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    Non à une intervention militaire contre l'Irak 
    Non à une guerre globale et infinie 

    Paix et justice, pas la vengeance

    Les intérêts d'une nouvelle guerre en Irak  

    entement mais sûrement les Etats-Unis ébauchent le scénario d`une seconde Guerre du Golfe. Cela a commencé en janvier dernier par le classement de l`Irak au côté de l`Iran et de la Corée du Nord au rang des pays qui soutiendraient le terrorisme. Un «axe du mal» contre lequel le président George W. Bush a requis une guerre totale avec l`appui d`un budget militaire en hausse de 48 milliards de dollars. En juin le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld affirmait aux troupes US stationnées à Doha au Koweit que «la guerre mondiale contre le terrorisme a commencé en Afghanistan mais [qu`elle] ne s`arrêtera pas là-bas».
    Peu après le Washington Post indiquait que la CIA avait été mandatée pour effectuer le repérage nécessaire à l`attaque tandis que le New York Times révélait l`existence d`un plan d`invasion de l`Irak impliquant des moyens massifs et quelque 250 000 soldats. Mi-juillet un quotidien libanais avançait que les USA avaient conclu des négociations avec le Qatar la Jordanie le Koweit et la Turquie dans le but d`utiliser leurs territoires et leurs espaces aériens. Au même moment des officiers irakiens en exil largement financés par Washington se réunissaient à Londres pour créer un conseil militaire en vue de renverser Saddam Hussein…
    Tout semble donc en place pour une attaque d`envergure même si devant l`inquiétude croissante de la communauté internationale le président Bush a affirmé qu`il n`agira pas à la hâte.
    Ce qui est certain en revanche c`est que depuis douze ans les Etats-Unis se sont affranchis d`une triple contrainte.
    La première est celle de recevoir au moins formellement un mandat international. Le secrétaire adjoint à la défense Paul Wolfowitz l`a affirmé en février à Munich de façon on ne peut plus crue: «Nous avons été attaqués nous n`avons besoin d`aucune résolution des Nations Unies pour cette affaire d`autodéfense.» Depuis le 11 septembre 2001 les Etats-Unis revendiquent donc le droit de guerroyer partout sur la planète sans avoir de comptes à rendre à personne.
    La seconde contrainte abolie découle de la première c`est la formation d`une coalition. Les Etats-Unis se passent aujourd`hui d`alliés sur le plan opérationnel du moins. Tout au plus acceptent-ils sur un strapontin ceux qui comme la Grande-Bretagne insistent pour «en être».
    Enfin pour agir militairement les USA font l`économie de tout prétexte crédible. En l`espèce «l`axe du mal» combattu n`en est pas un. Aucune dynamique commune n`unit les pays pris pour cible. Aucun pas même l`Irak n`a de lien avéré avec le réseau terroriste Al-QaÏda. Contrairement à l`Arabie saoudite par exemple pays d`Oussama Ben Laden et de la majorité des pirates de l`air. Quant au reproche fait à l`Irak d`avoir reconstitué un arsenal d`armes de destruction massive il ne fait pas illusion longtemps. Rejetant tout effort diplomatique dans le but d`obtenir le retour des inspecteurs de l`ONU en Irak les USA n`ont pas caché leur but: obtenir le renversement de Saddam Hussein. En cela également les Etats-Unis établissement leur propre justice puisqu`aucune résolution onusienne n`exige un changement de régime en Irak ni ne permet d`ailleurs d`envahir le pays. Enfin remarquons encore que l`expulsion vers la fin de 1998 des inspecteurs de l`ONU hors d`Irak avait peut-être d`autres visées que de permettre un réarmement. Au début du mois l`ancien chef de la commission d`inspection onusienne Rolf Ekéus a reconnu avoir couvert les opérations d`espionnage des agents étasuniens. Le pouvoir irakien est certes criminel mais il ne menace aujourd`hui ni l`équilibre de la région ni a fortiori la paix mondiale. Pas plus qu`en 1991 la guerre ne pourra établir la démocratie.
    La question se pose donc de la motivation réelle de Washington à se lancer dans une nouvelle aventure guerrière dans le Golfe. Diversion à usage interne pour faire oublier les scandales économiques et leurs conséquences? Satisfaction du lobby militaro-industriel? Réaffirmation de la puissance étasunienne dans la région alors que l`Arabie saoudite marque ses distances?
    Quoi qu`il en soit si un «Etat voyou» est celui qui dispose d`armes de destruction massive et menace la paix mondiale par son impérialisme guerrier alors il est une grande puissance qui répond parfaitement à cette définition.
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Défense de la démocratie???????

    Depuis le début de la crise Saddam HUSSEIN nous est présenté comme le diable en personne, par contre les américains se présentent comme les grands défenseurs de la démocratie. Pourtant si c'était le cas et en reprenant les raisons invoquées pour attaquer l'Irak ils devraient attaquer le Koweit, la Corée du nord, l'Iran, le Pakistan, la Chine ou la Russie car ce sont des dictatures et possèdent aussi des armes de destruction massive autrement dangereuses que l'Irak.

    Nous sommes en droit de se poser des questions : est ce que l'Afghanistan est, un an après cette fameuse guerre, devenue une démocratie ????

    L'administration Américaine a une bien étrange façon de penser à la démocratie ! Dans le passé, les USA ont mis au pouvoir des dictatures sanguinaires tant qu'elles défendaient les intérêts Américains ! 

    De plus l'évolution de la démocratie américaine est devenu depuis le 11 septembre inquiétante (déjà avant, l'élection de Mr Bush avait été particulièrement  folklorique !). La liberté de la presse est, elle aussi, sujette à questionnement avec l'exemple des manifestations du 15 février qui va dans ce sens : le new York times parle de 1 millions de gens alors que c'est 15 millions. Enfin, on assiste à une grande propagande de la part des médias (Fox news, CNN, ... ) pour faire accepter la guerre par le peuple américain !

    C'est inquiétant pour "la démocratie Américaine" !!!!

    Contrôle des ressources de la planète : le

    pouvoir appartient à ceux qui possèdent les richesses !

    Notre société est en train de dilapider les richesses et les pays développés, grands consommateurs de pétrole, ont besoin du moyen orient pour continuer à faire tourner leur économie. Il faut savoir qu'un américain consomme 10 fois plus de pétrole qu'un français et plus de 100 fois qu'un habitant du sud de la planète !!

    Au mois de janvier le Wall street journal révélait son étonnante prise de position en publiant une lettre de huit pays européens prenant position au coté du Président BUSH. Cette attitude est surprenante de la part d'un journal économique ce serait donc que les marchés disent oui à la guerre. En effet depuis déjà un certain temps l'économie américaine est en perte de vitesse (chute importante de la bourse) et de nombreuses personnes espèrent qu'une guerre, qui permettrait aux USA l'accaparation des réserves du deuxième pays au niveau des ressources pétrolifères, relancerait l'économie

    Combien de morts sommes nous prêt à accepter au nom de l'économie???

    Il est vrai qu'avec des gendarmes du monde comme les USA  il vaut mieux vivre dans un pays qui ne possède aucune richesse !!!

    Constitution de l'empire américain

      

        

     

     

     

     

          

                

     

     

     

    Les motivations américaines

    Selon Charles Saint-Prot, spécialiste de l'Irak, les excuses invoquées par les Etats-Unis pour justifier leur probable attaque sur Bagdad, ne sont que des prétextes. Derrière cette décision, se cacherait plutôt la volonté américaine d'asseoir encore plus son hégémonisme et son impérialisme dans les pays arabes et les états producteurs de pétrole... Pour les Etats-Unis, la main mise sur le pétrole est essentielle dans la guerre économique qu'ils mènent contre le reste du monde pour être les maîtres du monde. Pour cela, ils doivent contrôler les ressources pétrolières et les routes du pétrole, donc les états producteurs. C'est l'objectif fondamental de l'hégémonisme américain »... 

    Mais un autre facteur, peu connu, entre également en ligne de compte : l'opposition anti-américaine a pris des proportions considérables en Arabie Saoudite. À tel point que certains dirigeants américains demande qu'on range désormais ce pays parmi les ennemis des Etats-Unis (15 des 19 pirates de l'air du 11 septembre étaient saoudiens). Or, les USA dépendent totalement du pétrole de l'Arabie Saoudite. « Comme les Etats-Unis sentent que l'Arabie Saoudite leur échappe, explique Xavier Raufer, spécialiste en géopolitique et en terrorisme, ils tentent actuellement de repositionner leurs intérêts dans la région ». Ils ont donc besoin du pétrole irakien pour pouvoir être plus ferme avec les dirigeants saoudiens.

