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Par demhaitam le 21 Novembre 2006 à 20:03
Enfants prisonniers en Irak
par Neil Mackay« On ne connaît pas exactement le nombre denfants détenus par les forces de la coalition en Irak, mais lenquête menée à terme par le Sunday Herald suggère quil y en a plus de 170 dans des prisons comme Abu Ghraib et Um Qasr. On ne connaît ni leur nombre ni leur lieu dincarcération, combien de temps ils vont-y rester et ce quils ont subi durant leur détention. Selon les témoignages récoltés par ce média, il y a parmi les enfants mineurs détenus, certains qui ont 10 ans et qui sont soumis à des viols et à des tortures. »
Kasim Mehaddi Hilas affirme quau début du mois doctobre [2004], il fut témoin du viol dun garçon âgé denviron 15 ans, incarcéré dans la prison dAbu Ghraib en Irak. « Le garçon était gravement blessé, et toutes les portes étaient recouvertes de draps », déclara-t-il aux enquêteurs sinforment sur les abus faits aux prisonniers dAbu Ghraib. « Lorsque jai entendu des cris, je me suis hissé au-dessus de la porte et jai vu [le nom du soldat est effacé] qui portait un uniforme militaire ». Hilas, qui était aussi menacé dabus sexuels à Abu Ghraib, décrit ensuite avec des détails effrayants la façon dont les soldats violèrent lenfant » [1].Dans la déclaration dun autre témoin récoltée par le Sunday Herald, lex-prisonnier Thaar Salman Dawood affirme :
« Jai vu 2 garçons dénudés, face à face, que lon [un soldat E.U.] frappait pendant quun groupe de gardiens regardait et prenait des photos ; trois femmes soldats riaient des prisonniers. Deux des prisonniers étaient jeunes ».
Un chiffre méconnu
On ne connaît pas exactement le nombre denfants détenus par les forces de la coalition en Irak, mais lenquête menée à terme par le Sunday Herald suggère quil y en a plus de 170. On ne connaît ni leur nombre ni leur lieu dincarcération, combien de temps ils vont-y rester et ce quils ont subi durant leur détention [2].
La preuve des arrestations et des incarcérations généralisées denfants en Irak organisées par les armées E.U. et Britanniques, apparaît dans un rapport interne élaboré en juin par lUNICEF. Étonnamment ce rapport na pas été rendu public. Dans un des principaux chapitres sur la protection des enfants, intitulé, enfants en conflit avec la loi et les forces de la coalition, il est mentionné :
« En juillet et août 2003 plusieurs réunions furent organisées avec lAutorité Provisoire de la Coalition [...] et le ministère de la justice pour travailler des questions des jeunes et de la situation des enfants détenus par les forces de la coalition. [...] Par lintermédiaire de différents canaux, lUNICEF travaille pour obtenir des informations plus précises sur les conditions de détention et dincarcération des enfants et de sassurer si leurs droits sont respectés ».
Il est indiqué dans un autre chapitre :
Linformation référent au nombre, lâge, le sexe et les conditions dincarcération est limitée. Il est mentionné quà Bassorah et Karbala les enfants arrêtés pour des supposées activités à lencontre des forces doccupation, sont automatiquement transférés dans un centre dinternement de Um Qasr [au sud de Bassorah]. La classification « dinternes » de ces enfants est préoccupante, elle implique une détention illimitée sans aucun contact avec la famille, sans expectative de jugement et dun procès approprié ».
Le rapport affirme aussi que « un centre de détention pour enfants a été établi à Bagdad, à lintérieur duquel, selon le Comité International de la Croix Rouge (CICR) il y a un grand nombre denfants en détention. UNICEF informe que les forces de la coalition planifient le transfert dans ce centre de détention « spécialisé » tous les enfants qui se trouvent dans des centres avec les adultes. En juillet 2003 lUNICEF a sollicité une visite de ce centre, mais laccès lui a été refusé. Depuis le mois de décembre dernier les mauvaises conditions de sécurité dans la zone où se situe ce centre de détention ont empêché la visite dobservateurs indépendants tel que le CICR ». Il continue :
« Les détentions injustes dhommes irakiens, y compris des jeunes, suspectés dactions contre les forces doccupation, se sont transformées en frustration croissante pour les jeunes irakiens, devenant ainsi une des principales causes dune radicalisation potentielle de ce groupe de population ».
