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Irak : lescalade promise à léchec
Irak : lescalade promise à léchec
Quatre hommes en arme, une femme victime dune crise de nerfs, un fils qui tente de la rassurer et dont le regard reflète tout autant la terreur que la haine. Pour M. Greenway, du Boston Globe, cette image montre à quel point la tâche assignée aux soldats américains est une mission impossible. Jamais les Irakiens naccepteront de vivre sous la botte étrangère.
par H.D.S. Greenway, pour le Boston Globe
Ce que le président Bush et les partisans de lescalade en Irak ont sous estimé cest la détestation quont les irakiens des troupes étrangères qui font irruption dans leurs maisons, des check points ou lon tire à vue, et de toutes les humiliations nées de loccupation. La présence des troupes étrangères légitime linsurrection.
Une photographie de lAgence France Presse fait voir à quel point lescalade napportera vraisemblablement rien de plus quun succès temporaire, et est condamnée à léchec.
Elle montre quatre soldats américains harnachés de pieds en cap avec leur inquiètant attirail de combat, campés dans le living room dun appartement de Bagdad. Au centre, sur le sol couvert de tapis, git une femme effondrée, vêtue de ses habits noirs traditionnels.
Un homme, identifié comme son fils, la tient dans ses bras. Il a les pieds nus, comme si il avait été pris par surprise. Mais ce qui retient le regard, cest lexpression de terreur et dhorreur de son visage, pendant quil regarde un soldat en arme, le pointant du doigt. Un autre soldat a pris la liberté de faire comme chez lui, en profitant du sofa. La légende de limage nous apprend que la mère a défailli pendant linterrogatoire de son fils.
Joshua Parlow a récemment décrit dans le Washington Post comment les soldats US tentaient dêtre amicaux et sympathiques : « durant les six heures qua duré la patrouille, ils distribuaient des paquets de chewing-gum et des journaux.... Mais les soldats armés de mitraillettes, fouillant les chambres à coucher, cherchant des armes et demandant les papiers irritaient visiblement les résidents ».
Ils font plus quirriter. Un soldat US a confié à Parlow : « Je suis déjà venu ici au début. Maintenant cela a complétement changé. Ils ne nous respectent même plus. Ils nous crachent dessus, ils nous jettent des pierres. Cela ne ressemblait pas à ça, auparavant ».
Quand le président Bush, et les partisans de lescalade parlent de restaurer la loi et lordre à Bagdad, ils sous estiment le fait que cest précisemment la présence des soldats américains qui provoque la résistance, séme le chaos dont les criminels profitent pour agir, et fait des milices le seul recours pour la population. Les américains peuvent essayer daccomplir leur mission humainement, mais cest la nature même de leur tâche que dêtre coercitive, brutale, et finalement contreproductive.
Les soldats américains ne sont-ils pas là pour mettre fin à la violence confessionnelle - empêcher les irakiens de sentre tuer ? Les pouvoirs colonialistes, quand ils occupent un pays étranger, peuvent conserver lappareil de pouvoir préexistant, comme les britanniques lavaient fait en Irak, en gouvernant via les sunnites, ou bien ils peuvent choisir de mettre à bas lordre établi et de porter au pouvoir les anciens dominés, comme les USA ont décidé de le faire avec les chiites.
Mais les USA nont pas obtenu ce quils avaient espéré, et en décidant de combattre dans le même temps les milices chiites et les rebelles sunnites, ils sont au milieu de la guerre civile.
Pourtant, au bout du compte, autant les chiites que les sunnites sopposeront à nous car ils ne veulent pas voir de soldats étrangers sur leur sol. Alors que loccupation entre dans sa cinquième année les irakiens travaillant pour les américains sont vus de plus en plus comme des collaborateurs.
Aussi longtemps que les troupes US resteront, aussi longtemps elles seront perçues commes des oppresseurs, et parce quelles devront remplir leur mission , nous verrons de plus en plus de photos dirakiens apeurés et humiliés.
Les britanniques ont leur propres raisons dentamer leur désengagement, mais ils ont aussi compris que leur présence est plus une partie du problème que de sa solution. La « coalition de la volonté » [1] est de moins en moins volontaire au fur et à mesure quelle se rend compte que les troupes étrangères ne sont pas une solution.
Et les envahisseurs étrangers seront combattus en Irak, comme ils lont été toujours et partout au cours des siècles.
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