    Le 11 septembre a permis  aux USA de justifier sa politique hégémonique aux yeux du monde en considérant que ceux qui ne sont pas d'accord avec eux sont soit des antiaméricains soit des terroristes !! 

    Ben Laden est il toujours un agent de la CIA ? ...

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    C'EST LE TOUR DU LIBAN

    Guerre du Liban : Israël sème les graines de la haine

    Le Président des Etats-Unis George Bush a souvent prétendu qu’Israël a un “droit” d’assurer sa propre défense.
    Et Israël a souvent prétendu que l’Iran est un complice dans cette guerre contre lui. Ces deux prétentions, pour ceux d’entre nous qui vivent la “défense” israélienne au Liban, nous font nous demander où s’en est allée la boussole morale du monde et si la justice prévaudra un jour.

    Comment définir la défense et quelles sont ses limites acceptables ? Le Hezbollah s’est emparé de deux soldats israéliens sur la frontière avec le Liban pour forcer à un échange avec des prisonniers libanais qu’Israël détient sans juste procès. L’un d’entre eux, Samir al- Qantar, est détenu depuis 27 ans. Les attaques du Hezbollah peuvent ne pas avoir été justifiées, mais l’expérience passée lui a enseigné qu’Israël ne tient aucun compte des résolutions des Nations Unies et des lois internationales, et ne connaît d’autre réponse que la force.

    Pour cela, Israël réduit tout le Liban en bouillie. Ses F-16 fabriqués aux USA et ses largages massifs de bombes sur les fragiles cités, détruisent les maisons, les vies, un pays qui tentait de se rétablir sur ses fondements instables après une incivile guerre qui avait transformé un petit paradis en un petit enfer oublié.

    Aucun Arabe n’est dupe de l’hypocrisie, car nous savons tous, en particulier ceux d’entre nous qui trinquons, que les mains étasuniennes sont pleinement celles qui fournissent bombes, munitions et machines de guerre aux Israéliens.

    L’argument est invariable. La seule différence réside dans qui fait les accusations et quelles accusations “comptent” dans cette guerre asymétrique. Israël ne peut pas amener à son point de vue un peuple entier en le pulvérisant. L’Amérique a besoin aussi de comprendre que celui qui est attaqué finit par reprendre connaissance. Viendra un moment où l’humble va contre-attaquer.

    Le soutien aveugle de l’Amérique à Israël même s’il bafoue effrontément le droit international, commettant des crimes de guerre sur un peuple innocent, est porteur de conséquences moins qu’agréables.

    Les effets en cascade du ressentiment ne peuvent plus longtemps être contenus. L’Amérique et Israël déversent inconsidérément des accusations sur l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah dans une zone où la population a souffert les conséquences d’un monde endormi sur la roue de la justice.

    Israël se sert du Liban comme d’un terrain d’essai pour ses armes et comme un lieu pour montrer sa force technologique au prix d’encore plus de vies arabes et d’humiliation. Cela ne promet rien d’autre qu’une tornade qui va toucher le globe et tous nous absorber.

    Israël a bombardé le moindre pont du Sud Liban et au-delà. Il a bombardé les ponts dans et autour des quartiers chiites de Beyrouth. Il a bombardé les ports du haut en bas de la zone côtière, avec ses hélicoptères et ses avions, les mettant tous hors d’état de fonctionner et ébranlant par là-même la ville de Beyrouth

    Il a détruit les principales artères à l’intérieur du Liban et pour le quitter. Le phare de Beyrouth a aussi été frappé. Son plus important silo à blé a été bombardé. Partout où il y avait des réservoirs de carburant importants, ils ont été, eux aussi, bombardés. Et chaque fois que l’un d’entre eux est touché, il explose invariablement à l’extrême - le carburant et le souffle provoquant un noir et dense panache de fumée brûlante qui engloutit de grandes bandes de terre. Qu’il y ait peu d’électricité publique ou juste assez d’eau pour échapper au brasier ne les empêchent pas de continuer à venir, rugissant pendant des heures d’affilée.

    Israël a bombardé les principales pistes d’atterrissage du nouvel aéroport international de Beyrouth, qui venait d’être construit - à plusieurs occasions.

    Il a presque entièrement effacé de la carte certains villages chiites. Il a visé des civils innocents qui fuyaient les villages que l’armée israélienne leur avait dit de fuir.

    Plus de 200 personnes sont déjà mortes en l’espace de quelques jours et un nombre incalculable d’autres ont été blessées et sont mourantes dans des lits d’hôpitaux du sud du pays et des banlieues sud de Beyrouth.

    Que veut faire Israël en estropiant ainsi le Liban, tout et chacun ?

    Israël espère t-il réellement libérer ses soldats en faisant cela ? Si Israël avait semé les graines du ressentiment dans le passé avec son oppression des Palestiniens, ils les a non seulement arrosées mais a fertilisé les sols de la haine envers lui. C’est une situation peu enviable, en dépit de la “force” d’Israël. Les Arabes ne veulent plus servir de terrain de jeu au monde pour l’exercice de ses jeux d’asservissement sur notre sol.

    Et quand tout ici sera perdu, qu’est-ce qui empêchera la colère d’atteindre les “disséminateurs” de la dévastation, ceux qui manipulent de manière insensée le monde, installés derrière d’imposants pupitres ?

    L'ECONOMIE JUSTIFIE LA GUERRE

    Guerre du Liban : Munitions anti-bunkers envoyées en secret en Israël par les USA

    Un stock d’armes de précision est parti des Etats-Unis il y a une semaine, directement pour Israël qui les avait demandées immédiatement après le début de ses bombardements sur le sud du Liban. Le New York Times l’a révélé hier en citant des sources (anonymes) de la Maison Blanche. La décision de répondre à la requête israélienne, d’après ces sources, a été prise rapidement après une discussion assez brève entre les hommes de Bush. La discussion, paraît-il, a porté sur le fait que la remise de ces armes risquait de faire apparaître les Etats-Unis comme étant trop « rangés » aux côtés d’Israël ; et donc peu crédibles, par exemple, dans l’effort annoncé avant-hier (vendredi) par Condoleeza Rice de faire se rencontrer une série de pays pour donner à la région une « stabilité durable » au nom de laquelle on s’est même refusé de s’associer à la demande générale de cessez-le-feu. Mais ces observations, dont on ne sait pas de qui elles émanent, ont été écartées face à deux arguments « puissants » : « garantir la sécurité d’Israël » et asséner un coup décisif à l’organisation des Hezbollah.

    Ces demandes et expéditions de la semaine dernière sont des bombes qui peuvent être guidées par satellites et lasers. Les sources du Times ont expliqué que ces armes font partie d’un contrat de millions de dollars signé l’an dernier, et qui comprend les terribles Gbu-28, engins de cinq mille livres, particulièrement efficaces contre les bunkers souterrains. Un plan de livraison précis n’est pas indiqué dans ce contrat, mais une de ses clauses prévoit qu’Israël peut obtenir les armes « selon nécessité ». En substance, donc, ceux qui dans la discussion se sont prononcés pour la « livraison rapide » ont pu assurer que la chose était parfaitement prévue par le contrat, mais certains fonctionnaires du Pentagone, eux aussi consultés par le Times, disent que cette demande de remise immédiate faite ici par Israël demeure cependant « insolite » et que la seule explication est que les militaires israéliens ont encore une longue liste de « cibles à atteindre » au Liban, et qu’ils entendent les atteindre. Et ceci met directement en cause les chances de « succès » du plan de Rice qui part aujourd’hui (dimanche 23) en mission, dont le point central devrait être la conférence à Rome avec les représentants de certains pays arabes et européens. La thèse de Rice est en fait que les pays arabes amis des Etats-Unis seraient désormais « mûrs » pour assumer une position plus décisive à l’égard du Hezbollah, et s’impliquer ainsi dans une action commune. Or, la nouvelle de ces armes livrées en toute hâte à Israël pourrait bouleverser ce plan déjà plutôt simpliste.

    Au contraire même, et toujours selon Times, le projet d’origine était que Rice ferait escale dans plusieurs capitales du Moyen Orient et en particulier au Caire, et que la décision postérieure de changer de programme et de se replier sur la conférence de Rome pourrait avoir été causée justement par cette soudaine livraison des nouvelles armes à Israël, dont il est probable que le Caire et d’autres capitales arabes avaient eu connaissance avant le Times. La différence entre la conférence italienne et les visites particulières dans les capitales arabes, en fait, est que Rice ne discutera pas avec les sommets de ces pays, mais avec des envoyés qui ne décident pas ; circonstance qui pourrait allonger les temps nécessaires pour un cessez-le-feu. Mais comme Rice l’a elle-même expliqué avant-hier, les temps plus longs pour Condoleeza ne sont pas un danger mais un moyen d’arriver à une trêve « durable ».

