• La torture, une pratique routinière des forces US en Irak : témoignage devant la commission des crimes de guerre de Kuala Lumpur

     

    Déclaration légale

    Je soussigné Abbas Z. Abid (Passeport irakien n° S379532), citoyen irakien majeur, déclare solennellement et sincèrement ce qui suit :

    1. J’ai 43 ans

    2. Je vis à Falloujah, en Irak.

    3. Je suis ingénieur en électricité. Avant mon arrestation et ma détention j’étais ingénieur en chef au ministère des Sciences et des Technologies à Bagdad.

    4. Le but de cette déclaration légale et d’enregistrer mon expérience de la torture lors de ma détention à la prison Al Jadiria.

    5. Il s’agit d’un ancien abri souterrain reconverti en prison secrète.

    6. Le 28 août 2005 vers 22 heures, une force conjointe de soldats US et de Gardes nationaux irakiens a effectué un raid sur la maison de mon frère. Cette force consistait en 4 Humvees pleins de soldats US et de 12 camions transportant des soldats irakiens. Plus de 15 soldats US e irakiens ont pénétré dans la maison d’une manière terrifiante.

    7. Mes neveux ont couru à ma maison en appelant à l’aide car mon frère n’était pas à la maison ce soir-là. J’habite près de chez lui.

    8. Je suis allé à la maison de mon frère et j’ai accueilli les soldats en me présentant comme ingénieur en chef au ministère des Sciences et des Technologies. Je leur ai dit que mon frère n’était pas disponible pour l’instant et que je pouvais répondre à leurs questions. Ils m’ont dit qu’ils étaient à la recherche de preuves incriminantes. Ne trouvant rien d’illégal dans la maison, le Commandant s’est dirigé vers une table dans le living-room, utilisée par mes neveux pour leurs devoirs.

    9. Il a commencé à fouiller la table et a demandé : »Pourquoi tant de livres saints (Corans, NdT) ? » Je lui ai dit que chaque membre de la famille avait son propre livre saint. Il a ensuite examiné certains papiers sur la table qui étaient des articles téléchargés sur internet depuis divers sites – certains évoquaient la violence en Irak, d’autres des figures politiques comme Ahmed Chalabi. Le Commandant a demandé : « C’est quoi, ça ? » et comme je ne connaissais pas le contenu de ces papiers, j’ai jeté un regard rapide sur eux et lui ai dit qu’il s’agissait d’articles divers sur la situation en Irak. Il a dit : « Je les prends pour les montrer à mes supérieurs. » Il a pris les articles et les cinq Corans qui étaient sur la table et il a quitté la maison.

    10. Arrivé à la porte d’entrée, un soldat lui a murmuré quelque chose à l’oreille et il est revenu en arrière pour me demander : « Quel type de voiture votre frère conduit-il ? Où est-ce qu’il est maintenant ? » Je lui répondu que c’était une Opel Oméga et qu’elle était dans le garage de notre père. Le Commandant m’a alors dit qu’il voulait contrôler la maison de mon père.

    11. Ils ont fouillé la maison de mon père et n’ont rien trouvé. Puis les soldats m’ont ordonné de les suivre pour interrogatoire.

    12. J’ai été d’abord conduit au QG de la Brigade Al Muthanna pour être interrogé. Ils m’ont frappé et m’ont demandé les noms des « terroristes » de mon quartier. Je leur ai répondu que je ne connaissais aucun terroriste. Mais ils ne m’ont pas cru et ont continué à me frapper. Ils m’ont aussi électrocuté et menacé de m’exécuter. L’Américain participait à la torture et fournissait des bières aux interrogateurs et aux gardes. Je sais cela car je comprends l’anglais.

    13. Peu de temps après ma détention, le fils de mon cousin a aussi été arrêté et torturé afin d’obtenir de lui un témoignage contre moi. Il a été relâché après 18 jours de torture et après avoir fait une fausse déclaration contre moi.

    14. J’ai été détenu au QG de la brigade d’Al Muthana pendant 4 semaines puis j’ai été transféré à la prison d’Al Jadiria. Les détenus qui ont été transférés avec moi étaient : Hameed Kameel Shared Taha Hussein Readh Mustafa Rabah Mahmoud Basim Hammed Khalaf Fauzi Kareem Muhanned Eesaa

