linvasion de
la Somalie par lÉthiopie
Ladministration Bush soutient ouvertement linvasion par lEthiopie de son voisin la Somalie.
LEthiopie mène une guerre en tant que mandataire des Etats-Unis. En une semaine, elle a défait les forces loyales à lUnion des tribunaux islamiques et a avancé à moins de 100 kilomètres de la capitale Mogadiscio. [NDT : Les troupes éthiopiennes ont annoncé jeudi quelles entraient dans la capitale.]
Les jets éthiopiens ont attaqué laéroport international de Mogadiscio et la base de larmée de lair à Balidogle dans le sud de la Somalie. La Croix rouge a rapporté des centaines de victimes.
Le premier ministre éthiopien Meles Zenawi a déclaré que plus de 1000 personnes étaient décédées et 3000 blessées dans des combats aux abords de la ville de Baidoa.
Le 26 décembre, la porte-parole du département dEtat américain Jannelle Hironimus a décrit lattaque illégale de lEthiopie comme une réponse à une « agression » des islamistes et comme une tentative de stopper le flot des armes qui leur sont livrées. Washington était aussi préoccupé de rapports faisant étant que les islamistes utilisaient des enfants soldats et quils maltraitaient les prisonniers de guerre éthiopiens, a-t-elle ajouté.
LEthiopie ne pourrait pas avoir entrepris une attaque dune telle envergure sans avoir auparavant obtenu le feu vert de ladministration Bush. Les Etats-Unis ont une base militaire à Djibouti et peuvent monitorer les mouvements de troupes dans la région par satellite. Ils ne peuvent pas avoir ignoré le regroupement des forces militaires éthiopiennes. Lancien haut responsable du département dEtat américain John Pendergast a admis que « Nous donnons maintenant un feu jaune-vert à la politique éthiopienne de lendiguement. »
Non seulement linvasion éthiopienne est-elle un acte dagression, mais elle est aussi extrêmement téméraire. Un conflit en Somalie peut impliquer toute la région et sétendre même au-delà de la Corne de lAfrique.
LUnion des tribunaux islamiques (UTI) a pris le contrôle de la Somalie plus tôt cette année après quils eurent défait les seigneurs de guerre des clans qui étaient soutenus par les Etats-Unis. Jusquà loffensive éthiopienne actuellement en cours, la plus grande partie du pays était dans les mains de lUTI à lexception de Baidoa, la base du gouvernement fédéral de transition (GFT). Le GFT a été mis en place par les Nations unies en 2004 et a bénéficié dun appui massif des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, mais na quun appui limité en Somalie même où il na jamais réussi à étendre son autorité au-delà de Baidoa. Il comptait sur le soutien de larmée éthiopienne.
La lutte entre les forces de lUTI et les troupes éthiopiennes ont éclaté le 19 décembre dans les environs de Baidoa. Le jour suivant, la BBC a rapporté que les chars dassaut éthiopiens étaient en territoire somalien. Le 25 décembre, les frappes aériennes éthiopiennes ont commencé et il était rapporté que les forces de lUTI battaient en retraite.
La guerre sous mandat de Washington contre lUTI est lié avec la débâcle américaine en Irak et les pertes des républicains lors des élections américaines de novembre en conséquence dun important sentiment anti-guerre. Rejetant tout appel pour un changement de politique en Irak même, ladministration Bush a répondu avec des préparatifs pour augmenter son offensive militaire dans ce pays. Au même temps, elle a augmenté ses menaces contre lIran.
Aujourdhui, elle encourage lEthiopie à lancer une invasion contre ce quelle considère comme une force islamiste hostile dans la Corne de lAfrique, stratégiquement vitale.
Les Etats-Unis se sont constamment opposés aux appels des européens pour établir une relation fonctionnelle avec lUTI, la dénonçant comme un front terroriste. Une des principales personnalités de lUTI, Shiek Hassan Dahir Aweys, est sur la liste américaine des terroristes recherchés. Ladjoint au secrétaire dEtat pour lAfrique, Jendayi Frazer, déclare que lUTI est contrôlé par une cellule est-africaine dal-Qaïda avec des liens avec les bombardements des ambassades américaines en Afrique.
Washington a été clair quil ne serait satisfait quavec linstallation dun régime client en Somalie.
Les Etats-Unis et les autres puissances impérialistes telles la France et lItalie sont politiquement responsables pour le développement de lUTI et de son idéologie de lislam fondamentaliste dans ce pays appauvri. Le colonialisme a tout dabord créé un ensemble morcelé de petits pays dans la Corne de lAfrique comme ailleurs sur le continent, quil a pu ensuite contrôler et exploiter. Il a ensuite préparé la voie à une série de conflits de destruction réciproque dans la période après lindépendance, lorsque la région est devenue le lieu de luttes de la Guerre froide entre les Etats-Unis et lUnion soviétique pour linfluence régionale.
Washington et Moscou ont fait pleuvoir les armes dans la Corne de lAfrique alors quils luttaient pour le contrôle de cette région stratégique, qui surplombe les voies maritimes utilisées pour le transport du pétrole moyen-oriental.