    La superbombe passe par l’Italie.

    23 juillet 2006

    La secrétaire d’état Rice arrive aujourd’hui (dimanche 23 juillet) en Israël. Pas pour demander l’arrêt de la guerre : « Ce que je ne fais pas, a-t-elle déclaré, c’est tenter d’obtenir un cessez-le -feu dont je sais qu’il ne durera pas ». Avant de venir à la « Conférence internationale sur la crise au Moyen-Orient » qui se déroulera mercredi à Rome, Rice autorise ainsi Israël non seulement à continuer mais à intensifier les bombardements sur le Liban. Pas seulement en paroles.

    Le même numéro du New York Times (22 juillet à) qui rapporte ses déclarations, révèle aussi que l’administration Bush a envoyé la semaine dernière en Israël, à la demande de son gouvernement, une grosse cargaison de bombes à direction satellitaire et laser. Confirmé par des sources de l’administration qui veulent garder l’anonymat. Ceci indique -soulignent-ils- qu’ « Israël a encore une longue liste d’objectifs à atteindre au Liban ».

    Dans une conférence de presse rapportée sur le Jerusalem Post (21 juillet), un pilote israélien a précisé que les bombardiers F-16 de la première escadre aérienne, à qui il faut moins de dix minutes pour atteindre Beyrouth, ont déchargé mercredi dernier 23 tonnes de bombes sur un faubourg où on pensait que des dirigeants du Hezbollah se tenaient cachés dans un bunker. A part les « dommages collatéraux » sur les habitants du quartier, le résultat a été nul.

    Mais arrivent maintenant les nouvelles bombes made in Usa, appartenant à un « package » dont la vente à Israël a été autorisée par Washington l’année dernière. Parmi lesquelles la Gbu-28 : une maxi bombe à commande laser de 5.000 livres (environ 2,3 tonnes). Le document d’autorisation la décrit comme « une arme spéciale conçue pour pénétrer des centres de commandement situés dans des bunkers profonds fortifiés », en précisant que « l’aéronautique israélienne utilisera les Gbu-28 avec ses bombardiers F-15 » (fournis par les Usa, comme les F-16). Selon David Siegel, porte-parole de l’ambassade israélienne à Washington, « nous utilisons des munitions à commande de précision pour neutraliser les capacités militaires des Hezbollah et minimiser les dommages pour les civils ». Les Gbu-28 seraient donc des « bombes humanitaires ».

    Dans le « package » fourni par les Usa, il y a « au moins 100 Gbu-28 ». Officiellement, elles sont vendues à Israël ; en réalité elles sont offertes : pour l’année fiscale 2007 (qui commence le 1er octobre 2006) l’administration Bush fournira une « aide » d’environ 2,5 milliards de dollars à Israël, dont 2 ,3 milliards sous forme d’ « aide militaire ».Avec cet argent Israël achète des bombes et autres armes aux industries de guerre étasuniennes. Le cycle est ainsi bouclé : les deux milliards de dollars d’aide militaire à Israël retournent aux Usa en augmentant les profits du complexe militaro-industriel. Et comme les chasseurs qui bombardent consomment beaucoup, le Pentagone a décidé le 15 juillet dernier de vendre à Israël du carburant pour jet (Jp-8) pour un montant de 210 milliards de dollars, dans le but de « maintenir la paix et la sécurité dans la région ».

    D’où a été expédié le dernier colis de bombes destiné à Israël ? Personne ne le dit officiellement. On peut cependant rappeler un fait : la base logistique Us où sont déposées les bombes pour les forces aériennes et terrestres qui opèrent dans la zone méditerranéenne, nord africaine et moyen-orientale, c’est Camp Darby (très grosse base étasunienne à côté de Pise, ndt). De cette base, située entre le port de Livourne et l’aéroport de Pise, est partie une grosse part des bombes utilisées dans les deux guerres contre l’Irak, et dans celle contre la Yougoslavie. Puisque l’administration Bush a décidé la semaine dernière l’ « expédition rapide » de cette livraison de bombes, par bateaux ou avions cargos ou les deux à la fois, il est tout à fait logique qu’elles soient parties de Camp Darby. Un autre élément renforce cette hypothèse. D’après l’organisation étasunienne Global Security (dont les informations se sont jusqu’à présent révélées fondées), le 31ème escadron de munitions qui opère à Camp Darby « est responsable du plus important arsenal de munitions conventionnelles des Forces aériennes Usa déployé en Europe, consistant en 21.000 tonnes de bombes en Italie, et deux dépôts répertoriés en Israël ». Il existe donc une liaison organique entre les bases de Camp Darby et les deux dépôts dans lesquels sont « stockés » les bombes Usa pour l’aviation. Il est donc tout à fait probable que les bombes déjà lancées, et celles, plus puissantes encore, qui vont l’être sur le Liban, proviennent ou de toutes façons transitent par Camp Darby. Il faut rappeler ici que la Loi 94, du 17 mai 2005, qui institutionnalise la coopération entre les ministères de la défense et celui des forces armées italiens et israéliens, prévoit aussi « l’importation , l’exportation et le transit de matériels militaires ».

    Voila des faits dont il faudra se souvenir mercredi prochain, quand Condoleeza Rice prendra la parole à Palazzo Madama (siège du gouvernement italien) pour expliquer la position de son gouvernement. « Le président Bush - rapporte le Washington Post (21 juillet), considère le conflit au Moyen-Orient comme un pas vers la paix ». Comme l’ont expliqué des hauts fonctionnaires de l’administration, le président est opposé à un cessez-le-feu immédiat parce qu’ « il existe une opportunité de chasser le Hezbollah et qu’il faut l’exploiter même s’il y aura d’autres conséquences graves à affronter ». Le président est « touché (addolorato, ndt) par la perte de toute vie, mais il est convaincu que le moment est arrivé de faire de la clarté ». Ce qui est déjà clair, par contre, c’est qu’Israël avait depuis longtemps planifié l’attaque en étroite coordination avec Washington et qu’il a volontairement créé le casus belli - l’enlèvement des deux soldats israéliens, survenu non pas en territoire israélien mais libanais, pour mettre le Liban à feu et à sang et préparer la guerre contre la Syrie et l’Iran.

    La conférence de mercredi prochain à Rome, dont sera absente la partie adverse (le mouvement Hezbollah et la Syrie) , servira à prendre encore un peu de temps pour permettre à Israël de compléter son œuvre de destruction, pour envoyer ensuite une « force d’interposition »garder les cratères ouverts par les Gbu-28.

    Une bombe conçue pour Bagdad

    23 juillet 2006

    La Guided Bomb Unit-28 (Gbu-28) est née en 1991, pendant la première guerre en Irak. Dans la première semaine après le début des bombardements, l’aéronautique étasunienne demanda aux industries de guerre de construire une bombe à commande laser capable de pénétrer sous terre pour détruire des bunkers de centres de commandement. C’est Lokheed qui a gagné, en réalisant la bombe en un temps record : le travail commencé le 1er février, livra ses premiers exemplaires le 16. Pour construire la bombe on utilisa un canon. Dans les premiers tests, la Gbu-28 pénétra, avant d’exploser, à plus de 30 mètres de profondeur et dans 6 mètres d’épaisseur de béton. Mais la guerre désormais se terminait : on lança quand même sur l’Irak deux exemplaires de ces bombes, depuis des avions F-111. Comme le montraient les images tournées depuis l’avion, la Gbu-28, après avoir pénétré avec précision dans un refuge sous terrain, explosa 6 secondes après l’impact. Après ce baptême du feu dans des conditions réelles de guerre, la Gbu28 a été modifiée et plusieurs fois testée pour en améliorer les prestations. La fiche technique indique qu’elle est longue de 4 mètres, avec un diamètre de 36 cm et pèse plus de 2 tonnes. La tête de l’ogive contient un explosif puissant (Tritonal). Le pilote de l’avion, un F-15 ou F-111, illumine la cible avec un désigneur laser et la bombe, une fois lancée à 10 Kms de distance environ, se dirige automatiquement vers le point illuminé. Comme l’emploi d’une arme dans les conditions réelles de guerre vaut plus, pour les constructeurs, que n’importe quel test, l’utilisation de la Gbu-28 par l’aéronautique israélienne au Liban sera extrêmement précieuse pour Lokheed.