    15. Là, j’ai été de nouveau torturé de la manière suivante : a. Coups avec divers instruments (gros gourdins, câbles, tuyaux métalliques, rubans métalliques); b. Décharges électriques dans diverses parties du corps, particulièrement le pénis ; c. On m’a forcé à boire de l’eau mélangée avec une solution diurétique puis on m’a attaché le pénis avec un élastique pour m’empêcher d’uriner; d. J’ai été pendu à un mur avec des poids attachés à mon pénis pendant de longues heures ; e. Menaces d’agressions sexuelles ; f. Ils « jouaient » avec mes organes génitaux ; g. Ils me terrorisaient en tirant au fusil près et au-dessus de ma tête; h. Menaces de violer ma femme et ma mère après les avoir amenées à la prison ; i. Suppression de toute alimentation et boisson (sauf l’eau que j’étais forcé de boire avec la solutuion diurétique) pendant la période d’enquête j. Extraction forcée de mes ongles ; k. Ils me pendaient au mur pendant de longues heures jusqu’à ce que je m’évanouisse, à partir de mes mains menottées dans le dos, ce qui m’a disloqué les épaules ; l. Ils me pendaient au mur puis me frappaient avec divers instruments jusqu’à ce que les menottes se brisent. Cela est arrivé plusieurs fois.

    16. D’autres détenus ont subi les tortures suivantes : a. Relations sexuelles forcées entre détenus b. Corps percés avec une perceuse « Black & Decker » ; c. Découpage de morceaux de chair avec une machine à meuler ; d. Brûlures infligées avec des cigarettes et du nylon fondu ; e. Sodomisation avec divers objets : bâtons de bois, tuyaux, et un tuyau d’aspirateur ; f. Obligation de rester debout pendant de longues heures.

    17. J’ai été forcé de signer une déclaration sans pouvoir la lire et sans savoir ce qu’elle contenait car ils m’avaient mis un sac sur la tête. Ils le font à tous les prisonniers.

    18. J’ai ensuite été jeté dans le couloir avec le sac sur la tête pendant de longues heures. Puis on m’a amené dans une petite pièce (2.5m X 2.5m) avec 30 autres détenus ; 3 jours plus tard, j’ai été déplacé dans une pièce contenant environ 70 détenus qui faisait 7 m. sur 3.5 m. Le nombre des détenus a ensuite augmenté et a atteint 115 dans cette même pièce.

    19. J’ai du garder le sac sur la tête pendant deux mois. Ils ne l’enlevaient que quand ils me donnaient à manger. Certains détenus ont gardé le sac sur la tête pendant plus de cinq mois. J’ai vu beaucoup de choses incroyabels dans cette pièce, comme par exemple : a. Il n’y avait pas assez d’espace pour tout le monde, donc les détenus étaient assis ou allongés les uns sur les autres et la plupart d’entre eux souffraient de brûlures, de frictions et de blessures graves, certains étaient atteints de maladies contagieuses comme la tuberculose et la gale. b. Tout le monde urinait dans des bouteilles en plastique placées près de la porte. Les visites aux toilettes n’étaient autorisées que tous les quatre jours. c. Nous étions séparés en groupes de 15 détenus. Chaque détenu n’avait le droit de rester aux WC qu’une minute puis de céder la place au suivant. Toutes les autres fois dans l’intervalle de quatre jours, nous devions faire nos besoins devant tout le monde dans les sachets en plastique qu’on nous avait donné. Ces sachets servaient à nous apporter la nourriture et nous les gardions pour cette autre fonction. Ces sachets de toilette étaient placés près des bouteilles en plastique près de la porte. Comme la pièce était surpeuplée, les bouteilles et les sachets étaient renversés et les excréments se répandaient dans toute la pièce. Ces bouteilles et ces sachets étaient vidés tous les quatre jours quand nous allions aux WC. Su le chemin vers les WC et au retour, nous étions battus par les gardes. d. Les gardes offraient des récompenses pour inciter les détenus à rapporter ce que les uns et les autres savaient, entendaient ou pensaient, si bien que certains détenus inventaient des histoires sur leurs codétenus pour éviter la torture. e. Les détenus portant des noms comme “Omar”, “Bakir”ou “Marwan”, indiquant qu’ils étaient sunnites, faisaient l’objet d’attentions particulières des gardes qui leur criaient dessus et les appelaient « fils de pute », « bâtard » et autres termes injurieux. f. Aucun soin médical n’était disponible et on laissait mourir les détenus de leurs blessures causées par la torture. Pendant mon séjour à la prison, les détenus suivants sont morts : Alaa Khareeb Hassan Mohammed Khadim Husham Abbas Omar Ali Mohammed Khalid Younis Muhseen Ali Farhan Mohamed Waheed Mahmoud Abdullah Haitham Radhi

    20. Chaque groupe de cinq détenus recevait une bouteille de 2 litres d’eau tous les 2-3 jours ; quand la soif devenait insupportable, certains détenus buvaient l’urine contenue dans les bouteilles.