En service à Abu Ghraib
Les détentions et les abus denfants en Irak ont aussi été étudiés par des journalistes allemands. Un journaliste, Thomas Reutter dans le programme de télévision Report Mainz, sest entretenu avec un sergent Samuel Provance arrivant au terme de 6 mois de service à Abu Ghraib, il lui avait été interdit de parler, mais il raconta tout de même comment fut arrêté un garçon de 16 ans. « Il étai terriblement effrayé, dit Provance. Je navais jamais vu des bras aussi maigres. Son corps entier tremblait. Ses poignets étaient tellement maigres quils ne pouvaient même pas lui mettre les menottes. Jai ressenti de la peine pour lui dès quils lont emmené pour linterroger. Les spécialistes des interrogatoires lont arrosé deau et lont embarqué dans une voiture. Puis ils ont roulé toute la nuit, et à cette époque il faisait très froid. Ensuite ils lont badigeonné de boue et lont présenté ainsi à son père qui lui aussi était détenu. Les autres méthodes interrogatoires appliquées sur lui avaient été vaines. Le spécialiste ma dit quaprès avoir vu son fils dans cet état le père était détruit. Il se mit à pleurer et à promettre de dire tout ce quils voulaient savoir ».
Pendant quil montait un documentaire, un journaliste de la télévision irakienne, Suhaib Badr-Addim Al-Baz, put voir la section des enfants à Abu Ghraib quand il fut arrêté par larmée E.U. Il y est resté 74 jours : « Jai vu là-bas un camp pour les enfants. Des garçons qui nétaient même pas en âge de puberté. Dans ce camps il y en avait une centaine dentre eux en sécurité ». Al-Baz affirme quil a entendu pleurer une fillette de 12 ans. Son frère était également détenu dans cette prison. Un gardien de nuit sest rendu dans sa cellule. « Ils la frappaient. Je lai entendu crier : « ils mont dénudé. Ils mont arrosé avec de leau ». Il dit quil entendait ses cris et ses gémissements ce qui provoquait les pleurs dautres enfants prisonniers lorsquils lentendaient crier tous les jours. Al-Baz racontait aussi quils arrosaient plusieurs fois avec un tuyau deau un garçon de 15 ans jusquà ce quil seffondre. Cest alors que les gardiens amenaient le père du garçon avec une cagoule sur la tête. Le garçon seffondrait alors de nouveau.
Bien que la majorité des enfants soit détenus sous la surveillance états-unienne, le Sunday Herald a pu établir que quelques-uns le sont sous le contrôle de larmée britannique. Les soldats britanniques détiennent les enfants dans des villes comme Bassorah, qui sont sous contrôle britannique, ensuite ils transfèrent les plus jeunes aux états-uniens, qui les interrogeront et les garderont.
Jusquà 107, selon la Croix Rouge
Entre janvier et mai de cette année, la Croix Rouge a enregistré après 19 visites dans 6 prisons de la coalition, un total de 107 enfants mineurs détenus. Rana Sidani, appartenant à cette organisation, affirme quils nont pas dinformation complète ni sur les âges de ces enfants qui sont détenus, ni sur la façon dont ils sont traités. La détérioration de la sécurité a empêché la Croix rouge de pouvoir visiter tous les centres de détention.
Amnesty International (AI) sest indigné quil y ait des enfants en détention. Elle est consciente des « nombreuses violations des droits humains sur les enfants mineurs irakiens, comprenant les détentions, la torture, la maltraitance, et les assassinats ». A.I sest entretenue avec danciens détenus libérés qui confirment avoir vu à Abu Ghraib des enfants de 10 ans. Les dirigeants de lorganisation ont lancé un appel aux gouvernements de la coalition pour quils fournissent linformation concrète au sujet des âges des enfants, le nombre de détenus, les motifs, le lieu où ils se trouvent et les circonstances pour lesquelles ils ont été détenus. Ils veulent également savoir si les enfants ont été torturés.
Alistair Hodgett, directeur de presse de A.I aux Etats-Unis, affirme que la coalition doit être « transparente » en respect à sa politique de détention denfants, il ajoute : « Le secret caché est une chose qui déclenche des alarmes ». Une brève autorisation fut concédé à Amnesty pour quelle visite une prison de Mossoul, mais les permis de visites pour dautres prisons leurs ont été refusé. Il signale que même des pays « [...] qui nont pas de bons antécédents », comme la Libye, autorisent Amnesty à visiter les prisons. « La seule conséquence de ces refus est que cela alimente les rumeurs », insiste Hodgett, qui ajoute quaprès le transfert de pouvoirs les armées Britanniques et états-uniennes ne devraient détenir aucun irakien, et encore moins des enfants. « Lorsque la coalition a livré Sadam [Hussein] elle aurait du livrer également [aux nouvelles autorités irakiennes provisoires] les autres 3000 détenus » [3].
Le ministre de la Défense britannique a confirmé que larmée du Royaume-Uni a transféré des prisonniers à celle des Etats-Unis. Il a également reconnu quil y a actuellement des prisonniers de moins de 18 ans à la prison de Shaibah, près de Um Qasr. Depuis le début de linvasion, les Britanniques ont détenus puis libérés 65 enfants de moins de 18 ans. Il se défend, le CICR avait accès aux prisons Britanniques et aux listes des prisonniers.