    Elle le sera aussi pour le Pentagone, qui développe actuellement un programme de réalisation de têtes nucléaires pénétrantes pour détruire, dans des attaques « préventives » les bunkers des centres de commandement afin de « décapiter » l’ennemi du premier coup.

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     L'usurpation
     
    Depuis le 12 juillet, le monde entier assiste à une attaque menée par l'armée israélienne sur l'ensemble du territoire libanais et sa population. Nombreux sont ceux et celles qui découvrent, pour la première fois et avec stupeur, la barbarie dont est capable Tsahal. Pour les autres qui s'en souviennent, les derniers événements rappellent avec frayeur l'invasion israélienne du Liban en 1982 et dont le retrait quasi complet ne s'est fait qu'en 2000 grâce à la persévérance de la résistance libanaise - qu'une partie de l'occident n'hésite pas à qualifier aujourd'hui de terroriste.

     

    L'analyse manichéenne et réductrice dominante, voulant que cette guerre soit le produit d'une confrontation entre des Arabes musulmans « barbares », d'un côté, et des Juifs « libres et démocratiques », de l'autre, n'est pas en mesure d'expliquer ni de légitimer les atrocités dont témoigne la planète entière. Une remise en contexte historique s'impose donc pour comprendre, avec un peu plus de nuances, les causes occultées des violences qui ont lieu présentement au Liban et dans les territoires palestiniens occupés.

    À la fin du 19e siècle, le mouvement sioniste qui prend ses sources en Europe de l'Est commence à promouvoir l'idée de créer un État juif. Avec l'aide de la Grande-Bretagne, il était question de l'établir en Afrique, dans l'actuel Ouganda. La Palestine était également envisagée, mais ce choix fut définitivement retenu après que les Anglais, qui occupaient la Palestine à l'époque, eurent promis aux sionistes d'y créer un foyer national juif (déclaration Balfour, 1917).

    Rappelons qu'à la fin du 19e siècle, la population vivant en Palestine était composée de Palestiniens arabes de confession musulmane, chrétienne et juive. Les Juifs représentaient à peine 5% de cette population. Et c'est durant cette période que le mouvement sioniste initia une immigration massive de Juifs, principalement en provenance d'Europe. Acceptée au début par les Palestiniens, elle fut refusée lorsque qu'elle commença à déstabiliser la région et lorsque ses visées furent comprises. Cependant, l'immigration juive allait en s'accélérant et le fait que l'Angleterre ait décrété son illégalité, réalisant l'erreur qu'elle venait de commettre, ne la freina en rien.

    Après la Seconde Guerre mondiale et la tragédie de l'Holocauste, les puissances de ce monde imposèrent un plan de partage de la Palestine en passant par un vote à l'ONU. Ce plan, datant de 1947, octroya officiellement une partie du territoire palestinien aux colons juifs d'origine européenne fraîchement arrivés sur cette terre. Il est important de mentionner que malgré leur immigration massive, cette population était toujours en minorité et ne représentait que 30% de la population vivant sur la terre palestinienne. Nonobstant ce fait, l'ONU leur accorda 56.5% de la Palestine mandataire, incluant la majorité des terres côtières et agricoles.

    Le 4 avril 1948, alors que l'ONU est en train de discuter de la suspension du plan de partage, l'état juif en devenir lance une offensive déterminante contre les Palestiniens. Celle-ci permettra aux sionistes de conquérir la majorité de la Palestine mandataire, incluant les territoires réservés aux Palestiniens par le plan de partage de l'ONU. C'est également cette offensive qui créa la première et la plus grosse vague de réfugiés palestiniens qui se dispersèrent entre la Bande de Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Syrie et la Transjordanie. Ce n'est qu'après ces événements que les armées arabes décidèrent d'attaquer sans succès les armées juives le 15 mai 1948 pour venir en aide aux Palestiniens et essayer de reconquérir le territoire qu'ils venaient de perdre.

    Cette politique coloniale agressive d'Israël se confirma à plusieurs reprise durant sa courte histoire et elle plongea la région dans une série de guerres et de résistances armées qui perdurent jusqu'aujourd'hui. En effet, l'histoire se répéta en 1967 lorsqu'Israël lança une offensive sur ses voisins arabes et conquit la totalité de la Palestine mandataire ainsi que des territoires appartenant à l'Égypte et à la Syrie. Encore en 1978 avec l'occupation du Liban Sud, puis en 1982 avec une invasion en bonne et due forme du Liban et un siège de Beyrouth Ouest qui dura 10 semaines, accompagné de bombardements massifs quotidiens qui anéantirent la ville et se soldèrent par la mort de 18 000 personnes, en très grande majorité des civils.

    Malgré ce passé, les Palestiniens et les autres pays arabes ont exprimé leur ouverture à reconnaître l'État israélien et à entretenir des relations politiques normales avec lui, à la condition qu'un État palestinien soit créé dans les frontières de 1967. Cette position fut clairement réitérée en 2002, à Beyrouth à l'occasion du Sommet des pays arabes. Il n'est donc pas difficile de comprendre qu'il ne peut y avoir de paix dans la région tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas d'État palestinien viable et totalement indépendant. Il n'est pas non plus difficile de comprendre qu'un peuple, souffrant quotidiennement l'occupation et ses humiliations, veuille se battre par tous les moyens pour retrouver sa dignité humaine.

    C'est à la lumière de cela qu'il faut saisir, aujourd'hui, les motifs qui poussent Israël à mener ces agressions contre le Liban et la bande de Gaza. D'ailleurs, la capture des deux soldats israéliens par le Hezbollah, sur le territoire libanais, à Aïta Al-Chaab très exactement, n'a été qu'un prétexte repris par Israël pour déployer une opération militaire depuis longtemps préparée. Il ne s'agit donc pas d'une réaction à chaud face à une opération de résistance menée par le Hezbollah et dont l'objectif est de négocier la libération de Libanais des geôles israéliennes. Bon nombre de ces prisonniers sont détenus depuis les années 70, alors qu'Israël menait sa première invasion du Liban. Rappelons aussi que cette stratégie du Hezbollah pour libérer les détenus n'est pas nouvelle et que le dernier échange de prisonniers libanais contre des militaires israéliens capturés remonte à 2004.

    Contrairement à ce que prétendent les autorités israéliennes, l'objectif n'est pas de désarmer le Hezbollah et « libérer » le peuple libanais. Comment Israël peut-elle faire croire au monde qu'elle est une justicière ou le bras exécutif de l'ONU en prétendant faire appliquer la résolution 1559, alors qu'elle-même n'a jamais appliqué aucune des résolutions de l'ONU la concernant? Faut-il rappeler qu'Israël a interrompu, par sa guerre, les négociations en cours entre les composantes du gouvernement libanais et dont l'objectif principal était le désarmement de toutes les milices afin de rendre à l'armée libanaise l'entière souveraineté militaire sur son territoire? Avons-nous besoin de rappeler que les installations de l'armée libanaise ont été la cible de frappes visant à l'invalider? Avons-nous besoin de rappeler que la stratégie meurtrière de Tsahal a été de détruire toutes les infrastructures de transport (routes, ponts, ports, aéroports) pour ensuite envoyer des tracts aux populations les invitant à évacuer alors même que les frappes avaient déjà lieu dans les zones civiles? Avons-nous besoin de rappeler que Tsahal a refusé la trêve de trois jours demandée par le gouvernement libanais et l'ONU, pour faire évacuer les populations? Est-ce le comble du cynisme ou le simple visage du crime?

    Nous ne pouvons manquer de faire le parallèle avec l'attaque menée contre la Bande de Gaza depuis la fin juin et qui coïncidait avec l'annonce d'un accord entre toutes les factions de la résistance palestinienne incluant le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas. Cet accord, connu sous le nom du Document des prisonniers visait à faire reconnaître Israël par le Hamas et à sortir le gouvernement palestinien de son isolement. La condition, encore une fois, était la création d'un État palestinien viable dans les frontières de 1967. Une fois de plus l'argument de la menace arabe s'effritait, une fois de plus Israël devait faire éclater la guerre au lieu de saisir une occasion pour la paix.