    21.Certains gardes dans la prison avaient des téléphones mobiles avec des signaux et des chansons en persan et parlaient une langue que je ne comprends pas.

    22. Même si la prison d’Al Jadiria est sous le contrôle du ministère de l’Intérieur, les soldats Us ont visité cette prison de nombreuses fois et ne peuvent donc nier l’existence d’une telle prison. Pourtant dans les médias, ils nient en avoir connaissance et cherchent délibérément à donner l’impression que dans cette prison, il n’y a que des soldats irakiens qui torturent des compatriotes, afin de détourner l’attention des tortures à Abou Ghraïb.

    23. Le 5 septembre 2006 j’ai été présenté à un tribunal et le juge a décidé de me remettre en liberté pour manque de preuves contre moi.

    24. J’ai été libéré le 2 octobre 2006 avec trois codétenus dont un Syrien. Mon frère m’attendait à la porte de la prison dans sa voiture. Il avait loué les services d’un groupe de policiers pour assurer ma sécurité et que je rentrerais sain et sauf chez moi. J’ai demandé à mes compagnons de venir avec nous mais ils ont refusé. Deux voitures nous suivaient, une BMW et une Toyota Crown, toutes les deux avec des vitres fumées, mais nous avons pu les semer.

    25. Plus tard, j’ai appris que mes anciens codétenus libérés en même temps que moi avaient été tués et brûlés au cimetière de Najaf et que leurs familles avaient du payer de fortes sommes pour pouvoir récupérer leurs corps à Najaf et les enterrer à nouveau à Bagdad.

    26. Je suis resté moins d’une heure dans ma maison puis je suis allé dans une autre maison pour y rester quelques jours. Ensuite j’ai quitté mon pays chéri.

    Et je fais cette déclaration solennelle en toute conscience et connaissance de cause en vertu des dispositions de la loi sur les déclarations légales de 1960. Le susnommé ABBAS Z. ABID (Passeport irakien N° S379532), comparaissant devant moi, Saw Ah Leong Commissaire des serments, Kuala Lumpur, Malaisie.

     

    Lire aussi le Témoignage d.Ali Shalal sur la torture à Abou Ghraïb


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  • Vous et moi et la prochaine guerre

    « Nous sommes prêts pour la prochaine guerre », a dit cette semaine un réserviste à un reporter de télévision, sur un champ de manœuvres d’une brigade sur les hauteurs du Golan.

    Quelle guerre ? Contre qui ? Pour quelle raison ? Cela n’a pas été dit, et les questions n’ont même pas été posées. Le soldat a dit comme une chose allant de soi que la guerre éclatera bientôt, et savoir contre qui ne semblait pas le préoccuper particulièrement.

    Les hommes politiques ont l’habitude de s’exprimer en prenant plus de précautions, dans des formules du style « Si, Dieu nous en garde, une guerre éclatait... » Mais dans le discours des Israéliens, la prochaine guerre est considérée comme un phénomène naturel, comme le lever du soleil du lendemain. Bien sûr, la guerre éclatera. La seule question est : contre qui ?

    ET EN EFFET - contre qui ? Peut-être de nouveau contre le Hezbollah ?

    C’est tout à fait possible. A la Knesset et dans les médias, un vif débat eut lieu cette semaine sur le fait de savoir si le Hezbollah avait déjà reconstitué toutes les forces dont il disposait avant la seconde guerre du Liban, ou pas encore. Dans une commission de la Knesset, il y eut une altercation entre l’un des chefs des services secrets, qui affirmait vigoureusement qu’il en était ainsi, et le ministre de la Défense, qui exprimait l’opinion que le Hezbollah n’avait que la « possibilité » d’y parvenir.

    Hassan Nasrallah, qui a un extraordinaire talent pour rendre fous les Israéliens, a jeté de l’huile sur le feu en annonçant, dans un discours public, que des armes affluaient vers lui depuis la Syrie, et qu’il les transférait au sud dans des camions « recouverts de paille ».

    Nos commentateurs ont réagi en déclarant que, « au plus tard cet été », l’armée israélienne sera obligée d’attaquer le Liban pour écarter le danger et, par la même occasion, effacer la honte et restaurer le pouvoir dissuasif de l’armée qui a été perdu sur les champs de bataille de cette malheureuse guerre.

    OU PEUT-ÊTRE la Syrie, cette fois ?

    C’est également possible. Après tout, la manœuvre de brigade de cette semaine, la première depuis longtemps, a eu lieu au Golan et était manifestement dirigée contre Damas.