La Somalie a été un allié des Soviétiques jusquà ce que le Derg, une junte militaire dirigée par Mengistu Hailé Mariam a renversé lempereur éthiopien Hailie Selassie en 1974 et que lUnion soviétique sest tourné vers le nouveau régime éthiopien. Le gouvernement américain a saisi loccasion qui lui était offerte de former une alliance avec la Somalie, offrant au régime des millions de dollars darmes sophistiquées.
Les Etats-Unis ont appuyé le dictateur Siad Barré malgré ses prétentions de construire le « socialisme scientifique ». A la fin des années 1970 et dans les années 1980, la Somalie est devenue la plus importante bénéficiaire de laide américaine en Afrique. La majeure partie de cette aide est allée à des projets militaires.
Sous le parrainage américain, Siad Barré a créé les conditions pour la famine et la militarisation de la société qui ont mené à lanarchie et à la guerre civile des quinze dernières années. Il a fomenté les rivalités entre les clans qui ont subséquemment déchiré le pays.
LUTI a pu prendre le pouvoir cette année avec sa politique antidémocratique dimposition de la charia, la loi islamique, parce que la population somalienne, en particulier le monde des affaires, était fatiguée des luttes sanglantes entre les seigneurs de la guerre.
Lorsque Siad Barré a été renversé en 1991, une unité des Marines américains a été amenée du golfe Persique pour évacuer lambassade américaine. Un an plus tard, les Etats-Unis retournaient en Somalie en force prétextant une opération humanitaire. La réalité était que les 30 000 soldats, les hélicoptères de combat et les navires de guerre déployés par George Bush père dans lopération Restore Hope y ont été envoyés pour reprendre le contrôle de la Somalie et pour consolider les gains que les Etats-Unis ont faits au Moyen-Orient dans la guerre du Golfe de 1991.
Lintervention américaine en Somalie a continué sous Clinton, mais les Etats-Unis ont été forcé de se retirer ignominieusement en 1993 après que deux hélicoptères Black Hawk ont été abattus et 19 soldats tués dans la capitale Mogadiscio. Depuis lors, limportance de la Somalie a plutôt augmenté que diminuer, après quil a été connu que la Corne de lAfrique recelait dimportantes ressources minérales, y compris le pétrole.
Les préparatifs de la guerre actuelle ont commencé cet été lorsque lUTI a pris contrôle de Mogadiscio. Alors que lUTI élargissait rapidement son emprise sur le reste du pays, les Etats-Unis commençaient leurs opérations secrètes pour reprendre la Somalie en faisant affaire avec des sociétés militaires privées. Des courriels qui sont parvenus à lObserver et lAfrica Confidential en juin de cette année révélaient que Select Armor, ATS Worldwide et Special Associated Services des sociétés privées de mercenaires avaient rencontré la CIA pour discuter dopérations en Somalie. Ils ont aidé les forces éthiopiennes à défendre le GFT à Baidoa.
Un courriel affirmait que les agences de Nations unies étaient « de leur côté ». On aurait dit à des membres du personnel de lONU à Nairobi que lopération mercenaire avait lappui total des Etats-Unis. LONU ne sest certainement pas opposée à la présence de lEthiopie ou des mercenaires en Somalie, malgré le fait que cette intervention violait lembargo de lONU sur les armes. Son silence est la preuve de sa complicité dans la guerre qui se développe présentement.
La dernière phase de lopération a été probablement discutée plus tôt ce mois-ci, durant la visite du général John P. Abizaid, commandant du Commandement central des forces américaines (Centcom), en Ethiopie. Selon le New York Times, Zenawi a assuré Abizaid que lEthiopie pouvait paralyser les forces islamiques « en une ou deux semaines ».
Abizaid était bien conscient quune invasion éthiopienne « entraînerait une crise humanitaire à travers la Corne de lAfrique » selon des représentants du Centcom. Le secrétaire dEtat adjoint américain pour lAfrique, Frazer, a aussi admis que « Si cela se rend jusquà laffrontement militaire, ce sera un massacre. »
UNICEF évalue que 8 millions de personnes, dont 1,6 million denfants, sont au bord de la famine dans la Corne de lAfrique. La région a été frappée par dimportantes sécheresses et inondations. Les organismes daide peinent déjà à soccuper dun demi-million de personnes déplacées. Les récoltes et le bétail ont été perdus. Le niveau de malnutrition au sud de la Somalie serait très élevé : un cinquième des enfants serait sous-alimenté. Une petite fraction seulement de ces enfants recevrait de laide alimentaire. Et la guerre ne peut quempirer grandement la situation.