    Tout ceci nous mène à conclure que la menace réelle à la paix au Moyen-Orient est la politique militaire israélienne. La menace vient d'un État qui s'octroie le droit de parler et de mener des massacres au nom de tous les Juifs et les Juives, en instrumentalisant et en reprenant à son compte les souffrances historiques d'un peuple. Dans le sens de cette politique guerrière entretenue par une stratégie de la peur constante et de la censure (que les États-unis ont adoptée depuis le 11 septembre), il est dans l'intérêt du gouvernement israélien de recourir à des pratiques pour augmenter l'antisémitisme et nourrir la menace afin d'entretenir la mobilisation et l'unité nationale - sans parler de l'importance économique de son industrie militaire. Israël ne veut clairement pas d'un Liban arabe fort, prospère, démocratique et multiconfessionnel qui remettrait en cause sa légitimité. Le Liban serait, en effet, un contre-exemple flagrant aux accusations classiques qu'Israël, les États-unis et l'Occident en général s'adonnent à formuler à l'encontre des états et populations arabes pour légitimer leurs actions dans la région.

    Nous refusons de croire que les enfants de la Shoah acceptent que de tels massacres soient perpétrés en leur nom, sans quoi nous devrions nous plier à l'évidence que l'expression « esclave esclavagiste » s'applique à qualifier la nature humaine et que, par conséquent, la paix ne peut être que les moments passagers entre deux périodes de guerre pour la domination. Aussi saluons-nous le courage de ces Juifs, Israéliens ou non, qui osent exprimer par tous les moyens, leur refus de cautionner les sauvageries de l'État israélien.

    Par leur support avoué ou par leur mutisme, les pays occidentaux cautionnent la politique israélienne et prennent en otage la vraie démocratie et la vraie liberté. Grande sera la désillusion quand viendra le jour où les peuples d'Occident réaliseront que leurs valeurs les plus profondes, pour lesquelles ils se sont battus si longuement et si durement, sont instrumentalisées pour les duper dans une fausse campagne libératrice et civilisatrice, qui vise en réalité à perpétrer en leur nom des objectifs néo-coloniaux pour lesquels l'usage de crimes contre l'humanité sont des moyens standards.

    LE NOVEAU MOYEN ORION DE CONDOLEEZA RICE

    LE PETROL A LA BUSHIENNE

    SUR LE FRONT DE LA GUERRE ECONOMIQUE

    BUSH L'INTELLO
          
    L'ECOLE BUSHIENNE  

  • Un camouflet pour les guerres de Bush

    Tandis que Berlusconi et le pape accueillent à bras ouverts Georges W. Bush, arrive une nouvelle qui jette l’énième cône d’ombre sur celui-ci et, indirectement, sur ses alliés. La Cour Suprême des Etats-Unis a reconnu aux détenus du camp-lager de Guantanamo le droit constitutionnel d’avoir recours à des tribunaux ordinaires, contre  leur détention.  Il s’agit de la troisième défaite du président Bush sur la légitimité  constitutionnelle de l’appareil judiciaire mis sur pieds par son administration après le 11 septembre 2001. Cet appareil, au nom de la guerre contre le terrorisme, viole de la façon la plus flagrante les droits élémentaires des présumés terroristes, faits prisonniers en particulier en Afghanistan et dans des pays musulmans.


    Contre la lettre de la Quatrième Convention de Genève, la qualité même de prisonniers de guerre a été refusée aux « terroristes », pour leur attribuer, arbitrairement, la marque infâmante de « combattants ennemis illégitimes ». Le stratagème persécuteur a permis de nier aux victimes de Guantanamo le moindre droit à l’habeas corpus : ils peuvent être détenus pour une période imprécisée, sans faire l’objet d’aucune accusation spécifique, ni être soumis à un procès régulier. L’administration Bush a en outre engendré des Tribunaux spéciaux ayant faculté de juger et de condamner les présumés terroristes même à la peine de mort, en ignorant les tribunaux militaires normaux. Dans le sillage des normes liberticides  du Patriot Act, toute la civilisation juridique et judiciaire du rule of law s’est trouvée brutalement violée dans ses plus hautes valeurs et dans ses pratiques les plus fondées, qui sont à l’origine de la doctrine des droits de l’homme et de toute l’expérience de « l’Etat de droit » européen et occidental.

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    La sentence de la Cour Suprême pourrait avoir des effets sur les procès en cours à Guantanamo, parmi lesquels celui des présumés responsables du 11 septembre, et sur celui, à venir, des 270 détenus, environ, de la base. Elle offre, de plus, de nouvelles armes à ceux qui, aux USA, s’opposent  à l’infamie de Guantanamo et des autres prisons créées en Irak et en Afghanistan : d’Abu Ghraib à Polj-Charki, jusqu’à Bagram, où la torture reste à l’ordre du jour. On peut, enfin, souhaiter que la décision de la Cour Suprême encourage les deux candidats à la Maison-Blanche, John McCain et Barak Obama, à tenir leur promesse d’engagement électoral de fermer Guantanamo.

     <o:p></o:p>

    Quelles sont les expectatives politiques de cet épisode judiciaire ? En Italie, il serait souhaitable que la décision du Gouvernement Berlusconi de changer les règles d’engagement des troupes italiennes en Afghanistan soit dénoncée et sanctionnée par les autorités judiciaires compétentes en tant que très grave violation de l’article 11 de la Constitution. Sur le plan international, la conviction devrait s’étendre qu’aucun instrument judiciaire ou policier ne sera en mesure d’arrêter le terrorisme international. Aucune violation des libertés fondamentales n’aura l’effet thaumaturge de ramener la paix en Europe, en Occident et dans le monde. Cette stratégie aura même très probablement des effets inverses, en réprimant la valeur de la liberté des personnes, de leur intégrité physique et intellectuelle, de leur vie. Ce n’est pas en se reniant lui-même que l’Occident se sauvera. L’Occident ne se libèrera pas du terrorisme international s’il ne se sera pas avant tout délivré lui-même de sa prétention à dominer le monde avec son énorme pouvoir économique et par l’usage illégal de la force militaire