    Certes, les Syriens ont proposé la paix. Ils sont en train de modifier leur stratégie pour amener inciter Israël à entamer des négociations

    Mais c’est hors de question. Le président Bush a interdit à Israël de faire le moindre pas dans cette direction. Bush menace la Syrie d’une guerre (voir ci-dessous) et il est impensable qu’Israël, le compagnon de route loyal, fasse la paix avec quelqu’un que l’Amérique n’aime pas. Non, la paix avec la Syrie n’est pas dans les prévisions. Oublions la.

    Et, comme ne l’ont pas dit les Romains : « si non vis pacem, para bellum » - si tu ne veux pas la paix, prépare la guerre.

    Les préparatifs vont bien au-delà de l’entraînement des forces sur le terrain. Ils ont aussi une dimension psychologique. L’avant-veille, un très gros titre de la une du Haaretz annonçait : « Course aux armements de la Syrie avec l’aide de l’Iran. » Les autres médias ont fait la même chose. On a dit que la Russie fournissait à la Syrie d’énormes quantités d’armes anti-char, du type de celles qui ont perforé même les tanks israéliens les plus modernes de la récente guerre. Et, comme si ce n’était pas suffisant, la Russie approvisionne aussi la Syrie avec des missiles anti-navire qui seraient une réelle menace pour notre flotte, et des missiles à longue portée qui peuvent atteindre n’importe quel coin d’Israël.

    La presse met dans le même sac trois pays, la Syrie, la Russie et l’Iran, qui sont, comme par hasard, les trois membres du nouvel « axe de mal » de Bush.

    Il est clair que cette campagne médiatique est orchestrée par les chefs militaires et a un rapport avec la manœuvre militaire. En fait, c’est la première action du nouveau chef d’état-major, Gaby Ashkenazi, qui a supervisé la manœuvre en compagnie du ministre de la Défense, Amir Peretz, (Un photographe dégourdi a photographié Peretz observant l’action avec des jumelles. Mais le couvercle des lentilles n’avait pas été retiré et il ne pouvait donc évidemment voir que du noir)

    La vérité est qu’aucun danger ne se cache de ce côté là. Il n’existe pas la moindre possibilité que la Syrie attaque Israël. Les capacités militaires de la Syrie, même avec toutes les armes russes qu’elle pourrait recevoir, sont de très loin inférieures à celles de l’armée israélienne. C’est le point de vue de l’ensemble de la communauté des services secrets israéliens. Si la Syrie se réarme, c’est dans des objectifs défensifs. Ils craignent, à juste titre, Israël et les Etats-Unis.

    Mais si on veut la guerre, qu’est-ce que ça peut faire ?

    ET PEUT-ÊTRE toutes ces gesticulations ne sont-elles que des tactiques de diversion, pour détourner l’attention du véritable objectif de la prochaine guerre - l’Iran ?

    Depuis de nombreux mois maintenant, nos médias diffusent presque quotidiennement des mises en garde alarmistes sur l’Iran. Dans quelques années, ce pays aura la capacité, ainsi que la volonté, de perpétrer un « second Holocauste ». L’image est celle d’un pays fou, conduit par un second Hitler qui est prêt à voir l’Iran anéanti si c’est le prix à payer pour effacer Israël de la carte.

    Il est évident que contre un tel ennemi, le vieil adage hébreu s’applique : « Celui qui s’apprête à te tuer, tue-le en premier »

    APRÈS LA guerre des Six-Jours, une satire pacifiste portait le titre : « Vous, moi et la prochaine guerre » (« Vous » dans sa forme féminine). Peut-être devrait-elle être relancée aujourd’hui.

    Durant les quelques derniers jours, une très grande annonce publicitaire a fait son apparition dans les journaux. Elle est signée d’un groupe qui se dénomme « Les soldats de réserve » et qui dit représenter les réservistes déçus de la dernière guerre. L’annonce énumère toutes les raisons d’écarter Olmert du pouvoir, et se termine en beauté par le sinistre avertissement suivant : « Il restera dans son fauteuil et dirigera la prochaine guerre. »

    Peut-être est-ce exactement ce qu’il a en tête. Nous n’avons jamais eu un Premier ministre si profondément embourbé dans les problèmes. Dans quelques semaines, la commission d’enquête sur la seconde guerre du Liban publiera ses conclusions. Certes, c’est Olmert lui-même qui a nommé cette commission et choisi personnellement ses membres, de façon à éviter de tomber entre les mains du comité d’enquête judiciaire, dont les membres auraient été désignés par la Cour suprême et qui auraient pu être beaucoup moins prévenants. Mais même ainsi, il se peut qu’il ne s’en sorte que de justesse après les conclusions de la commission. En même temps, plusieurs allégations de corruption contre lui font l’objet d’enquêtes policières.