Mineurs de 14 ans
Plusieurs hauts fonctionnaires du Pentagone et du Centcom ont déclaré au Sunday Herald que larmée des E.U tenait en captivité des mineurs de 14 ans. « Nous avons des mineurs en captivité », cette source déclare : « ils ont été emprisonné parce que lon considère quils peuvent être une menace ou parce quils ont commis des actes contre la coalition et les irakiens ».
Le Pentagone déclare avoir « [...] une soixantaine denfants mineurs en détention qui ont entre 16 et 17 ans », il est à signaler, que lorsque la Croix Rouge à dévoilé des chiffres supérieurs, la source a admit que « [...] ces chiffres ont pu augmenter ; il est possible que nous ayons détenus plus de garçons ». Les fonctionnaires nont fait aucun commentaire sur des mineurs de 16 ans incarcérés, et signalent : « Cest véritablement difficile de déterminer leur âge. Car à linverse du Royaume-Uni et des Etats-Unis ; il nont aucune pièce didentité ni de certificat de naissance ». Cependant, le Sunday Herald a été informé quau moins 5 enfants de 16 ans sont emprisonnés à Abu Grhaib et Camp Bucca [à Um Qasr]. Une source bien placée au Pentagone affirme : « nous avons enquêté sur les accusations de violation et dabus sur les enfants, et nous navons rien vu de cela ».
La politique officielle du Pentagone est de séparer les enfants mineurs en détention du reste des prisonniers et de leur permettre davoir des contacts avec les membres de leurs familles qui pour certains sont également prisonniers. « Notre principale préoccupation, est déviter que les autres prisonniers nabusent deux et ne les harcèlent. Nous savons quils nécessitent un traitement spécial », affirme un fonctionnaire. Les sources du Pentagone déclarent ignorer la durée dincarcération de ces enfants, mais ils affirment que leurs cas sont révisés tous les 90 jours. La dernière révision a été faite au début de ce mois. Ces sources-là ont confirmé que les enfants ont été interrogé, mais ils nont pu établir si « [...] les interrogations se sont déroulées comme celles des adultes ».
Le gouvernement Norvégien, qui appartient à la « Coalition de la Bonne Volonté » [4], a déjà déclaré quil va dire aux États-uniens que lhypothèse de la torture des enfants est intolérable. Odd Jostein Saeter, secrétaire parlementaire du bureau du premier ministre norvégien affirme :
« Ces agressions sont intolérables. Elles sont contraires au droit international et sont également inacceptables du point de vue moral. Cest la raison pour laquelle nous réagissons avec fermeté. [...] nous nous occupons directement et sévèrement de cette affaire, et nous réclamons des réponses concrètes. Cela terni la lutte pour la démocratie et les droits humains en Irak ».
Au Danemark, qui fait partie de la coalition, lassociation « Save the Children » (Sauver les enfants) a lancé un appel à son gouvernement pour quil exige des forces doccupation, la libération immédiate des enfants prisonniers. Neals Hurdal, directeur de la section danoise de Save the Children, affirme quil y avait depuis le mois de mars les rumeurs que des enfants sous surveillance à Bassorah étaient maltraités.
LUNICEF est « profondément inquiète » à cause des informations sur les enfants ayant subis des abus de la part des forces de coalition. Alexander Yuster, conseillère supérieure de lUNICEF sur la détention des enfants mineurs, affirme que selon le droit international la détention denfants doit être le dernier recours et seulement dans ce cas et pour le moins de temps possible. Ils doivent avoir accès à des avocats, à leurs familles, être maintenus en condition de sécurité, de salubrité, éduqués, bien alimentés et ne doivent être soumis à aucune forme de punition psychologique ou physique. UNICEF tente désespérément dobtenir plus dinformations sur le sort des enfants qui sont actuellement incarcérés dans les prisons de la coalition.
NOTES
[1] Les photos des tortures sur les enfants et les femmes à Abu Ghraib nont pas été diffusées, bien que lon connaisse leur existence.
[2] Les renseignements concrets, sur la détention des enfants mineurs ont été fournis à la délégation de la CEOSI qui a visité lIrak en avril dernier, par une avocate membre de lassociation des avocats en Irak.
[3] Le 26 juillet dernier, le porte parole du Pentagone Larry Di Rita a informé que les forces doccupation E.U maintenaient pour lheure et sous leur surveillance 17000 prisonniers irakiens. Dans ce chiffre il nest pas inclus les 4000 autres prisonniers détenus par les forces de sécurité irakiennes. « Nous détenons un grand nombre dindividus sur qui nous enquêtons, accusés dêtre des criminels ou des insurgés potentiels desquels nous pouvons obtenir des informations supplémentaires [sur la résistance], indiqua Di Rita. Ce chiffre suppose une nouvelle augmentation par rapport au dernier chiffre du Pentagone en mars : 10500 .
[4] Coalition of the Willing, cest le nom donné aux pays des forces doccupation en Irak.
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