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  • La fuite en avant


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    Ehoud Olmert



    LES ALLEMANDS parlent de "die Flucht nach vorne" – la fuite en avant. Quand la situation est sans espoir, attaquez ! Au lieu de battre en retraite, avancez ! Quand il n’y a plus d’issue, foncez ! <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Cette méthode fut couronnée de succès en 1948. À la fin du mois de mai, l’armée égyptienne avançait sur Tel Aviv. Nous, un très, très léger cordon de soldats – étions tout ce qui restait pour lui barrer la route. Nous avons donc attaqué. Encore et encore. Nous avons subi de lourdes pertes. Mais nous avons stoppé l’avance égyptienne. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Aujourd'hui, Ehoud Olmert applique la même méthode. Sa situation est désespérée. La plupart des gens en Israël sont convaincus qu’il a reçu de substantiels pots-de-vin sous la forme d’enveloppes bourrées de dollars. Le procureur général est susceptible de le mettre en accusation d’un moment à l’autre, et cela l’obligera à démissionner. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Et c’est alors, au moment le plus critique, juste avant que ne soient révélés les détails les plus scabreux, qu’un communiqué commun est publié simultanément à Jérusalem, à Damas et à Ankara annonçant l’engagement de négociations de paix entre Israël et la Syrie, avec la médiation de la Turquie. Les entretiens vont se dérouler sur la base des principes de la conférence de Madrid en 1991, ce qui implique la restitution complète des Hauteurs du Golan. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Super !!!<o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    EN CELA aussi Olmert est le digne élève de son prédécesseur et mentor Ariel Sharon. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Sharon était plongé jusqu’au cou dans des affaires de corruption. Dans l’une d’elles, dite "l’affaire de l’île grecque", le millionnaire israélien David Appel a versé des sommes considérables au fils de Sharon, un novice, pour des activités de "conseil". Á l’époque aussi, il semblait que le procureur général ne pouvait pas éviter de prononcer une mise en accusation. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La réponse de Sharon fut simplement géniale : la séparation. La séparation d’avec la bande de Gaza. La séparation d’avec le procureur général. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ce fut une opération gigantesque. Dans une mise en scène mélodramatique minutieusement orchestrée, les colonies de Gush Katif furent démantelées. Avec plusieurs divisions de l’armée, toutes les forces de police – cette même police qui était supposée enquêter sur les affaires de la famille Sharon – ont été mobilisées pour une entreprise nationale à couper le souffle. Le camp de la paix a naturellement apporté son soutien à l’évacuation des colonies. Les affaires de corruption furent presque oubliées. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    La séparation, qui fut réalisée sans la moindre concertation avec les Palestiniens, a transformé la totalité de la bande de Gaza en une bombe à retardement, et c’est à Ehoud Olmert de négocier maintenant un cessez-le-feu. Pour Sharon, cependant, toute l’opération fut une réussite. S’il n’avait pas été victime d’une attaque, il serait encore Premier ministre aujourd’hui. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Olmert n’a pas oublié la leçon. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    IL SE PEUT QUE DES ESTHÈTES soient choqués. Nous ne devrions pas cautionner une aussi mauvaise farce ! Nous ne pouvons pas approuver une paix conçue dans le péché ! <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Peut-être mon sens esthétique est-il émoussé. Parce que je suis prêt à accepter la paix même d’un dirigeant complètement corrompu, même de Satan en personne. Si la corruption d’un dirigeant le conduit à faire quelque chose qui sauvera la vie de centaines et de milliers d’êtres humains de part et d’autre, alors cela me convient. Le philosophe Friedrich Hegel n’a-t-il pas parlé de "ruse de la raison" ? <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La Bible raconte qu’à l’époque où l’armée de Damas assiégeait Samarie, la capitale du royaume d’Israël, quatre lépreux apportèrent la nouvelle que l’ennemi s’était retiré (2, Rois, 7). La poétesse juive Rachel écrivit, évoquant cette histoire, qu’elle n’était pas disposée à accueillir de bonnes nouvelles de la part de lépreux. Eh bien, moi si. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La sagesse commune considère que, pour faire la paix, on a besoin d’un dirigeant fort. Maintenant, il semble que le contraire marche aussi : qu’un dirigeant faible, presque submergé d’ennuis, dont les fonctions pourraient prendre fin brutalement à tout moment et dont la coalition repose sur des pieds d’argile, un dirigeant qui n’a rien à perdre, lui aussi est capable de tout risquer pour faire la  paix.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    LE CHEMIN peut, à partir de là, aller dans plusieurs directions possibles. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Première possibilité – c'est du « spin » (jouer la montre) un terme américain qui est devenu le deuxième prénom d’Olmert. Il se contentera d’étirer les négociations comme un chewing-gum, comme il l’a fait avec les Palestiniens, et attendra que la tempête se calme. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Il lui sera difficile d’agir ainsi du fait que la Turquie est maintenant un partenaire dans le jeu. Même Olmert comprend que ce serait pure folie que de contrarier les Turcs qui risquent ici leur prestige national. La Turquie est un partenaire particulièrement important pour assurer notre sécurité. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Quoiqu'il en résulte, l'accord d'Olmert de conduire des négociations fondées sur le fait de rendre le Golan est un important pas en avant. Venant à la suite des précédents engagements pris par Yitzhak Rabin, Benyamin Netanyahou et Ehoud Barak, il définit une ligne de non retour.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Seconde possibilité : Olmert est réellement sincère. Pour des raisons qui lui sont propres, il mènera les négociations "de bonne foi", comme il a commencé cette semaine, pour aboutir à un accord. Dans le pays, une violente campagne de protestation sera lancée contre lui. La Knesset sera dissoute, de nouvelles élections auront lieu, Olmert prendra de nouveau la tête de la liste Kadima et gagnera en sa qualité de faiseur de paix. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ou alors : il perdra ces élections. Il quittera alors la scène pour une cause honorable, non pas rejeté pour sa propre corruption mais en se sacrifiant sur l’autel de la paix. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Autre hypothèse encore : le procureur général le mettra en accusation quoiqu’il arrive, il démissionnera mais rentrera chez lui la tête haute en tant que dirigeant auteur d’une initiative historique. Le procureur général apparaîtra comme un saboteur de la paix et peut-être même comme la cause d’une autre guerre. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    QUESTION PERTINENTE : si Olmert a réellement opté pour la "fuite en avant", pourquoi la fuite vers la paix et non vers la guerre ? C’est ce qui arrive habituellement : des dirigeants au bord du gouffre préfèrent engager une petite (ou quelquefois une grande) guerre. Il n’y a rien de tel qu’une guerre pour distraire l’attention, et déclarer la guerre est presque toujours plus populaire, au moins au début, que de faire la paix. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ici, il y a aussi deux possibilités  : <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La première : Olmert, comme Paul, a eu une révélation et il est réellement devenu un homme de paix. Le démagogue nationaliste a mûri et comprend maintenant que l’intérêt national exige la paix. Un cynique éclatera de rire. Mais des choses plus étranges se sont produites sur le chemin de Damas. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La seconde : Olmert estime que l'opinion publique israélienne préfère la paix avec la Syrie à la guerre avec la Syrie et il espère gagner quelque popularité en tant que faiseur de paix. (Je pense que c’est effectivement le cas)<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La troisième : Olmert sait que tous les chefs de l'establishment sécuritaire (à l'exception notable du patron du Mossad) sont partisans de la paix avec la Syrie en fonction de froids calculs stratégiques. Aux yeux de l’état-major général de l’armée, la perte des Hauteurs du Golan est un prix raisonnable à payer pour séparer la Syrie de l’Iran et réduire son soutien au Hezbollah et au Hamas, en particulier si une force internationale y est déployée après qu’elles seront redevenues les "Hauteurs syriennes". <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    La Syrie est un pays sunnite, même s’il est gouverné par des membres de la petite secte alaouite qui est plus proche du chiisme. (Les alaouites tiennent leur nom d’Ali, le gendre du prophète, que les chiites considèrent comme son héritier légitime.) L’alliance entre la Syrie sunnite et laïque et l’Iran chiite orthodoxe est un mariage de convenance, dépourvu de toute base idéologique. L’alliance avec le Hezbollah chiite est fondée aussi sur des intérêts : comme la Syrie n’ose pas attaquer Israël pour récupérer les Hauteurs du Golan, elle soutient le Hezbollah en tant qu'intermédiaire. <o:p></o:p>

      <o:p></o:p>

    TOUT CECI se produit sans l’implication des Américains. Là aussi il y a des précédents : l’initiative de Sadate en 1977 fut préparée dans le dos des Américains (comme l’ambassadeur américain au Caire à l’époque me l’a dit plus tard). L’initiative d’Oslo aussi mûrit sans la participation des Américains. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Jusqu’à récemment, les États Unis se sont opposés à tout dégel des relations entre les Israéliens et les Syriens et aujourd’hui encore ils la considèrent avec méfiance. Dans la vision de cow-boy qu’a Georges Bush du monde, la Syrie appartient à "l’Axe du mal" et doit être isolée. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Ceci apporte du grain à moudre à John Mearsheimer et Stephen Walt, les deux professeurs américains qui doivent visiter Israël le mois prochain. Leur livre provocateur affirme que le lobby pro-israélien domine complètement la politique étrangère américaine. Dans ce nouveau développement, il semble vraiment que Jérusalem a amené Washington sur ses positions. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Au cours de sa visite à Jérusalem il y a quelques jours, Bush a dénoncé le fait de parler à des ennemis. Cela a été interprété comme un reproche à Barak Obama qui a annoncé son intention de parler aux dirigeants de l’Iran. Il est possible qu’Olmert parie déjà sur l’entrée d’Obama à la Maison Blanche.  <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Mais Bush n’est pas encore un homme fini. Il lui reste encore huit mois à gouverner et lui aussi pourrait en venir à la conclusion qu’il devrait opter pour "la fuite en avant". Dans son cas : en attaquant l’Iran. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    COMMENT tout cela va-t-il affecter la mère de tous les problèmes, le cœur du conflit israélo-arabe : la question de la Palestine ? <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Menachem Begin a conclu une paix séparée avec l’Égypte et lui a restitué la totalité de la péninsule du Sinaï afin de consacrer toute son énergie à la guerre contre les Palestiniens. Sans aucun doute, Begin était prêt à procéder de la même façon sur le front syrien. Selon la carte qu’utilisait Vladimir (Ze’ev) Jabotinsky, avec laquelle Olmert a été éduqué, le Golan, pas plus que le Sinaï, ne fait partie de Eretz Israël. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Une paix séparée recèle de grands dangers pour les Palestiniens. Si le gouvernement israélien arrive à un accord de paix avec la Syrie (et ensuite avec le Liban), il sera en paix avec tous les États voisins. Les Palestiniens seront isolés et le gouvernement israélien pourra leur imposer ses volontés. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Contre ce danger, une perspective positive existe : qu’après l’évacuation du Golan, il y ait une pression accrue, interne et externe, pour réaliser la paix avec les Palestiniens aussi, une paix durable. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Les colons du Golan sont bien plus populaires en Israël que leurs homologues de Cisjordanie. Alors que les colons d'Ofra et d’Hébron sont considérés comme des religieux fanatiques, dont le comportement insensé est tout à fait étranger à la mentalité israélienne, les colons du Golan sont considérés comme "des gens comme nous". D’autant plus qu’ils ont été envoyés là-bas par le parti travailliste. Si les colons du Golan sont évacués, il sera beaucoup plus facile de s’occuper de la foule de colons de "Judée et Samarie". <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    En étant en paix avec tous les États arabes, la population israélienne pourrait se sentir plus en sécurité et de ce fait plus disposée à prendre des risques en faisant la paix avec le peuple palestinien. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Le climat international changera aussi. Si le fantasme de l'"Axe du mal" disparaît avec Georges Bush, et que de nouveaux dirigeants américains font de sérieux efforts pour réaliser la paix, l’optimisme osera de nouveau relever sa tête meurtrie. Il y a des gens qui rêvent d’un partenariat entre Barack Obama et Tzipi Livni. <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Tout ceci appartient à l'avenir. Entre temps, nous avons un Olmert faible qui a besoin d’une initiative forte. Dans la légende biblique, le héros Samson tua un jeune lion, et lorsqu’il revint plus tard vers lui, "voici qu’il y avait un essaim d’abeilles et du miel dans sa carcasse". Samson proposa une énigme aux Philistins : "Du fort est sorti de la douceur", et personne ne fut capable de trouver la réponse (Juges, 14) <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Maintenant, nous pouvons poser la question : "Le faible apportera-t-il de la douceur ?"<o:p></o:p>