    Il est vrai que la semaine dernière Olmert a réussi à nommer de nouveaux chefs de la police (dont un ami personnel) ainsi qu’un nouveau ministre de la Justice à son goût, mais ceci ne lui garantit pas non plus une totale immunité.

    En attendant il ne fait qu’illustrer une vérité ancienne : une personne habile sait comment se sortir d’un piège dans lequel une personne avisée ne serait pas tombée.

    Il n’a pas de programme. Il l’a dit lui-même. Il est le chef d’un parti amorphe, sans membres ni institutions et sans racines réelles dans la population. Les sondages d’opinion montrent que ses taux d’opinions favorables sont au plus bas (seul le ministre de la Défense plonge encore plus ). Olmert ne reste au pouvoir que parce que beaucoup pensent que toutes les alternatives disponibles seraient encore pires.

    Un Premier ministre cynique, empêtré dans une telle situation, pourrait facilement être tenté de lancer une nouvelle aventure militaire, dans l’espoir qu’elle lui rende sa popularité perdue et qu’elle détourne l’attention de ses ennuis personnels et politiques. Si tel est l’objectif, la question n’est pas tellement de savoir contre qui - les Palestiniens, les Libanais, les Syriens ou les Iraniens. L’essentiel est que cela arrive le plus tôt possible, de préférence au plus tard cet été. Il ne reste plus qu’à convaincre l’opinion publique de la présence d’un danger existentiel, mais dans notre pays, ce n’est pas trop difficile.

    TOUT CECI nous rappelle, bien sûr, un autre dirigeant exceptionnel - George W. Bush. Il est étonnant de voir à quel point ces deux-là se trouvent presque dans la même situation.

    Le système politique américain est admiré par beaucoup de gens en Israël, et de temps en temps l’idée que nous devrions aussi l’adopter ressort. Un dirigeant fort, élu directement par le peuple, qui nomme des ministres compétents - qu’y a-t-il de mieux ?

    Mais il semble que le système américain a créé une situation terrifiante : le Président Bush a encore deux années au pouvoir - et dans ce laps de temps il peut lancer une guerre selon son bon vouloir, même si aujourd’hui les Américains ont clairement montré aux élections pour le Congrès qu’ils ont la guerre d’Irak en horreur. En tant que commandant en chef des forces militaires les plus puissantes du monde, il peut élargir et intensifier la guerre en Irak, et, en même temps, lancer une nouvelle guerre contre l’Iran ou la Syrie.

    Les deux chambres du Congrès peuvent théoriquement l’arrêter en coupant les crédits pour les forces armées, mais la plupart des membres de ces deux augustes corps sont des moulins à parole qui sont terrorisés à cette idée même (si toutefois ils l’ont). N’importe quel marine à Bagdad a plus de courage que toute la bande des Sénateurs et membres du congrès réunis. Ceux-ci ne pourraient même pas imaginer entamer la procédure d’impeachment contre le Président.

    Ainsi, une personne seule peut causer une catastrophe mondiale. Il n’a pas de freins, mais il a un fort instinct pour la guerre : concrétiser sa « vision » (qui lui est dictée par Dieu lui-même en conversation privée) et rehausser son image dans l’histoire.

    Est-ce réalisable ? Eh bien, l’armée américaine est trop petite pour conduire une autre guerre majeure au sol. Mais Bush et ses conseillers croient qu’il n’est pas nécessaire de le faire. Ils sont les successeurs du général américain qui en son temps parlait de « bombarder le Vietnam pour le ramener à l’âge de pierre ». Après tout, cela a marché en Serbie et en Afghanistan.

    Les néo-cons. qui règnent encore en maîtres à Washington, sont convaincus qu’une pluie de centaines de bombes intelligentes sur toutes les installations nucléaires, militaires, gouvernementales et publiques en Iran pourraient « faire le travail ». Leurs amis en Israël applaudiront, puisque cela déchargerait Israël du besoin de faire quelque chose de semblable, à plus petite échelle.

    Mais une aventure américaine et/ou israélienne serait une catastrophe. Des bombes peuvent dévaster un pays mais pas un peuple comme les Iraniens. Seule une imagination déchaînée peut prévoir comment plus d’un milliard de musulmans d’une vingtaine de pays - y compris tous nos voisins - réagiraient à la destruction d’un pays musulman (même chiite). C’est jouer avec le feu, et cela pourrait provoquer une conflagration mondiale.

    Bush et Olmert et la prochaine guerre - AU SECOURS !