Une nouvelle « ruée vers lAfrique »
La domination américaine de la Corne de lAfrique et du reste du continent est menacée par des puissances rivales, et particulièrement à la suite du fiasco en Irak. Comme la dit récemment à la BBC Chester A. Crocker, qui était secrétaire dEtat adjoint pour lAfrique sous le président Reagan, « LAfrique est de nouveau en jeu. »
Crocker a fait remarquer : « Cest un environnement plus compétitif qui donne une plus grande influence aux chefs africains ainsi quaux compétiteurs potentiels de linfluence diplomatique américaine. Ce nest pas que la Chine : il y a le Brésil, les Européens, la Malaisie, la Corée, la Russie, lInde. »
« Les Etats-Unis ont encore beaucoup dinfluence », a affirmé S. O. Mageto, un ancien ambassadeur kenyan à Washington, « Mais pas autant quavant. »
Et nulle part cela est-il plus évident quau Soudan qui, malgré les sanctions, possède lune des plus rapides croissances économiques au monde et certainement la plus rapide en Afrique, grâce principalement à linvestissement chinois dans son industrie pétrolière. « Nous avons appris que navions plus besoin des Américains », a déclaré Lam Akol, le ministre des Affaires étrangères du Soudan. « Nous avons trouvé dautres avenues. »
La réaction des Etats-Unis est encore une fois de défendre ses intérêts par la force des armes. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont ainsi menacé dimposer une zone dexclusion aérienne à louest du Soudan et envisagent la possibilité de mener des frappes aériennes.
Les dirigeants africains jouent le rôle de marionnette pour limpérialisme américain. Zenawi dEthiopie agit déjà en tant que mandataire des Etats-Unis et il est rapporté que le président ougandais, Yoweri Museveni, ne peut attendre denvoyer des troupes en Somalie
La secrétaire dEtat des Etats-Unis Condolezza Rice a rencontré le ministre des Affaires étrangères ougandais Sam Kutesa à Washington la semaine dernière et dit que lOuganda a un rôle clé à jouer dans la région. Museveni, qui a déjà envahi le Congo, a de grandes ambitions régionales et la province du sud du Soudan riche en pétrole juste au nord est une cible tentante.
Les combats qui ont pris place en Somalie durant les dernières semaines ne sont que la phase douverture dune guerre beaucoup plus longue impliquant beaucoup plus de pays. Selon un rapport récent du Groupe de contrôle de lembargo de lONU pour la Somalie, lUTI est approvisionné en armes et entraînement militaire par l'Erythrée, Djibouti, lEgypte, la Libye, lArabie saoudite et la Syrie, aussi bien que le Hezbollah et le Liban.
Il est dit que le UTI possède des missiles sol-air et des armes antitanks de seconde génération. L'Erythrée, a fait au moins 17 livraisons darmes
Les alliés de lUTI ne peuvent se permettre de ne pas répondre à lavancée de lEthiopie. Le rapport du groupe de supervision de lONU avertit que la Somalie pourrait sombrer « dans une situation semblable à celle qui règne en Irak, avec beaucoup dattentats suicides et dattaques le long des routes, dassassinats et autres formes dactivités terroristes insurrectionnelles ».
L'Erythrée ne peut pas se permettre de laisser la Somalie tomber sous la domination de lEthiopie, contre laquelle il a mené une lutte acerbe durant laquelle des centaines de milliers de personnes sont mortes entre 1998 et 2000. Même les pays du Moyen-Orient pourraient être entraînés dans le conflit.
LUnion arabe a condamné laction de lEthiopie. LUnion africaine a apparemment appuyé lEthiopie, mais les Etats africains sont divisés. LEthiopie, lOuganda et le Yémen appuient le GFT. La Libye et le Soudan pourraient bien se ranger derrière lUTI.
Bien que les Etats-Unis aient tenté supplanter ses rivaux en orchestrant linvasion de la Somalie par lEthiopie, il se pourrait quils naient réussi quà faire en sorte que la Corne dAfrique ne devienne le point focal des rivalités inter impérialistes explosives. Lenvoyé de lUnion européenne, Louis Michel était en train de négocier un partage du pouvoir entre les deux partis lorsque lEthiopie a lancé son offensive. Ses efforts diplomatiques sont maintenant tombés en ruine.
La France, la Chine et la Russie ont récemment bloqué une tentative américano-britannique au Conseil de sécurité qui donnait aux pays voisins tels que lEthiopie, lOuganda et le Kenya la possibilité dagir comme force de maintien de la paix en Somalie sous mandat de lONU.
Salim Lone, le porte-parole de la mission de lONU pour lIrak en 2003, a décrit laction de lEthiopie dans un commentaire publié dans lédition du 26 décembre du International Herald Tribune de « guerre mandaté avec insouciance par les Etats-Unis ». Il écrit que « malgré les horreurs et défaites de la guerre en Irak et Afghanistan et au Liban, ladministration Bush a ouvert un autre front militaire dans le monde musulman
« La guerre entre lEthiopie et la Somalie, instiguée par les Etats-Unis, deux des pays les plus pauvres de la planète luttant déjà contre des désastres humanitaires massifs, est insouciante à lextrême. Comme lors des préparations contre lIrak, les experts indépendants, incluant ceux de lUnion européenne, étaient tous daccord pour dire que cette guerre pourrait déstabiliser la région entière même si les Etats-Unis réussissaient à renverser lUnion des tribunaux islamiques. »
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