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  • Gaza meurt dans l’indifférence, au su et au vu du monde

    Un des grands crimes de notre temps

     

    Nous continuons d’écrire, de dire notre refus des horreurs perpétrées par l’armée israélienne, tout en sachant que ceux des responsables qui ont la possibilité de les faire cesser ne veulent pas nous entendre. Des voix courageuses, et prestigieuses, se sont pourtant élevées.

     
    Gaza : des enfants condamnés avant leur naissance (rafahtoday.org)

    L’ancien président Jimmy Carter a récemment déclaré que le blocus contre la bande de Gaza, imposé par le Quartet après la victoire du Hamas aux élections de 2006, était « l’un des plus grands crimes contre l’humanité au monde » car il signifiait « l’emprisonnement de 1,6 millions de personnes, dont 1 million sont des réfugiés (…) A Gaza, la plupart des familles ne mangent plus qu’un repas par jour. De voir les Européens s’accommoder de cela est déconcertant ».

    À une question qui lui était posée sur la possibilité qu’ont les Etats européens de rompre avec l’attitude imposée par les Etats-Unis, M. Carter a répondu : « Pourquoi pas ? Ils ne sont pas nos vassaux. Ils occupent une position d’égalité par rapport aux Etats-Unis » 
    .

    L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix sud-africain, s’est rendu récemment à Gaza, dans le cadre d’une mission de trois jours à la demande du Conseil des Droits Humains de l’ONU. « La situation entière est abominable » a-t-il déclaré. « Nous pensons que les citoyens israéliens ordinaires ne supporteraient pas ce blocus, ce siège, s’ils savaient que ce cela signifie vraiment pour les gens ordinaires comme eux ». La communauté internationale est aussi fautive, a-t-il dit, pour son « silence et sa complicité ».

    Mais ces voix restent malheureusement trop rares et isolées. Malgré leurs appels, rien ne change, les mois passent. Israël maintient Gaza bouclée ; en manque d’eau, d’aliments, de médicaments les gens s’affaiblissent, dépérissent, meurent.

    Au moment où nous écrivons ces lignes, à Gaza, il y a des mères qui mettent au monde des enfants condamnés avant leur naissance. Le nombre d’enfants qui meurent à la naissance à cause de la malnutrition s’accroît. Beaucoup des enfants survivants sont anémiques, car la mère a elle-même été sous-alimentée durant sa grossesse.

    Imaginez l’inquiétude des parents, l’angoisse des mères à l’enfantement ! Il y a 9’000 à 10’000 nouveaux nés à Gaza chaque mois.

    C’est un crime abominable ! Ces enfants, vont devoir supporter toute leur vie les séquelles de cette situation. Car leurs cellules cérébrales ont subi d’ores et déjà des dommages irréparables.

    La majorité des enfants en dessous de l’âge de cinq ans se trouvent sous-alimentés, parce que privés de nourriture par décision du Gouvernement et de l’Etat Major israélien ! Les dirigeants israéliens savent parfaitement ce qu’ils font : sans le dire, ils contribuent par cette mesure cruelle à compromettre la vie des enfants Palestiniens de façon irréversible. Et nul ne semble pressé de courir au secours de ces enfants !

    La situation à Gaza est devenue intolérable. Voilà ce que nous disait, l’autre jour, un habitant de Beit Hanoun : « On est arrivé au-delà du supportable. Pas d’électricité, pas de mazout, pas de gaz, pas de nourriture, pas d’eau potable, pas de salaire ; on n’a rien ; c’est indescriptible. Et ni l’Europe, ni les Etats arabes ne réagissent, comme si la bande de Gaza était déjà rayée de la carte ! »

    Quand il s’agit de la survie des Palestiniens, qu’Israël affame et assassine, les responsables politiques restent inertes ; et les médias ne font pas une information qui permette aux gens de se rendre compte de la gravité de la situation. Mais les images terribles existent, les atrocités ont été décrites, et qui le veut vraiment a la possibilité de savoir ce qui se passe.

    Dès lors, tous ceux qui s’indignent rétrospectivement du silence et de la passivité de leurs aînés devant les pratiques concentrationnaires des Nazis, mais qui ne font rien pour dénoncer la situation qui est faite aux Palestiniens, ni pour obliger Israël à changer de politique, devraient commencer par balayer devant leur porte.

    Contrairement à leurs aînés, ils disposent, eux, de toutes les informations. Leur silence et leur passivité ne sont rien d’autre qu’une complicité dans le crime.


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  • Gaza : d'une prison à un zoo

    La gestion d'une prison vise à entraver et à réprimer la liberté; dans un zoo, la question est de savoir comment garder en vie ceux qu'on maintient à l'intérieur, dans le souci de la façon dont ceux, à l'extérieur, vont pouvoir les regarder.
    La question de la liberté n'est jamais soulevée. La crise de l'électricité actuelle aide, pour ainsi dire, à illustrer ce changement politique.
    La quasi-totalité de l'énergie de Gaza est fournie par Israël, à la fois directement depuis son propre réseau électrique - Israël se paie sur les revenus fiscaux qu'il collecte au nom de l'Autorité nationale palestinienne (ANP) -, et indirectement avec les livraisons de carburant par la compagnie israélienne Dor Alon à l'unique centrale électrique de Gaza, payées par l'Union européenne.
    Gaza connaît une crise d'énergie électrique depuis juin 2006, quand les hélicoptères de combat israéliens ont lancé leurs missiles sur les transformateurs de la centrale électrique, suite à la capture d'un soldat israélien, la rendant inutilisable (
    1).
    Israël a par la suite entravé toutes possibilités de réparation en bloquant ou retardant l'entrée des pièces de rechange et des matériels dans la Bande. La centrale fonctionne à l'heure actuelle à un niveau infime de ses capacités, répondant à moins d'un tiers des besoins de Gaza en électricité.
    Avant même que la fourniture du carburant pour la centrale ne soit coupée, le 20 janvier 2008, la plupart des gens de Gaza subissaient de fréquentes coupures, jusqu'à 8 heures par jour (
    2).
    Aggravant ce problème, l'intention annoncée par le cabinet de sécurité israélien, le 19 septembre, de couper l'approvisionnement en électricité et en carburant de Gaza.

    La méthode du domptage d’un fauve

    Le 29 novembre 2007, la Cour suprême israélienne a jugé que l'arrêt des fournitures en carburant pouvait être autorisée, arguant que la décision de l'État de réduire la quantité du carburant transférée à Gaza n'affectait pas les « besoins humanitaires essentiels » de la population (3).
    La Cour a autorisé la poursuite des réductions de carburant, mais elle a réservé sa décision sur les coupures programmées en électricité, demandant parallèlement à l'État un complément d'informations pour lui permettre de se prononcer.
    L'interaction entre l'État et la Cour est révélatrice de la façon dont Israël gère l'après désengagement de Gaza, et d'une mentalité de gardien de zoo.
    En 2006, Israël a décidé que la meilleure façon de punir les habitants de Gaza pour la capture de l'un de ses soldats était de leur porter un coup exceptionnel, un acte spectaculaire de violence qui conduirait à une privation généralisée (
    4).
    Maintenant, il recherche les mêmes résultats - par l'arrêt de l'électricité avec ses conséquences sur la vie quotidienne - mais par des moyens plus mesurés et à long terme.
    Cette différence dans la démarche est identique à celle qu'il y a entre les coups qu'on porte à la tête d'un prisonnier rebelle pour l'obliger à se soumettre, et le domptage d'un fauve où l'on dose soigneusement la longueur de sa laisse et son alimentation.