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  • Les Etats-Unis n’ont aucun droit d’attaquer l’Iran

    par BBC
     

    Les plans d’attaques pour les bombardements aériens contre l’Iran dépassent les seuls lieux nucléaires et englobent la plus grande partie des infrastructures militaires du pays

    Une telle attaque – dans le cas où elle serait ordonnée – prendrait bien sûr pour cible les bases de l’armée de l’air et de la marine, les bases de missiles ainsi que les centres de contrôle et de commandement de l’Iran.

    Les Etats-Unis persistent à dire qu’ils ne planifient pas d’attaque militaire, et essayent de convaincre Téhéran d’arrêter l’enrichissement d’uranium. L’ONU a mis l’Iran en demeure d’arrêter son programme sous peine d’être confronté à des sanctions économiques. Pourtant des sources diplomatiques ont rapporté à la BBC que de hauts fonctionnaires du Central Command en Floride ont déjà arrêté leurs choix sur leurs objectifs à l’intérieur de l’Iran dans le cadre de leur plan B. Cette liste contient le centre d’enrichissement d’uranium de Natanz. Selon les sources d’informations, des installations à Isfahan, Arak et Bushehr sont aussi sur la liste des objectifs.

    Deux déclencheurs

    Frank Gardner, correspondant de la BBC pour les questions de sécurité, affirme que l’un des déclencheurs pour une telle offensive, sous-entend une quelconque confirmation que l’Iran développe des armes nucléaires – ce que celui-ci dément. L’autre déclencheur, ajoute notre correspondant, pourrait être une attaque contre les troupes US-américaines en Irak avec un grand nombre de victimes. Cela pourrait déclencher une vague de bombardements, si une telle attaque pouvait être directement attribuée à l’Iran.

    Des bombardiers furtifs à grand rayon d’action de type B2 lanceraient des bombes «anti-bunker» pour percer ainsi l’installation de Natanz, qui est enfouie à environ 25 mètres sous terre. Frances Harrison, la correspondante de la BBC à Téhéran, affirme que la nouvelle de deux déclencheurs possibles pour une offensive militaire est un grand souci pour les Iraniens. Les autorités persistent à dire qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter, mais néanmoins, les gens dans la rue s’inquiètent, dit-elle.

    Deadline

    En Iraq des officiers américains ont affirmé ce mois-ci encore, qu’ils possédaient des preuves que l’Iran livre des armes aux milices chiites irakiennes. Mais l’officier de plus haut grade de l’armée américaine a mis en doute cela plus tard, dans le sens où il a dit qu’ils avaient uniquement des preuves que des armes «made in Iran» avaient été utilisées en Irak. Le général Peter Pace, commandant en chef des forces alliées, a dit qu’il n’avait pas connaissance de preuves que le gouvernement iranien soit «clairement informé ou partie prenante». Auparavant le président Mahmoud Ahmadinejad avait dit que ces accusations n’étaient que des «excuses pour prolonger la présence [des troupes américaines] en Irak».

    Des experts du Proche-Orient ont récemment exprimé leurs craintes sur les conséquences catastrophiques d’une telle offensive américaine contre l’Iran. L’ancien ambassadeur britannique à Téhéran, Sir Richard Dalton, a dit à la BBC que cela pourrait avoir l’effet inverse, puisque une attaque pourrait aussi encouragé le gouvernement iranien à développer des armes nucléaires à long terme.

    L’Iran à repris l’enrichissement d’uranium dans le courrant de l’année dernière – un processus pour lequel du combustible pour des centrales électriques nucléaires, ou bien dans le cas d’un enrichissement plus élevé, pour des bombes atomiques peut être produit. Téhéran affirme que son programme est uniquement pour une utilisation civile, mais les pays de l’Ouest soupçonnent que l’Iran essaie de construire des armes nucléaires.

    Le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé que l’Iran arrête son enrichissement d’uranium avant le 21 février. Au cas où il ne le ferait pas et que l’Agence internationale de l’énergie atomique le confirme, de nouvelles sanctions économiques seront prises en considération conformément à la résolution.


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  • Le maïs dans le moteur d’accord, mais à notre façon : campesinos contre Bush

    par João Pedro Stedile
     

    Le mouvement des paysans Sem terra du Brésil et l’organisation internationale Via Campesina condamnent l’initiative du président Bush, qui, dans son imminent voyage (l’article a été écrit avant le voyage de Bush au Brésil, NDT) latino-américain se propose de séduire et faire coopter les gouvernements de la région dans le développement à grande échelle de la production des biocombustibles – comme l’alcool de la canne à sucre et l’éthanol de maïs - pour les exporter vers le marché nord-américain. Récemment, 600 dirigeants de mouvements paysans du monde entier, de scientifiques, d’écologistes et de féministes, se sont réunis au Mali pour discuter  des problèmes relatifs à la souveraineté alimentaire de nos pays. Nous avons analysé l’offensive en cours pour la production de biocombustibles et avons  compris qu’une « alliance diabolique » a été fomentée pour unifier les intérêts de trois grands secteurs du capital international : les entreprises pétrolières, les transnationales  qui contrôlent le commerce agricole et les semences transgéniques, et les firmes des constructeurs automobiles.

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    Que veulent-ils ? Maintenir le niveau actuel de consommation dans le premier monde, avec tous leurs taux de bénéfice. Pour l’obtenir, ils attendent que les pays du sud concentrent leur agriculture sur la production  de combustibles qui approvisionneraient les moteurs du premier monde.


    L’énergie contenue dans les grains (céréales) ou dans les plantes est en réalité une métamorphose agrochimique de l’énergie solaire qui, à travers les huiles végétales ou l’alcool se transforme en combustible. Les meilleures conditions de réalisation de ce processus  se trouvent au sud du monde, où l’incidence de l’énergie solaire est plus grande et où il y a encore des terres disponibles. En outre,  les entreprises veulent profiter de l’ouverture vers les agrocombustibles pour étendre l’utilisation des semences transgéniques de soja et maïs, en s’assurant les bénéfices dérivant de la vente des semences brevetées et de celle des produits agro toxiques pour le développement de l’agriculture énergétique.


    Produire des combustibles comme le tournesol, le maïs, les amandes, la palme africaine ou la canne à sucre est en apparence un comportement  animé de bonnes intentions : celui de substituer au pétrole, combustible polluant et non renouvelable, des combustibles renouvelables qui n’endommagent pas l’environnement. Cette alternative sera récompensée  par une vaste publicité gratuite, parce qu’elle se présentera comme un geste de bonne volonté pour limiter le réchauffement de la planète.

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    Mais la seule chose qui intéresse l’alliance trilatérale c’est  de faire des profits. La question environnementale ne les préoccupe pas le moins du monde. L’alliance n’a opté pour l’énergie  renouvelable que pour ne pas dépendre du pétrole importé par des pays qui ont des gouvernements nationalistes comme le Vénézuéla et l’Iran, du fait de l’échec de la guerre en Irak qui a empêché les Etats-Unis de s’approprier ce pétrole, et du fait de l’instabilité politique du Nigéria, de l’Arabie Saoudite et de l’Angola. En clair, le choix a été déterminé par des problèmes dan les principaux pays qui exportent leur pétrole aux Etats-Unis ou en Europe.

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    Les mouvements  paysans affirment :

    En premier lieu qu’on ne doit pas utiliser le terme de biocombustible, parce que mettre génériquement en relation énergie et  vie (bio) est une manipulation d’un concept qui n’existe pas. Le terme doit être remplacé par  agrocombustible.

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    Deuxièmement, nous reconnaissons que l’agrocombustible est plus adapté à l’environnement que le pétrole. Mais cela ne modifie pas le principe du choix auquel est appelé l’humanité : le modèle actuel du gaspillage de l’énergie et du transport individuel, qui doit être remplacé  par un modèle fondé sur le transport collectif (train, métro etc.).

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    Troisièmement, nous sommes opposés  à l’utilisation de biens destinés à l’alimentation humaine à des fins de production de combustibles.

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    Quatrièmement, bien que la production d’agrocombustibles soit considérée comme nécessaire, elle doit être faite de façon durable. Nous combattons le modèle  néo libéral actuel d’agriculture à grande échelle et de monoculture, qui dégrade l’environnement par l’utilisation intensive d’agro toxiques et la mécanisation, qui élimine la main d’œuvre et  aggrave le réchauffement de la planète, en détruisant la biodiversité, et en empêchant que l’humidité et les pluies gardent un équilibre avec la production agricole.

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    Nous affirmons qu’il est possible de réaliser des combustibles avec des produits agricoles si ceux-ci sont cultivés  de façon durable, dans des unités de production petites et moyennes, qui ne déséquilibrent pas l’environnement et qui préservent une plus grande  autonomie pour les paysans dans leur contrôle de l’énergie et dans les approvisionnements des villes.


    Le mouvement paysan condamne le voyage de Bush, parce qu’il marquera le début de l’offensive pour l’exportation d’agrocombustibles latino-américains vers le marché étasunien. En échange, les capitalistes nord-américains de l’alliance trilatérale exigent  le droit d’installer des dizaines de nouveaux établissements pour la production d’alcool dans tout le continent sud-américain. Pour rendre son propre programme réalisable, le gouvernement Bush postule qu’on reconnaisse à l’alcool éthanol le statut de « matière première énergétique » non agricole, pour échapper aux  normes imposées par l’OMC sur les produits agricoles.