    La notion d'« humanitarisme essentiel »

    Cette réorientation exigeait d'abord de balayer la base juridique, d'où l'absence de toute référence dans la décision de la Cour du 29 novembre à un antécédent, traité ou texte juridiques, ce qui reflète la vision de Gaza qu'avait l'État pour après son désengagement : une zone qui n'impliquerait pour lui aucune contrainte juridique.
    Le droit international de l'occupation, sur lequel la Cour se fonde pour ses décisions relatives à Gaza, du moins en théorie - sans restrictions contre la colonisation - est absent, y compris l'interdiction absolue des punitions collectives (art. 33 de la Quatrième Convention de Genève).
    La décision de la Cour doit se lire uniquement comme une sorte d'exercice de calcul pratique, hypothétique ; le tribunal agit plus en administrateur qu'en juge, tel un partenaire dans le dosage des souffrances que les gens de Gaza doivent endurer.
    Au lieu d'un quelconque cadre juridique, l'État a proposé - et la Cour aujourd'hui l'a approuvé - une règle apparemment toute simple pour sa politique : une fois que « les besoins humanitaires essentiels » sont satisfaits, toutes les autres privations deviennent autorisées.
    S'il est possible de rationner le carburant pour les hôpitaux et le réseau d'égouts, alors, les besoins de l'économie de Gaza n'ont plus de rôle à jouer : « Nous réfutons l'argument des demandeurs (3) selon lequel il faudrait laisser "les forces du marché" jouer leur rôle à Gaza pour ce qui concerne la consommation de carburant. » (
    5)
    Cette logique reflète le changement radical de la politique de blocus d'Israël depuis l'été 2007 : elle passe de la fermeture fréquente et paralysante à un blocus illimité, sauf pour les « articles humanitaires essentiels ».

    L’économie de Gaza : un luxe superflu

    Israël change : avant il voulait punir l'économie de Gaza, maintenant il décide que l'économie de Gaza est un luxe superflu (bien qu'Israël autorise encore l'entrée de marchandises à Gaza quand les producteurs israéliens ont besoin d'écouler des surplus).
    Cette politique a contraint 90% des industries privées de Gaza à la fermeture, au gel de tous les chantiers de construction, et a fait monter le chômage à des niveaux records (
    6).
    Environ 80% de la population dépendent aujourd'hui de l'aide alimentaire, et les 20 autres pour cent vivent principalement sur les revenus des fonctionnaires, des salariés des ONG ou de ceux des organisations internationales, c'est-à-dire de gens qui dépendent économiquement de la bonne volonté extérieure d'une façon indirecte mais néanmoins réelle.
    En pratique, la distinction pure et simple entre besoins vitaux et luxe est souvent impossible à faire. Le réseau électrique fatigué de Gaza peut assurer, et assure, la répartition entre les secteurs, mais les hôpitaux et les pompes pour les eaux usées sont trop dispersés pour être alimentés en électricité séparément du reste de la population (
    7).
    Le fait qu'une autorisation doive être obtenue par ceux qui sont dans un état de santé « critique » et qui ont besoin de traitements médicaux à l'extérieur de Gaza - une règle approuvée par la Cour suprême israélienne l'été dernier (
    8) - a été la cause de décès du fait de refus de ces autorisations, même pour de simples procédures de « qualité de vie », y compris pour des opérations à coeur ouvert (9).
    La notion d' « humanitarisme essentiel » (on ne sait pas trop ce qui constitue l'humanitaire « non essentiel ») réduit les besoins, les aspirations et les droits de un million quatre cent mille humains à un exercice pour calculer le nombre de calories, de mégawatts et autres, d'unités unidimensionnelles, qui déterminent la distance qui sépare de la mort.
    Elle détourne l'attention de la destruction - et même elle la légitime - des capacités et des ressources intérieures de Gaza : son économie, ses institutions et son infrastructure.

    Transformer Gaza en enclos pour animaux

    Et même si cette notion est mise en oeuvre de bonne foi, et avec les meilleures intentions, elle ne promet rien d'autre que de transformer tous les Gazaouis, sans exception, en mendiants - ou plutôt en animaux bien nourris -, tributaires de l'argent international et des autorisations israéliennes.
    Si les efforts passés d'Israël pour limiter les termes du débat aboutissent, la communauté internationale, les plaideurs locaux, les « dirigeants » palestiniens, et d'autres, pourraient bientôt dépenser l'essentiel de leur énergie à mendier, ici une citerne de carburant en plus, là quelques mégawatts d'électricité supplémentaires.
    Cependant, pour se confronter à la consolidation du régime de zoo, il faut une approche plus large.
    A bien réfléchir, Gaza semble être moins un zoo qu'un enclos pour animaux, dans l'arrière-cour d'un grand manoir, à savoir l'État d'Israël.
    La bande de Gaza ne constitue pas un monde spécifique à part, mais un endroit annexe où un quart de toute la population palestinienne vit sous le contrôle d'Israël.
    Les Gazaouis sont au plus bas degré de l'échelle d'une hiérarchie dans l'exclusion juridique qui couvre la moitié de la population non juive d'Israël/Palestine, laquelle se décompose en citoyens d'Israël, résidents de Jérusalem-Est et en Cisjordaniens (vivant soit sous l'administration de l'Autorité nationale palestinienne, soit sous la juridiction militaire israélienne directe).
    Les lendemains de Gaza sont inextricablement liés à ceux d'Israël, et le présent de Gaza fournit l'exemple le plus urgent de la nécessité de définir un système politique plus juste et un cadre juridique à l'État qui, de fait, a étendu son territoire depuis le fleuve jusqu'à la mer, depuis 4 décennies.

    Sur la photo : Des Gazaouis font la file devant une boulangerie
    ***

    L'essentiel de cet article a été écrit à Gaza, entre les coupures de courant ; les opinions exprimées dans cet essai lui sont personnelles. Il a été écrit avant la décision de la Cour suprême du 30 janvier 2008 : HCJ 9132/07, Jaber al-Basyouni Ahmed c/Premier ministre (et avant la destruction du mur/frontière entre Rafah et l'Egypte par les Palestiniens, le 23 janvier - ndt).

    nies.

    NOTES:

    1) Pour une vue d'ensemble sur les effets de l'attaque et juger de sa légalité, voir « Acte de vengeance : le bombardement de la centrale électrique de Gaza par Israël et ses effets » (B'Tselem, septembre 2006).

    2) « Rapport sur la situation humanitaire à Gaza : les pénuries d'énergie dans la bande de Gaza » (pdf) (OCHA-TPO, 8 janvier 2008).

    3) HCJ 9132/07, Jaber al-Basyouni Ahmed c/Premier ministre : les demandeurs à la procédure sont : Adalah (centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël), Gisha (centre juridique pour la liberté de mouvement), HaMoked (centre pour la défense de l'individu), PHR (Médecins pour les droits humains - Israël), PCHR (centre palestinien pour les droits humains), le Comité public contre la torture en Israël, le Programme de psychiatrie de la communauté de Gaza, B'Tselem (centre d'information israélien pour les droits humains dans les territoire occupés), Al-Haq et Al Mezan (centres pour les droits humains).

    4) Selon Yoav Gallant, chef du Commandement Sud de l'armée israélienne, une alternative aux coupures de courant directes a aussi été examinée mais rejetée en raison de l'opposition de la société d'Electricité d'Israël, probablement pour des raisons contractuelles et financières. « Acte de Vengeance » p. 27.

    5) HCJ 9132/07, Jaber al-Basyouni Ahmed c/Premier ministre, § I.4.

    6) « Fermeture de la bande de Gaza : conséquences économiques et humanitaires » (pdf) (OCHA-TPO, 13 décembre 2007).

    7) Pièce jointe A, attachée aux conclusions déposées par Usama Dabbour, directeur des relations extérieures de la Compagnie de distribution d'électricité de Gaza (GEDCO) devant la Cour suprême dans l'affaire HCJ 9132/07, Jaber al-Basyouni Ahmed c/Premier ministre, 9 janvier 2008.

    8) HCJ 5429/07, PHR c/Ministre de la Défense.

    9) « Israël : le gouvernement bloque les évacuations sanitaire depuis Gaza » (HRW, communiqué de presse du 20 octobre 2007).


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