    Bush propose en outre que Brésil, Etats-Unis, Inde, Afrique du Sud, et d’autres pays, négocient  un registre technologique commun pour l’agrocombustible dérivé de la canne à sucre, du maïs ou de plantes, dans le but d’atteindre une formule internationalement reconnue, en donnant naissance à une sorte d’Opec de l’énergie agricole, qui en contrôlerait le commerce mondial.

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    Dans les prochains mois, les mouvements paysans continueront à débattre pour une meilleure définition de nos concepts et de nos initiatives politiques face à ce nouveau défi, y compris avec la définition  d’une proposition de production réalisable et durable.


    Surtout, nous discuterons des formes de combat contre ce projet étasunien dont l’éventuel succès  entraînerait une tragédie  pour l’agriculture tropicale, parce qu’il transformerait nos meilleures terres cultivables par de grandes extensions en monocultures, il aggraverait la perte de biodiversité et réduirait la quantité de terre réservée à la production d’aliments, en rejetant des millions de paysans du monde entier vers les bidonvilles. Le tout pour  approvisionner les transports individuels motorisés et préserver la consommation de l’ American way of life.


    Cette discussion et cette lutte ne font que commencer. Nous espérons que le débat va s’étendre à toutes les sociétés et que les médias diffuseront le débat. Ce sont des thèmes fondamentaux pour l’avenir de nos peuples.

     

    *João Stedile est le leader du mouvement des Sans Terre (MST) au Brésil.


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  • Irak : cette occupation défaite, nous devons la contrecarrer

    par Hana Al Bayaty

    Autor: Hana Al Bayaty, Ian Douglas, Abdul Ilah Albayaty, Al d'Iman Saadoon, Dirk Adriaensens, Ayse Berktay, Matthias Chang, Arundhati Roy, Michel Chossudovsky et Eduardo Galeano (7 mars 2007).

     

    Le 10 mars 2007 à Bagdad a lieu une conférence régionale mort-née dans laquelle les Irakiens seront à nouveau absents et leur résistance non représentée. Au lieu de cela, une occupation défaite des USA continuera d'essayer d'écrire le destin des Irakiens, conspirant avec un Conseil antidémocratique de sécurité, comme les États voisins et de la région, censément invités par un gouvernement fantoche.

    Quel genre de gouvernement collabore avec des puissances étrangères contre son propre peuple ?

    Quel genre de gouvernement invite les forces étrangères pour tuer sa propre population ?

    Quel genre de gouvernement substitue des milices aux forces armées nationales régulières ?

    Quel genre de gouvernement brade les richesses pétrolières de la nation à des puissances étrangères ?

    Et quel genre de gouvernement va mendier à ses voisins de laisser ses propres citoyens s’y réfugier par millions dans leurs pays ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui récompense des violeurs ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui récompense des escadrons de la mort ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui manque à ce point de légitimité qu'il doit « investir » pour la quatrième fois sa propre capitale ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui enlève, emprisonne et torture les gens ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui pousse la loi martiale à ses extrêmes ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui ne peut rendre compte de ses finances ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui dégrade de manière éhontée les infrastructures civiles ?

    Qu’est ce qu’un gouvernement qui ne peut pas même fournir des services de base, comme l'eau potable et l'électricité ?

    Et qu’est ce qu’un gouvernement qui n'est jamais dans le pays ?

    Un tel gouvernement est la preuve que l’occupation est la forme suprême de dictature.

    Tous les peuples dans le monde aspirent à la démocratie dans la mesure où elle est censée être l'expression de leur volonté. La volonté du peuple irakien n'a pu être subjuguée pour la quatrième année consécutive. La résistance irakienne est démocratique par définition, parce que c'est une insurrection de la volonté populaire, et est progressive par définition, parce qu'elle défend les intérêts du peuple.

    La seule solution en Irak est la souveraineté du peuple irakien.

    Seule la résistance irakienne populaire nationale est capable et légitimée, comme réalité objective et en vertu du droit international, à déterminer un chemin vers la paix et la stabilité en Irak et à en finir avec cette occupation illégale.

    Nous devons empêcher toute nouvelle tentative des USA d'imposer un gouvernement de laquais à la population irakienne et reconnaître sa résistance comme représentant unique de la volonté du peuple riakien.

    Retirez toute reconnaissance de ce gouvernement rétrograde imposé par l’étranger et reconnaissez la résistance irakienne !

    Hana Al Bayaty
    Ian Douglas
    Abdul Ilah Albayaty
    Iman Saadoon
    Dirk Adriaensens
    Ayse Berktay
    Matthias Chang
    Arundhati Roy
    Michel Chossudovsky
    Eduardo Galeano


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